L’audition du patron de LVMH par la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias s’est déroulée de manière aussi calamiteuse que celle de Vincent Bolloré. La plupart des dangers qui pèsent sur l’indépendance et l’honnêteté de la presse ont été passés sous silence.
Loin de bousculer Vincent Bolloré, la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias s’est montrée approximative et bavarde, mercredi, au lieu d’être rigoureuse et pugnace. L’homme d’affaires a pourtant tombé un peu le masque, laissant transparaître ses attaches nationalistes.
La journaliste Aude Lancelin, qui poursuivait son ancien employeur Le Média, a été déboutée de l’ensemble de ses demandes. Pour le conseil des prud’hommes, son licenciement était bel et bien justifié par une faute lourde. Son avocate va faire appel.
Un rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur la mise en œuvre des droits voisins demande que les accords conclus avec certains médias « soient rendus publics ». La prédation des plateformes sur la presse approcherait un milliard d’euros.
Déjà croqués par une poignée de milliardaires, les principaux journaux nationaux et régionaux, et même l’AFP, ont passé des accords secrets avec Google et Facebook, faisant des deux plateformes des acteurs majeurs de la presse, ce qui est lourd de dangers pour la qualité de l’information.
Sur TF1, le président de la République s’est arrogé le droit de tout récapituler, pour son bon peuple et en vue d’une saison 2. La ficelle était si grosse que l’émission, « Où va la France ? », permit au corps électoral de comprendre où les menait ce beau parleur.
Émaillé de violences, le premier meeting de campagne d’Éric Zemmour lui a permis de se poser en cible de la « meute » médiatique. Le candidat de l’ultradroite utilise la victimisation et des méthodes d’agit-prop qui ont déjà égaré les médias états-uniens lorsque Donald Trump a émergé. Il est urgent que les médias français prennent la mesure du piège immense auquel ils sont confrontés.
Travailler et enquêter sur l’extrême droite en France, c’est s’exposer à des menaces, du cyberharcèlement, des insultes et du dénigrement. Et dans un milieu très masculiniste, être une journaliste femme est un facteur aggravant. Dénoncer ce déferlement de haine par la voie de l’interpellation ou le canal judiciaire n’a rien d’évident.
Selon nos informations, le rachat des parts de la famille Tapie dans le quotidien « La Provence » fait l’objet d’une âpre confrontation entre Xavier Niel et Rodolphe Saadé, patron du groupe CMA CGM. Le groupe Fiducial, actionnaire de Sud Radio, et le groupe La Dépêche vont aussi déposer une offre.
Alors que Bolloré étend son empire médiatique et que la concentration des médias inquiète, comment la presse indépendante peut-elle faire face ? Nos invités : Charlotte Clavreul, du Fonds pour une presse libre, Raphaël Garrigos, des Jours, Mathieu Molard, de StreetPress, et Agnès Rousseaux, de « Politis ».
Après avoir conquis Canal+, CNews, Europe 1, « Paris Match » ou encore « Le Journal du dimanche », Vincent Bolloré a engagé, d’après nos informations, des négociations pour prendre le contrôle du « Figaro ». Au risque de relancer les polémiques sur la concentration des médias au profit des puissances d’argent.
La ministre de la culture Roselyne Bachelot réagit aux attaques de l’extrême droite contre la liberté d’informer dénoncées par 39 sociétés de journalistes. Elle incite les médias concernés à « porter plainte ».
Tôt le matin, Julien Migaud-Muller présente sur BFMTV l’émission la plus regardée de France. La journée, il prodigue des conseils en communication à des chefs d’entreprise et des politiques. Un partenariat « gagnant-gagnant » selon l’intéressé, mais en contradiction avec le discours officiel de la chaîne.
L’immense empire de presse que Vincent Bolloré constitue et qu’il met au service d’une candidature d’extrême droite souligne l’intense danger auquel conduit une concentration toujours plus accentuée des médias. Le débat autour des critères anticoncentration s’en trouve relancé.
Plus de 50 médias indépendants ont lancé un appel aux citoyens pour leur demander de soutenir la presse libre. Face aux médias dominants, dont ceux du milliardaire Bolloré, l’initiative constitue un formidable sursaut démocratique qui ne doit pas rester sans lendemain.
En plaçant des personnes de confiance à la tête du « JDD » et de « Paris Match », le milliardaire renforce son empire et l’arrime davantage à l’extrême droite, pour faire campagne en faveur d’Éric Zemmour. Le procédé fait penser à l'asservissement de la presse des années 1930.