
Le régime de Ben Ali, une dictature ? Ah ! S'il fallait voyager uniquement dans les pays démocratiques, on ne bougerait pas de chez soi... Et puis, si cela peut rapporter un peu d'argent à ces pauvres Tunisiens....
Depuis le début des années 2000, c'est malheureusement l'inverse qui se produit : chaque voyage, chaque réservation, contractée à des prix de plus en plus discount, contribue un peu plus à rendre la vie impossible à plusieurs millions de Tunisiens.

Par quel système pervers, ce que l'on pourrait juger comme un transfert de devises bienfaisant pour l'économie locale, se transforme-t-il en une spirale infernale qui plombe l'économie d'un pays tout entier ? «Pour fonctionner, le système touristique tunisien, qui reste très bas de gamme, s'est engagé dans une course à la baisse des prix, explique la chercheuse au Centre d'études et de recherches internationales (CERI), Béatrice Hibou, auteur de l'ouvrage La Force de l'obéissance – économie politique de la répression en Tunisie. Cette baisse continue des prix est conduite sous la pression notamment des tour-opérateurs qui ne cessent de faire jouer la concurrence avec d'autres destinations. Les hôteliers ont trois ressorts: proposer des services de qualité de plus en plus médiocre, jouer sur les salaires et ne pas rembourser les dettes contractées auprès des banques et de l'Etat. C'est le plus souvent ces deux derniers ressorts qu'ils utilisent, ce qui a un effet désastreux sur l'économie tunisienne, et sur les Tunisiens.»