L’ex-numéro 2 du gouvernement Philippe a largement eu recours aux véhicules et aux chauffeurs de la République pour un usage privé. Plusieurs anciens ministres témoignent de leur incompréhension face à cette pratique inhabituelle.
Depuis qu’elle a quitté General Electric, où elle a joué un rôle actif lors du rachat d’Alstom, Clara Gaymard s’est lancée dans la finance privée. Seulement, GE l’a encore rémunérée en 2017, contre des conseils. Et Bouygues, principal actionnaire d’Alstom, a décidé de soutenir sa reconversion en la nommant à son conseil et en finançant son fonds. Au mépris de toute déontologie.
Après les révélations de Mediapart sur les dîners de François de Rugy, les anciens camarades d’EELV sont stupéfaits et les insoumis dénoncent une pratique oligarchique du pouvoir. « Il est dans une spirale d’ascension sociale, il découvre les ors de la République », dit une figure écolo. Même la droite s’indigne.
L’Agence des participations de l’État connaît-elle la notion de conflit d’intérêts? Après l’affaire Kohler, la Cour des comptes pointe les dérives de l’organisme lors de la privatisation de l’aéroport de Nice. Le directeur de cabinet de Bruno Le Maire, Emmanuel Moulin, était partie prenante de ce dossier.
Déjà soupçonné d’avoir cumulé illégalement ses indemnités, le député LREM Jean-Jacques Bridey, président de la commission de la défense à l’Assemblée nationale, a aussi laissé derrière lui une montagne de notes de frais en quittant ses fonctions locales à l’été 2017. Mais il ne se souvient plus du nom des personnes avec qui il dînait.
L’arrivée au pouvoir d’une bande de hauts fonctionnaires très portés sur le monde des affaires ne pouvait pas se faire sans soulever des conflits d’intérêts. Cette question est au cœur de l’affaire Alexis Kohler, qui n’a pas encore suscité l’intérêt du grand public, sans doute du fait de sa complexité. Usul a donc décidé de la décrypter.
Saisie par Mediapart, la commission d’accès aux documents administratifs a prononcé un avis défavorable à la communication de ce document que le secrétaire général de l’Élysée aurait dû remplir lorsqu’il était administrateur du port du Havre. Mais elle laisse planer des doutes sur une déclaration qui aurait dû être confiée aux Archives nationales, selon la loi. A-t-elle jamais existé ?
La Cour des comptes a rendu public un référé sévère sur le terminal multimodal du port du Havre. Un projet décidé « à la hâte », « protégeant mal les intérêts publics » et qui « n’a pas trouvé son équilibre économique ». Alexis Kohler était administrateur du port au moment où le projet et le montage financier ont été adoptés. Il avait tout approuvé.
Que révèle l’affaire Alexis Kohler ? Les journalistes de Mediapart Martine Orange, à l’origine des révélations sur le secrétaire général de l’Élysée, et Laurent Mauduit, auteur de l’essai La caste, ont répondu dans un chat, à toutes vos interrogations.
Lors d’une perquisition au ministère de la transition écologique et solidaire, la police judiciaire, qui souhaitait saisir la déclaration d’intérêts d’Alexis Kohler du temps où il siégeait au conseil de surveillance du port du Havre, ne l’a pas trouvée. Le document a-t-il été caché ? Ou bien le collaborateur d’Emmanuel Macron aurait-il évité de la remplir ?
La ministre de la culture Françoise Nyssen et son mari, Jean-Paul Capitani, excellent dans la recherche de subventions publiques pour leurs affaires privées. Au-delà des aides à Actes Sud, le couple a créé l’Association culturelle du Méjan. Soutenue par les collectivités locales, elle reverse ensuite un loyer au propriétaire des lieux : le couple lui-même.
Contrairement à ce qu'il affirme, Alexis Kohler n’a pas toujours révélé ses liens familiaux avec MSC et ne s’est pas toujours déporté sur tous les dossiers concernant l’armateur italo-suisse. Des documents officiels du port du Havre, auxquels Mediapart a eu accès, montrent que le plus proche collaborateur d’Emmanuel Macron, quand il siégeait de 2010 à 2012 au conseil de surveillance du Port, a pris part aux discussions et aux votes en faveur de MSC.
Ils sont quatre – PWC, EY, KPMG et Deloitte – dominant le monde de l’audit, mais aussi celui de l’industrie de l’évasion fiscale. Pourtant, c’est à eux que la Commission européenne fait appel pour l’aider à écrire les règles fiscales. Un rapport de l’ONG Corporate Europe Observatory révèle un univers de conflits d’intérêts.
Jamais ils n’ont été avertis des liens familiaux du secrétaire général de l’Élysée avec MSC, jamais ils n’ont su qu’il s’était déporté sur le sujet, témoignent auprès de Mediapart de hauts fonctionnaires de Bercy. Ignorant tout de sa situation, ils lui ont adressé sans précaution toutes les notes. Et elles ont été nombreuses. Des perquisitions ont été menées mercredi à Bercy, notamment dans les bureaux de la commission de déontologie.
Le parquet national financier a indiqué lundi 4 juin avoir ouvert une enquête à la suite de la plainte déposée par Anticor pour prise illégale d’intérêts et trafic d’influence contre le secrétaire général de l’Élysée. Après nos révélations, les agissements du bras droit d’Emmanuel Macron dans le dossier MSC, société avec laquelle il a de nombreux liens familiaux, sont au cœur de l’enquête.
Selon les documents de la commission de déontologie que nous publions, le secrétaire général de l’Élysée n’a jamais révélé à cette instance ses liens familiaux avec la société MSC. Pour faciliter son pantouflage controversé en 2016, Emmanuel Macron a signé une attestation qui n’évoque pas la situation de conflit d’intérêts de son ami et plus proche collaborateur.