Une expertise réalisée par la police scientifique française tend à prouver qu'un mécanicien disposant de « matériel de garage » peut aisément contourner les standards slovaques de neutralisation d’armes de guerre.
Le contrôle déficient des armes en Slovaquie a eu un impact direct sur les attaques terroristes survenues à Paris en janvier 2015. Malgré une nouvelle législation, de graves lacunes persistent, permettant l’exportation et le trafic d’armes vers d’autres pays d’Europe et au-delà.
Mediapart a enquêté sur les logisticiens suspectés d’avoir œuvré dans l'ombre des attentats de 2015. Parmi eux, Farid Melouk: ancien des GIA, il a côtoyé Chérif Kouachi et une photo retrouvée par Mediapart le montre comme un proche d'Abdelhamid Abaaoud, établissant ainsi un trait d'union entre les deux vagues d'attentats.
Le soir du 13 novembre 2015, les victimes des attentats contre la brasserie « La Bonne Bière » et le restaurant « Casa Nostra » n’ont pas reçu de secours médicaux. Ils ont été insuffisants à « La Belle Équipe ». Le chaos propre à ces scènes de guerre ne suffit pas à expliquer ces dysfonctionnements. Ils tiennent à un ancien problème de communication entre les deux systèmes de secours : les pompiers et le Samu.
Lors de l'audition à l'Assemblée du Samu et des pompiers sur la prise en charge des victimes le soir du 13 novembre, aucune question n’a porté sur l’absence de secours médicaux à la Bonne Bière ni sur leur retard à la Belle Équipe. De lourdes interrogations demeurent.
Depuis le début de l'état d'urgence, 2 500 perquisitions administratives ont eu lieu au nom de la prévention du terrorisme. Mais celles-ci n'ont provoqué l'ouverture à ce jour que de deux enquêtes préliminaires, sans garde à vue, par le pôle antiterroriste du parquet de Paris.
Contrairement aux affirmations du gouvernement, il existe bien un lien avéré entre les menaces terroristes qui ont visé le Bataclan en 2010 et les attentats du 13 novembre. L’homme qui avait été mis en cause dans les premières menaces contre la salle de concert parisienne était en étroite relation avec Fabien Clain, le djihadiste de l’État islamique qui a revendiqué les attentats de Paris, selon une note de la police belge obtenue par Mediapart.
Pourquoi des terroristes surveillés parviennent-ils à passer à l’acte ? Pourquoi les agents semblent-ils condamnés à constater leur impuissance chronique ? Pourquoi la classe politique refuse-t-elle d’engager la grande remise à plat réclamée par de nombreux spécialistes ? Mediapart a interrogé des dizaines de personnes (magistrats, agents secrets, policiers, experts, politiques…), s’est plongé dans plusieurs procédures judiciaires en cours et a épluché divers rapports pour comprendre la crise sans précédent de la lutte antiterroriste en France.
L’attentat au Stade de France et l’assaut antiterroriste ont ébranlé Saint-Denis, ville où s’entremêlent des trajectoires difficiles. La consultation post-traumatique du centre hospitalier a accueilli des centaines de personnes. Mais pour guérir d’un traumatisme, il faut être considéré comme une victime, avec tendresse. Or Saint-Denis a surtout un sentiment d’abandon.
La France a-t-elle été attaquée pour ce qu’elle est ou pour ce qu’elle fait ? L’interrogation traverse les médias sociaux, les conversations privées et les prises de parole publiques. Plutôt que de répondre à cette question en cherchant à se mettre dans la tête des assassins, il faut se saisir des effets politiques décisifs qu'elle dessine.
« La pire séduction du mal, écrivait Kafka, c’est la provocation au combat. » Voilà le piège du terrorisme. En décrétant l’état d’urgence, un tournant sécuritaire et une révision constitutionnelle, François Hollande est tombé dans ce piège avec le soutien unanime de la majorité et de l’opposition. Son choix conjugue une souveraineté affaiblie et un militarisme impuissant.
Le débat sur l’état d’urgence est une question d’efficacité : quelle est la bonne riposte au défi totalitaire de l’État islamique ? La surenchère sécuritaire est une réponse de court terme, inspirée par l’immédiateté politicienne plutôt que par le souci de solutions durables. Concédant à l’adversaire une victoire symbolique, elle désarme notre société autant qu’elle la protège, mettant en péril nos libertés individuelles et nos droits collectifs.
Il existe une indéniable convergence des attitudes, des discours et des décisions entre ce qui a été mis en œuvre aux États-Unis en 2001 et ce qui transpire depuis de longs mois déjà dans la gouvernance de François Hollande, et qui s'accentue depuis les attentats de Paris.
Les services secrets savaient dès 2009 qu'Ismaël Mostefaï, l’un des kamikazes du Bataclan, s’était radicalisé à Chartres, dans un groupe dirigé par un vétéran du djihad, cerveau d'un attentat au Maroc en 1994. Au printemps 2014, la DGSI a perdu la trace de Mostefaï après l'avoir repéré à Chartres, quelques mois après son probable retour de Syrie. Il avait franchi la frontière turque le même jour qu'un autre kamikaze du Bataclan, Samy Amimour.
Ancien haut responsable de l'espionnage français, Alain Chouet pointe les failles des services de renseignement intérieurs et extérieurs au lendemain des attentats du 13 novembre. Il plaide pour un investissement dans le renseignement humain, dans la police, la gendarmerie et l'armée.