Le projet de réforme de la police, voulu par Gérald Darmanin, suscite une fronde inédite. Des policiers qui l’ont déjà expérimenté dans des départements pilotes décrivent à Mediapart des effets catastrophiques. Rejoints par une multitude de détracteurs qui craignent la fin de la police judiciaire (PJ) et le risque de placer la justice à la merci du pouvoir exécutif.
Une nouvelle affaire de « refus d’obtempérer » a fait deux morts au début du week-end, à Vénissieux, dans le Rhône. Deux jeunes de 20 et 26 ans ont été tués par des tirs policiers. Selon le parquet, les premiers éléments « semblent corroborer l’hypothèse de la légitime défense ». Le chercheur Sebastian Roché, spécialiste des questions de police, analyse la complexité du traitement politique et judiciaire de tels événements.
Gérald Darmanin a affirmé dimanche qu’un Algérien de 26 ans, brièvement soupçonné puis mis hors de cause, serait malgré tout expulsé, faute de papiers. Tirant argument de ses précédentes arrestations, le ministre alimente les obsessions communes du Rassemblement national et d’une partie de la droite.
Sofiane*, 24 ans, a porté plainte contre un policier du XIXe arrondissement à Paris, après avoir été violemment matraqué le 13 juillet. Il souffrait alors de plusieurs fractures à la suite d’un accident. L’IGPN a été saisie par le parquet et la préfecture annonce avoir déclenché une enquête administrative.
Usage des armes, manquements déontologiques, recensement des morts et blessés : l'IGPN, qui s’apprête à changer de directrice, se livre à son exercice de « transparence » annuel. En 2021, 1 093 enquêtes lui ont été confiées, la moitié pour violences.
« Gros bosseur » loué pour ses qualités managériales, Laurent Nuñez dégage une image à l’opposé de Didier Lallement, auquel il s’apprête à succéder à la préfecture de police de Paris. Mais comme lui, il incarne une ligne dure en matière de maintien de l’ordre.
Mercredi 20 juillet, Didier Lallement quitte ses fonctions à la préfecture de police de Paris. Malgré un maintien de l’ordre brutal, émaillé de déclarations parfois mensongères, le préfet a pu, durant trois ans, compter sur le soutien du président de la République.
Le 26 mars, lors d’une interpellation à Aulnay-sous-Bois, le policier Emmanuel N. a tué un automobiliste, Jean-Paul Benjamin. En recherchant une balle manquant à son chargeur, les enquêteurs ont découvert que le vestiaire du policier avait été vidé, en secret, par ses collègues. Sa conjointe, elle-même technicienne à la police scientifique, s’est également chargée de récupérer ses affaires.
Alexis Marsan, haut gradé de la préfecture de police déjà mis en cause pour sa gestion violente du maintien de l’ordre notamment lors de la finale de la Ligue des champions au Stade de France, est accusé d’avoir agressé un cycliste alors qu’il circulait sur une moto banalisée mi-mars à Paris. La vidéosurveillance n’a jamais été exploitée, et la plainte orientée vers le mauvais service. Une enquête a été confiée à l’IGPN lundi 4 juillet.
Deux gardiens de la paix sont visés par une enquête de l’IGPN pour avoir utilisé des gaz lacrymogènes lors de la finale de la Ligue des champions. Mais qui a donné les ordres ? Alors que le Sénat a chargé jeudi le préfet Lallement et dénoncé « l’impréparation des autorités », Mediapart a enquêté sur les hommes qui commandaient le dispositif. Vidéo, sons et témoignages attestent d’un goût immodéré pour la méthode violente.
Le schéma du maintien de l’ordre mis au point par la préfecture de police et ses mauvaises décisions au cours de la soirée expliquent en grande partie le chaos lors de la finale de la Ligue des champions. C’est ce que montrent des documents confidentiels que Mediapart s’est procurés, auxquels n’ont pas eu accès les sénateurs chargés de l’enquête sur le sujet.
Fin avril, un policier a tiré à dix reprises au fusil d’assaut sur une voiture, faisant deux morts et un blessé grave sur le Pont-Neuf, à Paris. Les premiers éléments de l’enquête, auxquels Mediapart et Libération ont eu accès, mettent à mal la thèse de la légitime défense : les balles mortelles ont atteint les victimes par le côté et l’arrière.
L’usage des armes par les forces de l’ordre est encadré par deux principes : « l’absolue nécessité » et le caractère « proportionné » de la riposte. Une réforme adoptée en 2017 a introduit une certaine confusion, tandis que les agents et les autorités politiques invoquent l’augmentation des refus d’obtempérer.
Soupçonné d’un refus d’obtempérer lors d’un contrôle routier à Paris qui a dégénéré, provoquant la mort d'une passagère à la suite de tirs policiers, le conducteur a été mis en examen, jeudi 9 juin, pour « tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Plus tôt dans la journée, sa sœur et son avocat ont tenu une conférence de presse.
Devant les sénateurs, le préfet de police ne concède que quelques regrets au sujet des incidents du 28 mai. Le maire de Liverpool, lui, n’a pas mâché ses mots pour dénoncer les « mensonges » français. Les images de vidéosurveillance du stade ont été effacées automatiquement, faute de réquisition judiciaire.
Le 26 mars, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), un policier a tué le conducteur d’une camionnette, Jean-Paul Benjamin, 33 ans et habitant de Sevran. Les éléments de l’enquête que Mediapart a pu consulter contredisent la thèse de la légitime défense de cet agent qui a fait feu alors que ni sa vie ni aucune autre n’étaient en danger au moment du tir.