Dossier Dossier: Sciences-Po, la fuite en avant et les scandales
Jean-Claude Casanova, président de la Fondation nationale des sciences politiques, est renvoyé devant la Cour de discipline budgétaire et financière, dans l'affaire du salaire de l'ancien directeur Richard Descoings, décédé en 2012. Nos enquêtes sur le sujet.
Les directeurs de Sciences-Po ont gagné en moyenne 142.391 euros cette année. Des primes de plusieurs centaines de milliers d'euros par an aux cadres dirigeants, et une gestion des bonus des salariés des plus opaques: Richard Descoings entame son quatrième mandat à la tête d'une institution plus bling bling que jamais.
Pour la première fois après les révélations de Mediapart sur les faramineux salaires et primes de la direction, Richard Descoings prend la parole pour défendre sa politique salariale, dans une lettre adressée aux salariés de Sciences-Po. Il reconnaît toucher un salaire annuel d’environ 500.000 euros. Selon nos calculs, il empoche une prime annuelle de résultat de 175.000 euros.
Frédéric Mion, actuel secrétaire général de Canal+, a été nommé vendredi directeur de Sciences-Po. Son parcours, ses liens avec la précédente équipe en font un homme du sérail. Ce choix pour une école ravagée par une année de crise est vivement contesté.
Mercredi, la ministre a annoncé la nomination de Jean Gaeremynck comme administrateur provisoire. Les personnels de Sciences-Po, rejoints par les représentants des étudiants, ont à nouveau demandé le départ de leurs dirigeants.
Après la publication d'un rapport accablant, la Cour des comptes a annoncé la saisine de la cour de discipline budgétaire et financière. L'État a décidé de reprendre la main : un administrateur provisoire va être nommé dans les prochains jours, mettant Hervé Crès hors-jeu. Récit d'une folle journée.
Réunis ce mercredi en assemblée générale, plus d'une centaine de salariés de Sciences-Po ont voté une résolution demandant la démission de Jean-Claude Casanova et Michel Pébereau. La procédure de passage en force pour imposer leur candidat Hervé Crès à la tête de l’école est pour eux nulle et non avenue.
L'élection d'Hervé Crès, ancien bras droit de Richard Descoings, à la tête de Sciences-Po apparaît comme un putsch savamment orchestré par le tandem de direction formé par Jean-Claude Casanova et Michel Pébereau. L'Élysée et le ministère de l'enseignement supérieur, furieux de la manœuvre, doivent encore donner leur aval. La ministre Geneviève Fioraso brandit la menace de remettre en cause les subventions accordées à l'école.
La Cour des comptes livre une critique sévère des dérives financières de l'Institut d'études politiques de Paris dans un rapport révélé par Le Monde. Ses conclusions sèment le trouble jusqu'au sommet de l'État, où l'on évoque une « dimension un peu traumatique ». La Cour de discipline budgétaire et financière pourrait être saisie.
Après nos révélations sur les superbonus de ses dirigeants, la prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume est en ébullition. Au CE qui s'est tenu jeudi, le bureau a carrément démissionné. Or, l'épluchage des comptes de Sciences-Po révèle d'autres surprises: factures de téléphone astronomiques, voyages et frais de mission de plusieurs millions d'euros chaque année...
Les candidats à la succession de Richard Descoings, décédé en avril, ont jusqu'au 15 juin pour se faire connaître. En interne, certains critiquent l'opacité et le verrouillage du mode de sélection.
Soixante-dix chercheurs et enseignants-chercheurs de Sciences-Po s’en prennent aux super bonus des dirigeants de l'école et demandent l’organisation d’une assemblée générale, dans une lettre envoyée en fin de semaine dernière à Richard Descoings.
Le magistrat de la Cour des comptes qui a lancé le contrôle de Sciences-Po est aussi salarié par la Fondation nationale des sciences politiques. Un conflit d'intérêts qui illustre les relations particulières entre l'école et la haute fonction publique.
Mediapart s'est procuré le rapport d'audit sur la qualité de vie au travail à l'Institut d'études politiques de Paris, que le cabinet Technologia vient de remettre. Stress, dégradation des conditions de travail, opacité de fonctionnement, courtisaneries, peur: les experts dressent un portrait inquiétant de l'école d'élite française.
Sciences-Po sous toutes les coutures: financement, communication, ambiance, ressources humaines. Son prestige républicain, son flamboyant directeur, ses professeurs médiatiques, ses chercheurs innovants. Son clientélisme, ses discussions d'antichambre, son manque de concertation, sa personnalisation du pouvoir. Mediapart a consacré une longue enquête à la face cachée deSciences-Po. Où l'on découvre que l'envers du décor est parfois loin,très loin de la belle image renvoyée par l'établissement de la rueSaint-Guillaume.