Dans l’espoir de faire taire les critiques contre son projet de fusion avec Suez, Veolia a sommé 16 économistes, chercheurs et universitaires de révéler les liens éventuels qu’ils auraient avec son rival. Cette manœuvre d’intimidation illustre la fébrilité du groupe, paralysé dans ses projets, mais aussi la grave dérive actuelle contre la liberté d’expression.
Prétextant de la pandémie, de grands groupes annoncent des plans sociaux massifs, qui permettent souvent de cacher des erreurs ou des crises de direction. Ces restructurations viennent mettre à mal le « nouveau contrat social » invoqué par le gouvernement dans le cadre de la loi Pacte : à la fin, c’est toujours le capital qui parle.
L’attaque est sans précédent dans le monde des affaires parisien. Des saisies ont eu lieu jeudi aux sièges de Veolia, Engie et Meridiam. Suez a obtenu auprès du tribunal de commerce de Nanterre de pouvoir saisir « tout document » afin de recueillir les preuves d’une action concertée entre les trois protagonistes.
Les salariés de Suez emportent une première victoire. Veolia va être obligé par une décision de la cour d’appel de les informer et de lever le flou entourant son projet de prise de contrôle. Le temps devient un des facteurs clés dans cette bataille entre les deux groupes.
Selon Disclose, le géant laitier a fait évader, par différents mécanismes, plus de 1,3 milliard d’euros du chiffre d’affaires de sa branche française et plusieurs centaines de millions d’euros de ses filiales européennes vers une société-écran luxembourgeoise détenue par la famille Besnier.
Disclose a recueilli des témoignages et des documents inédits montrant les fraudes et les manquements à la sécurité alimentaire du géant de l’industrie laitière.
Manquements à la sécurité alimentaire, pollution massive des rivières, dissimulation d’informations, faillite des mécanismes de contrôle, évasion fiscale à grande échelle… Pendant un an, Disclose a enquêté sur les secrets du géant mondial des produits laitiers.
Rien ne colle dans la version officielle donnée par le gouvernement sur la cession Suez-Veolia. Les nouveaux éléments collectés par Mediapart montrent, en dépit des démentis, que l’Élysée s’est directement impliqué dans le dossier. Et que les cartes, comme le dénoncent les salariés de Suez, « étaient truquées dès le début ». Révélations.
La reprise de deux sous-traitants automobiles par l’investisseur chinois Jinjiang a tourné au fiasco. Les deux entreprises sont en redressement judiciaire. Cela n’a pas empêché Bercy de donner son feu vert à une troisième reprise en octobre 2019.
Officiellement, le gouvernement était opposé à la cession de Suez à Veolia, votée lundi au conseil d’Engie. Mais en coulisses, le pouvoir a tout fait pour organiser son impuissance, comme si on lui forçait la main, allant jusqu’à demander aux administrateurs de la CFDT de ne pas voter.
Alors qu’un fonds se dit prêt à voler au secours de Suez, l’État se retrouve devant un dilemme : vendre tout de suite à Veolia comme prévu ou laisser Suez monter une offre alternative ? Les salariés de Suez demandent que l’État arrête de jouer contre eux et leur donne du temps.
Grâce à un simple courrier, le ministre des affaires étrangères a permis à Bernard Arnault de stopper sa coûteuse opération de rachat de Tiffany. Toujours secrète, cette lettre se retrouve au cœur de la bataille judiciaire entre les deux groupes, qui se joue déjà aux Etats-Unis. Et elle pourrait devenir un boulet pour le Quai d’Orsay.
Oubliant sa neutralité, le gouvernement semble prêt à apporter son soutien à Veolia dans sa tentative de prendre le contrôle de son concurrent Suez. Mais quel est l’intérêt du gouvernement à soutenir un dossier qui ne peut aboutir qu’à une casse sociale et industrielle et déstabiliser tous les services publics locaux ?
Ne voulant plus réaliser le projet de rachat de Tiffany qu’il jugeait désormais trop cher, Bernard Arnault a obtenu du ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian une lettre qui lui a permis d’annuler son acquisition. Jamais un gouvernement n’est allé aussi loin dans le soutien d’un groupe privé.
Au bord du dépôt de bilan, EuropaCorp, la société de Luc Besson, a bénéficié d’un plan de restructuration très favorable : la CDC a accepté de renoncer à une caution de 45 millions d’euros, apportée par la holding personnelle de Luc Besson, pour la location de la Cité du cinéma à Saint-Denis. Longtemps aidé par Sarkozy, le producteur a aussi eu à la même époque comme banquier conseil un certain… Emmanuel Macron.
Alors qu’un moratoire sur l’implantation des centres commerciaux est défendu par la convention citoyenne pour le climat, un gigantesque retail park ouvrira ses portes en septembre dans la périphérie de Saint-Étienne. Le projet menace les commerçants du centre-ville, longtemps rassurés par une communication trompeuse.