J'ai été successivement reporter au Parisien (1989-1998), à France Soir (1998-1999), à L'Express (1999-2000), au Monde (2000-2006) puis rédacteur en chef adjoint à L'Équipe magazine, chargé de l'investigation, et enfin, depuis le 1er janvier 2008, journaliste au sein du pool « enquêtes », de Mediapart. J'ai déjà publié deux livres : "Le procès du Tour" (éditions Denoël, 2000) et "le Juge" (éditions Privé, 2007).
Selon des informations recueillies par Mediapart, le parquet deParis a décidé de ne pas faire appel de l'ordonnance de renvoi de Jacques Chirac devant le tribunal correctionnel, dans l'affaire des chargés de mission de la Ville de Paris. Le procureur de la République de Paris avait requis, fin septembre, un non-lieu général dans ce dossier. Plus rien ne s'oppose donc aujourd'hui à la tenue d'un procès avec un ancien président de la République sur le banc des prévenus. Les audiences devraient avoir lieu dans le courant de l'année 2010.
Alors que le parquet de Paris avait requis, le 28 septembre, un non-lieu général dans l’affaire des chargés de mission de la Ville de Paris, la juge d’instruction Xavière Simeoni a ordonné, vendredi 30 octobre, le renvoi devant le tribunal correctionnel de dix mis en examen, au premier rang desquels se trouve Jacques Chirac, que la magistrate souhaite voir comparaître pour «détournement de fonds publics» et «abus de confiance». Deux anciens de ses directeurs de cabinet (Rémy Chardon et Michel Roussin) sont également renvoyés, deux autres bénéficiant d'un non-lieu, les faits étant prescrits. L’ancien président de la République est soupçonné d’avoir mis en place, lorsqu’il était maire de Paris (1977-1995), un «système» grâce auquel des chargés de mission de la Ville auraient en réalité travaillé pour le RPR – quand il ne s’agissait pas d’emplois purement fictifs. Dans son ordonnance longue de 215 pages, la magistrate évalue à « 5 millions d’euros » le préjudice pour les contribuables parisiens.
L’épilogue de l’un des dérapages médiatiques les plus marquants de l’affaire Alègre, du nom du tueur en série au cœur d’un sordide scandale, se jouera en correctionnelle. Le 24 septembre, la cour d’appel de Paris a ordonné le renvoi devant le tribunal de l’animateur Karl Zéro et du journaliste Gadh Charbit. Les deux hommes seront jugés pour « sortie irrégulière de correspondance ». Le 1er juin 2003, Karl Zéro – qui dénonce un «acharnement» à son encontre – avait lu à l'antenne, dans Le Vrai Journal de Canal +, les passages d'une lettre que lui avait fait parvenir Alègre depuis sa cellule. Dans cette missive, ce dernier désignait le magistrat Marc Bourragué et Dominique Baudis comme les commanditaires de l’assassinat d’un travesti, avant de revenir sur ces "aveux" dès le 19 juin 2003 dans un autre courrier, cette fois destiné au procureur de Toulouse.
Cinq semaines de débats n’auront rien changé: le procès Clearstream a accouché d’une souris. Les nombreuses questions restées sans réponse durant les quatre années d’instruction sont toujours en suspens. Pire: d’autres sont apparues durant le procès, rendant cette affaire incompréhensible pour le grand public.
A l’issue d’une démonstration souvent convaincante, le procureur Jean-Claude Marin a eu la main lourde, mardi 20 octobr, dans son réquisitoire, les réquisitions du ministère public, mardi 20 octobre. Il a réclamé de la prison ferme contre deux prévenus: Jean-Louis Gergorin, «maître d’œuvre» de la manipulation, et Imad Lahoud, ravalé au rang d’«escroc». Il a requis 18 mois de prison avec sursis contre Dominique de Villepin, qui se serait rendu «complice» de dénonciations calomnieuses «en cautionnant par son silence les agissements de Jean-Louis Gergorin». Si le parquet a logiquement requis la relaxe de Denis Robert, le journaliste-écrivain en a aussi pris pour son grade.
Au terme d’une plaidoirie s’apparentant à un réquisitoire, lundi 19 octobre, l’avocat de Nicolas Sarkozy, la plus célèbre partie civile du procès Clearstream, a conclu que Dominique de Villepin avait été «l’instigateur de la machination» destinée à nuire à son client. Plus de quatre heures durant, Me Thierry Herzog a pilonné point par point, au risque d’apparaître fastidieux, la défense de l’ancien premier ministre. A la différence du parquet – dont on attend les réquisitions mardi 20 octobre –, le conseil du chef de l’Etat estime que Dominique de Villepin a initié la manipulation.
Il n'y a pas que les volets criminel et financier dans l'affaire deKarachi. Il y a aussi la façon dont les survivants del'attentat, qui a causé le 8 mai 2002 la mort de quinze personnes dontonze employés français de la Direction des constructions navales (DCN),ont été traités par leur employeur après l'événement. Dans un entretienà Mediapart, l'un des douze blessés graves, Gilles Sanson, sort du silence. Il dénonce les carences de laDCN dans sa gestion du dossier, les indemnisations en dessous desseuils et les refus d'ouvrir des procédures eninterne. «On s'est fait duper par l'Etat», affirme-t-il.
Les juges d’instruction chargés de l’enquête sur l’attentat de Karachi disposent de deux documents explosifs issus de la Direction des constructions navales (DCN). Ils confirment la piste du versement de rétrocommissions en 1994-1995 à des responsables politiques français en marge d’un important contrat d’armement avec le Pakistan. Une note affirme que le versement de certaines commissions a été bloqué «sur instructions des autorités françaises faisant état de retours illicites de tout ou partie des commissions en France». Sont aussi évoqués des «faits de corruption en France». L’attentat de Karachi a causé la mort, le 8 mai 2002, de 15 personnes dont 11 Français.
Lors de la 10e audience, lundi 12 octobre, on a beaucoup ri... surtout aux dépens d’Imad Lahoud, l’homme soupçonné d’avoir truqué les fameux listings. Sa parole semble désormais totalement discréditée. Le souci, c’est que le mathématicien est l’homme-clef de l’affaire...
Après nos révélations sur l'affaire du fonds Volter, un dossier d'escroquerie impliquant l'ancien trader Imad Lahoud (accusé d'être le falsificateur des listings Clearstream), François Pérol et son épouse, Nathalie Guggenheim, ont annoncé, vendredi 9 octobre, au site du Nouvel Observateur leur intention de déposer plainte contre Mediapart. Dans une enquête, que nous publions à nouveau, Mediapart révélait le rôle joué par ce proche de Nicolas Sarkozy.
Le procès Clearstream va connaître, lundi 5octobre, un tournant décisif. Le témoignage du général PhilippeRondot, «scribe» de cette affaire de dénonciation calomnieuse, estsusceptible de sceller le sort de l'ancien premier ministre Dominique deVillepin. Le militaire avait pris l'habitude deretranscrire ses entretiens avec DDV, mais aussi avec Jean-Louis Gergorin (le «corbeau» de l'affaire) et Imad Lahoud (le faussaire). Soit il confirme lateneur de ses notes et l'interprétation qu'en fait l'accusation, et l'ancienpremier ministre sera en grande difficulté ; soit il prend ses distancesavec ces annotations, et Villepin marquera un point capital. Legénéral Rondot devra aussi s'expliquer sur les rapports qu'il a continué àentretenir, avec la bénédiction du ministère de la défense, avec Imad Lahoud, alors qu'il était avéré que le mathématicien était un affabulateur.
Très attendu, le témoignage, mercredi 30 septembre, de Dominique de Villepin n'a pas changé la face du procès Clearstream, les principaux protagonistes étant restés sur leurs positions. Toutefois, l'ancien premier ministre, qui a semblé très sûr de lui, a repoussé pied à pied les assauts de l'accusation. Il a surtout profité de la tribune qui lui était offerte pour s'en prendre très violemment au chef de l'Etat. «Tout au long de cette instruction, le doigt de Nicolas Sarkozy a été pointé sur moi et sur le président de la République [Jacques Chirac]... Ce dossier a étéconstruit de façon unilatérale pour le bénéfice d’une seule partiecivile qui cherche à se faire justice elle-même», a notamment déclaré l'ex-premier ministre.