Selon l’enquête judiciaire, l’ancien premier ministre a reçu en 2009 une part de l’argent libyen versé à l’intermédiaire Alexandre Djouhri par le LAP, un fonds souverain du régime Kadhafi, empruntant le même circuit que l’argent qui a bénéficié à Claude Guéant.
Mediapart révèle le contenu des auditions de Ziad Takieddine devant les policiers et l’intitulé exact de sa mise en examen pour corruption dans l’affaire des financements libyens. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’ancien président français et son plus proche collaborateur, Claude Guéant.
« Nicolas [Sarkozy] préfère que t’ailles pas voir le juge », a confié le député (LR) et ancien magistrat Alain Marsaud à l’intermédiaire Alexandre Djouhri lors d’une conversation interceptée en novembre 2015 par la police. Convoqué en vain par les juges en septembre dernier dans l’affaire des financements libyens de Sarkozy, Djouhri évite le territoire national depuis plus d’un an.
Mediapart publie quatre documents qui prouvent que Nicolas Sarkozy et ses proches se sont employés, entre 2005 et 2009, à sauver la mise judiciaire au dignitaire libyen Abdallah Senoussi dans l’affaire de l’attentat du DC10 d’UTA. Senoussi est aujourd’hui soupçonné d’avoir fait remettre 5 millions d’euros en cash à Sarkozy et Guéant, par l’intermédiaire de Ziad Takieddine, avant la présidentielle de 2007.
Retour sur le témoignage de l’intermédiaire et homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, révélé ce mardi dans Mediapart, où il raconte avoir remis en 2006 cinq millions d’euros à Claude Guéant et Nicolas Sarkozy, au nom du régime de Kadhafi. Avec Nicolas Vescovacci et Karl Laske.
Dans un entretien filmé, Ziad Takieddine avoue avoir apporté au ministère de l’intérieur plusieurs valises d’argent, fin 2006 et début 2007, préparées par le régime libyen, d'un montant de 5 millions d’euros.
À tu et à toi avec le porte-parole du groupe Lagardère, Ramzi Khiroun, ou le directeur du JDD, Hervé Gattegno, l’intermédiaire Alexandre Djouhri s’est beaucoup dépensé pour orchestrer les démentis ou les contre-offensives médiatiques de l’affaire des financements libyens de Nicolas Sarkozy. L’enquête fait également apparaître un virement au journal Bakchich en 2010.
Les juges ont obtenu la communication du témoignage de l’ancien chef du renseignement militaire libyen, Abdallah Senoussi, qui a avoué devant la CPI avoir supervisé le transfert de 5 millions d’euros « pour la campagne de Nicolas Sarkozy ». Un membre des services du protocole libyen a pour sa part affirmé aux policiers qu’au total ce sont 20 millions d’euros qui ont été versés en liquide, plus 30 millions par virements. Deux proches de Sarkozy, Claude Guéant et Boris Boillon, auraient reçu des fonds.
L’intermédiaire Alexandre Djouhri est devenu l’un des objectifs de l’enquête sur les financements libyens. Les enquêteurs ont découvert ses liens avec Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, ou l’ampleur de son réseau médiatique. Révélations sur une proximité hors normes au cœur de la République.
Le dossier du financement de la Sarkozie par le régime de Kadhafi ne cesse de s’épaissir. Révélé il y a cinq ans par Mediapart, de nouveaux éléments sont mis au jour par la justice. Les rivaux de Nicolas Sarkozy devraient s’en saisir, au nom de cette nouvelle éthique publique qu’ils revendiquent.
En 2013, Rachida Dati a prévenu Brice Hortefeux des révélations qu’elle pourrait faire au sujet de « l’argent liquide » qu’il a « perçu pour organiser des rdv auprès de Sarko lorsqu’il était président », et « des relations tout aussi liquides » qu’il a eues « avec Takieddine », l’un des intermédiaires de l’affaire libyenne.
Officiellement, l'ancien premier ministre libyen Choukri Ghanem a été victime d’une crise cardiaque, puis s’est noyé dans le Danube en avril 2012. À l’époque, des mails échangés par Hillary Clinton, alors chef de la diplomatie américaine, et ses conseillers évoquaient une mort « hautement suspecte ».
Des écoutes ordonnées par la justice lèvent une partie du voile sur l’intermédiaire Alexandre Djouhri. Ce proche de Claude Guéant met quotidiennement à contribution l’ancien patron du renseignement intérieur, Bernard Squarcini. Il est aujourd’hui au cœur de l’affaire des financements libyens.
L’ancien ministre du pétrole libyen Choukri Ghanem, retrouvé noyé dans le Danube en avril 2012, a laissé derrière lui un carnet de notes actuellement exploité par la justice. L’ancien dirigeant y a détaillé, le 29 avril 2007, une série de trois versements destinés à la campagne présidentielle de l’ancien chef de l’État.
L’authenticité du document officiel libyen révélé en 2012 par Mediapart et attestant d’un accord de financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, à hauteur de 50 millions d’euros, n’est pas contestée par la justice française. C’est le sens de l'ordonnance de non-lieu rendue, le 30 mai, au bénéfice de Mediapart par les magistrats chargés d’instruire la plainte de l’ancien président pour faux et usage de faux.
Des notes de la DGSE consultées par Mediapart retracent l’épisode de la défection de Bachir Saleh, le directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, lors de la chute du régime libyen en 2011. L’homme clé des financements occultes demande aux agents français l’aide de l’homme d’affaires Alexandre Djouhri. Ce dernier a récemment été perquisitionné par le juge Tournaire.