Les résultats semestriels des grands groupes donnent la mesure du choc économique provoqué par la crise sanitaire. Les pertes cumulées de dix groupes dépassent les 23 milliards d’euros. Mais au-delà de l’effondrement réel de l’activité et des profits, transpire aussi une volonté de noircir encore plus le tableau, pour engager une politique de déflation sociale.
Si les pratiques de l’ancien chef des services secrets intérieurs Bernard Squarcini ont été tolérées, voire encouragées, chez LVMH, c’est qu’elles s’inscrivent dans une culture. La construction du premier empire mondial du luxe est ponctuée de coups fourrés, de coups tordus. L’envers du décor moins présentable de la deuxième fortune mondiale.
D’ici un an, 10 % des effectifs du groupe sont appelés à disparaître. Avec l’effondrement des vols et des commandes, tout le secteur aéronautique est propulsé dans le monde d’après, dominé par les enjeux environnementaux. Le gouvernement parie pourtant sur la perpétuation de l’existant.
Le groupe automobile s’apprête à supprimer 15 000 emplois dont 4 600 en France afin d’économiser 2 milliards sur trois ans. Ce programme s’inscrit dans un vaste plan d’ensemble de réduction des coûts, de diminution des capacités, étudié avec Nissan en vue de faire repartir l’Alliance. Mais le partage des rôles entre les deux constructeurs risque d’affaiblir encore Renault, au profit de ses partenaires japonais.
Des primes à l’achat, des subventions et des aides, des fonds publics pour toute la filière… le grand plan d’avenir pour l’automobile du futur, censé incarner le monde d’après, ressemble furieusement au monde d’avant. La grande mutation proclamée risque de se résumer à une nouvelle prime à la casse.
Après six mois d’investigation, les enquêteurs suspectent un vestiaire vétuste d’une usine voisine. Notre partenaire du Poulpe a pu documenter les contrôles de sécurité de l’usine Lubrizol depuis 2013. Contrairement à ses affirmations, le chimiste a multiplié les écarts à la réglementation et les rappels à l’ordre de l’État.
Le scandale General Electric semble sans fin. Deux jours après le déconfinement, la direction du groupe américain a annoncé le déménagement de toutes les activités de maintenance du site de Belfort vers l’Arabie saoudite et les États-Unis.
Des cabinets de droit international réfléchissent aux manières dont des entreprises lésées par les mesures d’urgence décidées par les gouvernements pour lutter contre le coronavirus pourraient exiger des réparations, révèle un rapport publié mardi.
Depuis le début de la pandémie, les assureurs refusent d’indemniser des milliers d’indépendants et commerçants pour leurs pertes d’exploitation. Certains « bancassureurs » ont décidé cependant de briser la règle, à la grande fureur du secteur. Des commerçants étudient des actions collectives pour faire valoir leurs droits.
Les enseignes de la grande distribution avaient annoncé une prime de 1 000 euros pour tous leurs salariés venant travailler au début du confinement. Quelques semaines plus tard, alors que la grande distribution a fait des chiffres d’affaires records, leurs salariés découvrent la réalité de ces primes. Un coup de com’.
Contesté par son premier actionnaire, Arnaud Lagardère se prépare à une assemblée générale houleuse. Pour résister, il a appelé Vincent Bolloré en soutien. Ce qui est déjà pour beaucoup le signal de sa chute. Même en cas de succès, Arnaud Lagardère devra donner des gages et renoncer aux pleins pouvoirs dans son groupe. Voire tout quitter.
Contrairement à ses concurrents, PSA n’a pas redémarré ses usines. Les salariés sont dans le flou, tout comme la direction, qui mise sur la réouverture des concessions pour faire repartir la machine. Un protocole sanitaire a été établi mais il reste à le confronter à la réalité.
Les masques FFP2, les plus protecteurs face à la pandémie, sont ceux qui manquent le plus aux soignants, contaminés par milliers. Dans le même temps, les entreprises en consomment d’importantes quantités, à tel point que des salariés de Renault ou Michelin sont mieux équipés que les hospitaliers.
Les aides sont nombreuses, mais beaucoup de petites entreprises craignent de ne pas se relever du confinement, ou de ne pas pouvoir reprendre faute de protections adéquates. Pour certains, la crise sanitaire agit comme un révélateur de la précarité de leur situation.
Le gouvernement est-il prêt à aider à la consolidation d’un quasi-monopole mondial au nom du droit de propriété ? Ou à nationaliser au nom de la sécurité sanitaire ? La nationalisation ou non de Luxfer devient un test de la politique industrielle du gouvernement.