En cinq ans, l’accueil et les conditions de vie des exilés en France n’ont cessé de se dégrader, plaçant les promesses d’« humanisme » et de « dignité » de l’ancien candidat Emmanuel Macron très loin de la réalité.
Pour justifier leur soudain élan d’humanité, certains éditorialistes et responsables politiques n’ont rien trouvé de mieux que de distinguer les bons et les mauvais réfugiés. Ils convoquent leur « ressemblance » avec les Ukrainiens, mais n’expriment rien d’autre que leur racisme.
Depuis le début de l’année 2022, plus de 1 300 exilés sont entrés dans la partie européenne de l’île. Frontex, l’agence européenne du contrôle des frontières de l’Union européenne, a renforcé sa présence, alors que les autorités assurent ne plus pouvoir faire face.
En octobre 2021, une Française d’origine turque, menacée en Turquie, a tenté de fuir le pays par la Grèce. Arrêtée, elle a été refoulée vers la Turquie malgré ses documents d’identité français, aux côtés d’un groupe de migrants, et a été emprisonnée depuis.
Un demandeur d’asile parti de Turquie accuse les gardes-côtes grecs d’avoir jeté à l’eau deux de ses compagnons, qui sont morts noyés. Au terme de plusieurs mois d’enquête, en collaboration avec Lighthouse Reports, « Der Spiegel » et « The Guardian », Mediapart a reconstitué le fil des événements. Les gardes-côtes grecs nient toute pratique illégale.
Ce vendredi 11 février au matin, un immeuble occupé depuis une semaine par un collectif d’aide aux exilés à Calais a été évacué par les autorités, qui n’ont pas lésiné sur les moyens pour les déloger, faisant appel à un hélicoptère et aux équipes du RAID. Des moyens totalement disproportionnés qui en disent long sur le niveau de défaillance de l’État face à l’accueil des migrants.
Dans les Caraïbes, les gardes-côtes de Trinité-et-Tobago ont ouvert le feu sur un bateau de migrants vénézuéliens, samedi, tuant un bébé dans les bras de sa mère. Six millions de ressortissants ont déjà fui la crise dans leur pays. Entretien avec Jeanne Berger, de retour de mission en Amérique latine pour l’ONG CARE France.
Depuis plusieurs mois, des travailleurs sans papiers occupent trois piquets de grève sur des sites de Chronopost, de DPD et de l’agence d’intérim RSI, en région parisienne, pour dénoncer leur « exploitation » et réclamer leur régularisation. La Poste rejette la faute sur l’agence d’intérim qui les a recrutés.
Deux millions de personnes étrangères sont exclues du champ d’action de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme. C’est ce que pointe la Cour des comptes dans un référé rendu public le 4 février. Les associations d’aide aux étrangers pointent le déficit de l’État en matière d’apprentissage de la langue.
Coincées par le pacte migratoire signé avec Bruxelles, plus de cinq millions de personnes, venues en majorité d’Afghanistan et de Syrie, doivent faire face à la crise économique, au rejet croissant de l’opinion publique et aux mauvais traitements des autorités.
Il y a un an, le boulanger Stéphane Ravacley avait commencé une grève de la faim médiatisée pour éviter l’expulsion de son apprenti. Laye a été régularisé. Mais d’autres jeunes migrants sont toujours menacés d’expulsion.
À la suite des révélations de Mediapart concernant des « pressions » exercées sur des juges à la Cour nationale du droit d’asile pour modifier le sens de leur décision, l’association d’avocats Elena France a déposé plainte auprès du procureur de la République de Bobigny, fin décembre dernier, dans l’objectif qu’une enquête soit ouverte.
Dans « À l’air libre », les représentants des candidats de gauche à l’élection présidentielle débattent des thèmes de l’immigration et de l’accueil des exilés. Qu’est-ce qu’une politique d’accueil et d’immigration de gauche ? Comment imposer une nouvelle dynamique à ce débat face aux discours de la droite et de l’extrême droite ?
En 2021, de nombreuses personnes ont tenté de quitter l’Algérie et de rejoindre l’Europe par la mer, débarquant à Almeria, Carthagène ou aux Baléares. Dans le sud de l’Espagne, Mediapart s’est s’entretenu longuement avec un de ces « guides » qui déposent les « harraga » (exilés) en un aller-retour.
Dans un courriel confidentiel, le ministère de l’intérieur reconnaît l’impossibilité, à la suite des tensions diplomatiques entre Paris et Alger, d’éloigner les Algériennes et les Algériens sans papiers. Et pourtant : leur enfermement en centres de rétention se poursuit. Une situation « absurde », dénoncent associations et avocats.
En 2021, les Algériens ont été nombreux à tenter la traversée pour rejoindre la péninsule Ibérique, parfois au péril de leur vie. Le CIPIMD, une ONG espagnole, aide à localiser les embarcations en mer en lien avec les sauveteurs et participe à l’identification des victimes de naufrages, pour « soulager les familles ».