Au moins vingt-sept personnes ont trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation dans la Manche mercredi 24 novembre, alors qu’elles tentaient de rejoindre la Grande-Bretagne. Les autorités françaises ont aussitôt répondu par des promesses de mesures répressives, alors que celles-ci sont précisément, pour partie tout du moins, à l’origine de la décision des exilés de quitter la France au péril de leur vie.
À la frontière avec la Biélorussie, ils sont nombreux à s’engager pour sauver des vies. Simples résidents, activistes, médecins, juristes… ils ou elles agissent en réseau pour venir au secours des exilés refoulés par Minsk comme par la Pologne.
Depuis des semaines, quelques milliers de migrants sont coincés à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Pour l’heure, ni la Pologne ni le reste de l’UE ne sont prêts à les accueillir, leur laissant pour seule alternative un retour au pays d’origine ou des conditions de vie extrêmes pouvant conduire à la mort. Emmanuel Macron, un temps favorable à un minimum de répartition dans l’UE, brille par son silence.
Dans un rapport rendu public mardi 16 novembre, la commission d’enquête de l’Assemblée sur les migrations dénonce la politique menée par le gouvernement et les défaillances de l’État et de l’Europe quant aux conditions d’accueil et aux difficultés d’accès aux droits pour les migrants.
Depuis plus de deux mois, la Biélorussie instrumentalise les migrants qui cherchent à rejoindre la Pologne. Cette crise signe l’échec d’une véritable politique d’accueil en Europe.
En grève de la faim du 23 mai au 21 juillet, des centaines de sans-papiers avaient obtenu la promesse d’une régularisation pour une part d’entre eux. Avec leurs avocats, ils estiment aujourd’hui avoir été « bernés ».
Jeudi 4 novembre, le prêtre Philippe a annoncé mettre fin à sa grève de la faim. Il l’avait entamée 25 jours plus tôt avec Anaïs et Ludovic, deux citoyens, qui eux la poursuivent, pour dénoncer les traitements subis par les exilés dans le Calaisis. Une tentative de médiation, organisée par le ministère de l’intérieur, a échoué.
Deux étrangers en procédure Dublin accusent des policiers de les avoir laissé tomber sur la route cet été à l’issue d’une mesure d’éloignement avortée. L’enquête est en cours.
Au Pays basque, après que trois Algériens sont morts fauchés par un train à Saint-Jean-de-Luz/Ciboure le 12 octobre, associations et militants dénoncent le « harcèlement » subi par les migrants tentant de traverser la frontière franco-espagnole. Face à l’inaction de l’État, des réseaux citoyens se mobilisent pour « sécuriser » leur parcours et éviter de nouveaux drames.
D’après nos informations, la préfecture aurait entrepris des démarches consulaires pour renvoyer un ressortissant afghan vers son pays. Alors que Paris a officiellement suspendu les reconduites vers cette destination et que la France n’a pas reconnu le nouveau régime.
Des milliers de ressortissants du Moyen-Orient, d’Asie centrale ou d’Afrique de l’Ouest errent dans les forêts entre la Biélorussie et la Pologne où les refoulements côté polonais sont légion. Bénévoles et médecins demandent le déploiement d’une aide humanitaire.
Plusieurs milliers d’Afghans ont été évacués dans les Balkans. En Albanie, au Kosovo et en Macédoine du Nord, ils attendent leur transfert aux États-Unis ou dans un pays occidental, mais leur sort demeure très incertain.
Le Parlement polonais a voté, le 14 octobre, la construction d’un mur à sa frontière avec la Biélorussie. Mais aussi la possibilité de refouler les migrants, coincés entre les deux pays, dans une forêt où l’état d’urgence a été décrété.
Six personnes ont été tuées et au moins 24 blessées par les gardiens du centre de détention d’Al-Mabani, à Tripoli, le 8 octobre. Ces derniers ont ouvert le feu après que des migrants retenus arbitrairement se sont révoltés et ont tenté de s’évader. Dans un contexte hautement répressif qui laisse l’Europe indifférente.
Athènes vient d’ouvrir son premier « centre fermé » pour les demandeurs d’asile à Samos, une île grecque proche de la Turquie. Érigé en exemple par le ministre de l’intérieur français, ce centre est une « prison » pour beaucoup d’ONG.
Au cours des dernières semaines, les traversées par voie maritime entre l’Algérie et l’Espagne ont augmenté et plusieurs embarcations ont fait naufrage. Sur la route de la Méditerranée occidentale, le nombre de disparitions et de décès a pratiquement doublé entre 2020 et 2021.