Le naufrage, cette fois-ci, a lieu à Paris. Les pouvoirs publics s'avèrent incapables de prendre en charge quelques centaines de Tunisiens arrivés en France via Lampedusa. Livrés à eux-mêmes, ces jeunes migrants survivent dans la capitale comme ils peuvent. Première partie d'une enquête en deux volets.
Y a-t-il trop d'immigrés en France? Coûtent-ils trop cher aux finances publiques? Font-ils baisser les salaires? Après neuf mois d'auditions menées avec des parlementaires de gauche et de droite, «Cette France-là» rend public, ce mercredi, son rapport d'analyse, qui taille en pièces les contre-vérités assenées de manière récurrente sur l'immigration.
Les migrants subsahariens vivant en Libye se cachent depuis le début de la sanglante répression, au risque de se retrouver oubliés dans ce pays qu'ils veulent quitter. Alors que les Égyptiens et les Tunisiens fuient en masse, eux, présents par dizaines de milliers, sont bloqués à l'intérieur.
Le conseil d'État préconise d'«accueillir» les demandeurs d'asile sous des tentes, en l'absence de places disponibles dans les centres d'hébergement. Jamais les pouvoirs publics français n'avaient considéré ce type d'abris comme une solution acceptable.
Les députés ont adopté mercredi un article créant une interdiction de retour sur le territoire, s'appliquant potentiellement à la quasi-totalité des étrangers expulsés. Ils ont aussi adopté un amendement de Thierry Mariani autorisant l'usage du bracelet électronique dans certains cas d'assignation à résidence.
A Bamako, des migrants maliens expulsés de Tripoli témoignent des conditions de détention dégradantes et arbitraires en Libye. Frappés et assoiffés par leurs geôliers, enfermés plusieurs mois, ils n'ont vu ni avocat, ni association. Aucun d'entre eux n'avait l'intention de traverser la Méditerranée pour aller en Europe. Mais Kadhafi joue le rôle de garde-frontière assigné par l'UE.
Après avoir parfois dû se prostituer en France, des mineurs roumains sont renvoyés dans leur pays sans préparation ni accompagnement. Avec des conséquences graves comme le montre une étude de l'association Hors la rue.
Voile intégral et droit des étrangers: voilà l'urgence pour le gouvernement, dix jours après les régionales. Eric Besson présente ce mercredi en conseil des ministres son projet de loi sur l'immigration, l'intégration et la nationalité. Le cinquième en six ans! Mediapart en révèle le contenu et a interrogé Stéphane Maugendre, le président du Gisti, qui s'indigne des multiples régressions portées par ce texte.
Musulmans de France est un film aux vertus pédagogiques, après les propos racistes et xénophobes charriés par le «débat» sur l'«identité nationale». Diffusé mardi 23 février sur France 5, ce documentaire en trois volets de Karim Miské, Emmanuel Blanchard et Mohamed Joseph retrace l'histoire en France de ces hommes et de ces femmes venus du Maghreb et d'Afrique sub-saharienne. D'abord qualifiés d'«indigènes», ils sont devenus immigrés puis français. Mediapart a sélectionné et commenté une dizaine d'images d'archives, comme autant d'étapes d'un parcours contemporain encore méconnu.
Deux étrangers retenus au centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) sont atteints de la grippe A/H1N1, selon des informations concordantes. Deux cas «suspects» y ont, en outre, été signalés. Selon la Cimade, l'une de ces personnes a fait l'objet d'une tentative de reconduite à la frontière forcée, mais le commandant de bord aurait refusé l'embarquement. Des gendarmes aux personnes en instance d'expulsion, tout le monde est masqué. Au ministère de l'immigration, on évoque un malade dans un autre centre.
Après la destruction de la «jungle» de Calais, le campement installé depuis trois mois sur le trottoir du boulevard du Temple devant la Bourse du travail à Paris a été évacué, mercredi 23 septembre, par les forces de l'ordre.
Dans la soirée du mardi 18 août, la Ville de Paris a fait évacuer, par la force, le jardin Villemin à Paris. Depuis la fermeture de Sangatte, des centaines d'Afghans transitent dans ce square du Xe arrondissement, où ils trouvent refuge. La mairie a décidé de «sécuriser» cet endroit, la nuit, en recrutant deux maîtres-chiens. Elle justifie cette décision par des «altercations» entre eux et avec les agents municipaux. «On fait le sale boulot», reconnaissent un conseiller du maire, présent sur place, et le commissaire de la préfecture de police. L'un et l'autre évoquent le manque de lits dans les centres d'hébergement des demandeurs d'asile. Récit et vidéos d'une soirée au cours de laquelle les exilés, entre 150 et 200, après avoir été expulsés, ont été contraints de cheminer le long du canal Saint-Martin encadrés par les policiers, dont des CRS.
Après l'expulsion brutale de la Bourse du travail par le service d'ordre de la CGT, un rassemblement est prévu, ce vendredi, place du Châtelet à Paris, à l'initative de la coordination 75 des sans-papiers. Ce collectif a voté pour la fin du campement installé sur le boulevard du Temple, en échange de l'examen prioritaire de 300 demandes de régularisation. Après quatorze mois d'occupation, l'évacuation, avec matraques et grenades lacrymogènes, va laisser des traces dans le mouvement des étrangers en situation irrégulière. Associations, collectifs, partis de gauche, syndicats et soutiens de toutes sortes ont laissé éclater au grand jour leur discorde. Prises de position catégoriques, mails vengeurs et réunions plus qu'houleuses: les tensions ont été si vives qu'elles ont empêché une riposte commune. Enquête.
Eric Besson, ministre de l'immigration, a assuré mercredi 16 septembre que la zone proche du port de Calais, où se trouvent des centaines desans-papiers, sera fermée «avant la fin de la semaine prochaine». En juin dernier, Mediapart est allé à la rencontre des exilés afghans du camp de Saint-Omer, à 50 kilomètres de Calais où, chaque nuit, des Pachtounes tentent de monter dans des camions en partance vers l'Angleterre. Car déjà, en mai, les tentes avaient été détruites lors d'une opération de police, et le campement aussitôt reconstruit. Photos de Lucile Habert.
Entretien avec Jean-Christophe Dumont, économiste spécialiste des migrations internationales à l'OCDE. Selon lui, la crise permet d'observer «à court terme, une baisse de l'immigration de travail vers les pays de l'OCDE». «Il est encore trop tôt pour la chiffrer précisément», mais déjà, «les entrées de ressortissants des nouveaux pays membres de l'Union européenne en Grande-Bretagne et en Irlande ont chuté d'environ 50% entre janvier 2008 et janvier 2009.» Ce reflux pénalise fortement les pays de départ: «À moyen terme, les transferts de fonds risquent de baisser. La Banque mondiale prévoit un recul compris entre 1 et 6% en 2009».