En mai dernier à Paris, une étudiante de 23 ans a passé plus de 30 heures en cellule de dégrisement et en garde à vue. Elle raconte avoir subi de graves humiliations, des blessures physiques et un vol. Pendant qu’elle était en cellule, son téléphone et sa carte bleue auraient été utilisés par des policiers au profit d’un site de paris en ligne. Plus de 500 euros ont été débités de son compte en banque. Le parquet a ouvert une enquête pour violences, vol et escroquerie.
Le 8 décembre dernier à Marseille. une jeune femme de 19 ans été rouée de coups par des policiers. Au fil de son enquête, Pascale Pascariello a découvert un maintien de l’ordre fondé sur une rhétorique et un dispositif guerriers, mais aussi les manquements criants de l’enquête de l’IGPN.
Après la tuerie de la préfecture de police qui a vu un agent administratif tuer jeudi des policiers, l’incertitude règne. Vendredi, le parquet national antiterroriste (PNAT) s’est saisi de l’enquête. Sous le sceau de l'anonymat, policiers et magistrats avouent être bien en peine de déterminer s’il s’agit d’un crime de droit commun ou d’un attentat.
Un agent administratif a agressé jeudi à l’arme blanche des policiers à la préfecture de police de Paris, tuant quatre d’entre eux avant d’être abattu. La piste terroriste n’est pour l’heure pas retenue « mais la situation est en cours d’évaluation avec le parquet national antiterroriste », précise une source judiciaire.
Plusieurs milliers de policiers ont manifesté mercredi à Paris pour réclamer le maintien de leur régime de retraite anticipé, l’amélioration de leurs conditions de travail, et clamer leur mal-être face à une « haine du flic ».
Tout en assurant de son soutien les forces de l’ordre « mises en cause trop systématiquement », le ministre de l’intérieur mute le commissaire « en charge des opérations » la nuit de la mort de Steve Maïa Caniço. Le policier « a manqué de discernement », selon le résumé fait par Christophe Castaner d’un rapport de l’Inspection générale de l’administration.
Le Canard enchaîné révèle que l’enquête de la police judiciaire contredit celle… de l’IGPN. La police des polices avait laissé entendre que Steve Maia Caniço s’était noyé avant l’intervention des forces de l’ordre. L’étude de la téléphonie de la victime prouve le contraire.
Quatre mois sont passés depuis le suicide de la capitaine Élisabeth Gabet sur son lieu de travail, à Montpellier. Le syndicat Unité SGP Police-Force ouvrière pointe des dysfonctionnements dans le management du personnel.
Violemment interpellé par des policiers de la Brigade anticriminalité le 3 août, Bruno Kaïk, 51 ans, a dû être hospitalisé. Sur la vidéo que Mediapart publie, un policier lui serre la gorge et l’étrangle avec son bras, contredisant la version de la police nationale. Une plainte pour tentative d'homicide vient d’être déposée auprès du parquet de Nantes, qui a ouvert une enquête préliminaire.
Deux rassemblements se sont tenus samedi 3 août à Nantes, en hommage à Steve Maia Caniço et contre les violences policières. La seconde marche, très encadrée, a donné lieu à des heurts et une quarantaine d’interpellations.
Les zones d’ombre de l’enquête de l’IGPN sur la mort de Steve Maia Caniço sont patentes. Selon nos informations, le responsable de l’unité de CRS, présent sur les lieux, n'a pas été auditionné, et l’IGPN n’a pas rendu publiques les conclusions d’un compte-rendu d’opération sur l’appréciation de l’usage de la force. Mediapart en publie un extrait.
Après le repêchage du corps de Steve Maia Caniço et le rapport de l'IGPN dédouanant la charge policière du 22 juin, les proches du jeune homme et les passants solidaires sont sidérés. « Cette fois, les autorités ont transformé la colère en haine », dit un de ses amis.
« À la lumière des faits connus aujourd’hui, je cite, “il ne peut être établi de lien entre l’intervention des forces de police et la disparition de Steve Maia Caniço” », a déclaré Édouard Philippe, en s’appuyant sur le rapport de l’IGPN. Le premier ministre a annoncé une enquête de l’Inspection générale de l’administration. L’opposition s’insurge.
Le corps retrouvé dans la Loire lundi 29 juillet aux abords de l’île de Nantes est celui de Steve Maia Caniço selon le médecin légiste. L’animateur périscolaire avait disparu la nuit de la fête de la musique sur le quai Wilson au cours de laquelle a eu lieu une charge policière.
Depuis plusieurs mois, le pouvoir exécutif n’a eu de cesse de nier l’existence de violences policières, en dépit des centaines de blessés. Il a fini par rendre possible l’effroyable : les morts de Zineb Redouane et de Steve Maia Caniço.
Absence de saisie des cinq fusils lance-grenades utilisés par les CRS, ainsi que de leurs échanges radio ; défaut de fonctionnement de la seule caméra positionnée à proximité de la scène ; désignation d’experts indépendants qui sont en fait en contrat avec le ministère de l’intérieur… Plus de huit mois après la mort de Zineb Redouane, les investigations de l’IGPN se révèlent étonnamment peu poussées.