C'est ce mercredi que la commission Rocard-Juppé chargée de sélectionner les projets stratégiques pour la France et de fixer le montant de l'emprunt nécessaire à leur financement se réunit pour sa première véritable séance de travail. Après le temps de l'annonce devant le Congrès le 22 juin dernier et celui de l'inauguration le 26 août, voici venue l'heure du concret et des choix. L'heure aussi des doutes et des zones d'ombre.
Premier conseil des ministres de rentrée ce mardi et nouvelle réunion avec les représentants des banques: Nicolas Sarkozy fait tout son possible pour focaliser l'opinion sur les fauteurs de crise, les traders, et ceux qui à l'échelle internationale ne font rien pour modifier en profondeur le système économique mondial. Une stratégie d'occultation qui peine à masquer une réalité franco-française tendue.
Mauvaise nouvelle pour la mission parlementaire qui planche depuis juillet sur le port de la burqa et du niqab (le voile intégral) et réfléchit sur l'opportunité de concevoir une loi pour en interdire la pratique sur le sol français: le congrès de la Libre Pensée, qui s'ouvre lundi 24 août, à Peisey-Nancroix (Savoie), devrait se prononcer contre. En tout cas, pour Marc Blondel qui préside aux destinées de la plus vieille association de la mouvance laïque (Hugo, Zola, Jean Rostand, Clemenceau en firent partie), le doute n'est pas permis.
Deux émissions à sa gloire coup sur coup, un concert, un défilé, des confidences de conseiller et voilà que la séquence politique de ce 14 juillet s'est transformée en tremplin. L'opération 2012 est lancée et apparaît tout un système à la seule dévotion de celui pour qui il est fait. Nicolas Sarkozy doit être réélu. Communicants et médias sont en ordre de marche. Un véritable feu d'artifice en un peu plus de vingt-quatre heures.
Une jambe sur les déficits publics et des caisses vides, une autre sur son désir de réforme, le gouvernement fait le grand écart. Chaque jour, le fossé se creuse un peu plus entre un discours qui renvoie à l'après-crise et des élus et représentants de la société civile qui tirent la sonnette d'alerme et demande des réponses immédiates. Entre la contribution énergie climat et la taxe carbone, la semaine a été riche de significations.
En acceptant de co-présider avec Alain Juppé une commission qui devra conseiller Nicolas Sarkozy sur le grand emprunt, Michel Rocard fait franchir une étape au présidentialisme en humilitant un peu plus la gauche. L'ouverture façon Sarkozy modifie la structure du pouvoir et les hiérarchies administratives. Déjà, un autre remaniement se prépare.
Vendredi 3 juillet, près de 500 militants du Front de gauche ont bravé la canicule pour deviser sur «une alternative à gauche». L'occasion pour eux d'afficher leurs idées et leur stratégie dans la perspective des élections régionales. A gauche toute. Après la conférence de presse Mélenchon-Besancenot, la constitution de listes communes FG-NPA pour 2010 semble maintenant sur de bons rails.
Le FMI demande à la France «une stratégie crédible» en matière de dette, de déficits et de finances publiques. Toute la semaine, bercé du refrain présidentiel «Oui, j'ai changé», le gouvernement a mis en scène le grand emprunt national 2010. «Construire l'avenir», comme l'assure le pouvoir, ou camoufler l'urgence de trouver des ressources nouvelles? Derrière ce déluge de communication se cache une autre réalité: l'Etat est confronté à une crise budgétaire sans précédent. Même des responsables de l'UMP s'en inquiètent qui évoquent un «emprunt obligatoire». Jamais sans doute depuis que Nicolas Sarkozy est président (photo devant le congrès réuni à Versailles), le décalage n'est apparu aussi criant entre les mots et la réalité. Analyse.
François Fillon a réuni ses ministres dimanche 28 juin officiellement pour élaborer avec eux la façon de dépenser l'argent du grand emprunt national promis à Versailles par Nicolas Sarkozy. Et de construire, bien sûr, la «France de demain». Au sortir du séminaire, il semble pourtant que seul le volet réduction des dépenses ait été clairement amorcé. Pour ce qui est des projets d'avenir, la «vision» autoproclamée du couple exécutif reste encore dans les limbes, notamment pour ce qui est de l'environnement. Dès lors, l'emprunt de 2010 apparaît bien plus comme un référendum financier que comme un projet construit pour le pays. Analyse.
On attendait le président sur la réforme de l'Etat et des collectivités locales. Si les mots ont fait résonner la perspective de profonds changements – en écho aux travaux du comité Balladur qui avait suggéré vingt propositions visant à une refonte du «millefeuille administratif» –, la réalité est très différente. Nicolas Sarkozy sait qu'il doit composer. Dans les coulisses du congrès de Versailles, plusieurs forces, y compris au sein de l'UMP, se mobilisent pour jouer le statu quo. Mais surtout, le président se place dans la perspective des élections régionales qu'il doit gagner pour assurer sa propre réélection.
Le conseil économique et social met la dernière main à un rapport sur l'état de l'offre de soin en outre-mer avant de l'envoyer, le 23 juin, au gouvernement. Quelques semaines après le conflit qui a embrasé les Antilles, le texte ne manquera pas de relancer la polémique et d'interroger les services d'Yves Jégo et de Roselyne Bachelot. La photographie est celle d'un désastre: l'Etat est présent mais pas aux bons endroits. Pour lire l'intégral du rapport est, cliquez ici.
Avec plus de 28% des suffrages recueillis dimanche par la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy a les mains libres pour mener le remaniement, qui devrait intervenir à la fin du mois. D'un côté, cette victoire lui permet de s’afficher en sauveur et rassembleur de la droite. De l’autre, ce score, relativement faible pour une majorité qui ne dispose pas de réserve de voix, l’autorise à poursuivre sa stratégie d’ouverture et à évincer les maillons faibles du gouvernement.