Aux 50 ans de « Libération », les responsables de la Nupes ont douloureusement débattu de « l’acte 2 ». En pleine phase critique de la reconstruction de la gauche, François Hollande a fait une apparition, rappelant sans le vouloir que le plus dur était derrière elle.
NPA, Révolution permanente, Lutte ouvrière : sous l’effet des défaites sociales accumulées, de la poussée de l’extrême droite et de la surface occupée par La France insoumise à gauche, les partis héritiers du trotskisme prennent des directions diamétralement opposées.
Le refus de Clémentine Autain et d’Alexis Corbière de siéger dans le bureau du groupe parlementaire de La France insoumise ravive les tensions internes. En parallèle, un appel de militants à la démocratisation du mouvement et la création de la Gauche écosocialiste témoignent d’une aspiration à l’ouverture.
La gauche croit pouvoir élaborer sa stratégie politique grâce à des sondages, dont le premier effet a été ce week-end de détourner son regard de l’essentiel : la bataille culturelle que mène l’extrême droite avec un certain succès.
L’historienne Ludivine Bantigny interpelle la gauche sur la nécessité de se doter d’une stratégie politique à long terme pour gagner. Elle explique pourquoi l’union de la gauche doit, à ce titre, faire davantage confiance à l’auto-organisation à la base.
Unis à l’Assemblée nationale et dans la mobilisation sociale, les partis de gauche pourraient partir divisés aux élections européennes. Un scénario qui discréditerait l’alternative de gauche écologiste au niveau national, alertent certains responsables, qui tentent tout pour l’éviter.
L’alliance forgée à gauche à l’occasion des législatives de 2022 paraît fragile. Beaucoup semblent attendre un acte II de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale et il s’en trouve même pour espérer que ce cadre soit vite « dépassé ».
Le triomphe de Fabien Roussel lors du 39e congrès signe aussi le retour d’expressions que les communistes avaient remisées dans les placards de l’histoire, comme celle d’« étape socialiste ». Un retour en arrière qui inquiète ce qui reste d’opposants.
Le 39e congrès du PCF, qui s’apprête à réélire Fabien Roussel, a été marqué par les tensions avec La France insoumise sur la suite de la Nupes. L’émergence médiatique du secrétaire national ravit les militants, qui cultivent une rancœur tenace à l’égard de Jean-Luc Mélenchon et veulent continuer à étendre « l’influence communiste ».
Pour les opposants à Olivier Faure, la victoire de la socialiste dissidente Martine Froger serait le signe d’un « plafond de verre » de la gauche mélenchoniste. Le raisonnement ne résiste pas à l’épreuve des faits, mais il alimente un débat stratégique, que la gauche devra trancher.
La sociologue Isabelle Sommier démonte la rhétorique du ministre de l’intérieur, qui accuse La France insoumise de « prendre la pente de cette ultragauche des années 1970 ». En matière de violence politique, elle rappelle que « l’ultradroite est plus menaçante ».
La députée insoumise sortante, Bénédicte Taurine, a subi un camouflet face à la socialiste dissidente Martine Froger. Le coup est rude pour les partisans de l’union de la gauche sous sa forme actuelle, et pour Olivier Faure en particulier.
En s’appuyant sur une élection législative partielle attendue en Ariège, le premier secrétaire a écarté de la direction le courant de son ex-rival au congrès de Marseille. Il vient de proposer aux autres partis de la Nupes de bâtir un « projet de coalition ».
Le fondateur de La France insoumise dicte toujours sa stratégie au prix de divisions internes dans la bataille des retraites. Au-delà des questions de culte du chef, les anciens cadres du mouvement pointent que le conflit autour de la démocratisation de l’organisation devient un conflit de ligne idéologique.
Le philosophe Milo Lévy-Bruhl déconstruit les clichés bâtis autour de Léon Blum, tantôt vanté comme un réformiste bon teint, tantôt fustigé comme un « social-traître ». Sa pensée, qui s’inscrit dans « l’évolution révolutionnaire » prônée par Jaurès, prémunirait contre les « pathologies internes » à la gauche.
Alors que Jean-Luc Mélenchon tenait meeting à grand bruit à Montpellier, les figures du mouvement qui avaient dénoncé un verrouillage de la direction se retrouvaient à Bobigny. Mise en sourdine du fait de la bataille des retraites, la crise interne n’est pas finie.