Ils sont des milliers en périphérie de Calais à attendre de rejoindre le Royaume-Uni où, pensent-ils, une vie meilleure, des papiers et un emploi les attendent. De l’autre côté de la Manche, la réalité est souvent dure et décevante pour les réfugiés qui ont fui la guerre et les persécutions.
La diffusion du terme « réfugié » pour désigner les milliers de personnes remontant les routes européennes en quête de sécurité a pour effet d'améliorer la perception que l'opinion publique se fait de ces migrants. Mais cette distinction produit aussi des effets délétères, dans la mesure où l'accueil des uns est conditionné au rejet des autres.
Depuis deux semaines, António Guterres, le directeur du Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés, multiplie les propositions à destination de l'Europe. Témoin de la dramatique dégradation des conditions de vie de millions de réfugiés dans les pays limitrophes de la Syrie, l'agence a longtemps prêché dans le vide. Elle demande des mesures urgentes et courageuses. Sans réels moyens de pression.
Le premier ministre hongrois Viktor Orbán l’avait annoncé : le 15 septembre, la frontière avec la Serbie a été définitivement fermée aux réfugiés. La veille, des milliers de migrants ont donc tenté leur chance, puis les passages se sont faits au compte-gouttes (lire ici notre reportage). Face au chaos sur sa frontière nord, la Serbie a décidé, mercredi 16 septembre, d'organiser les passages en Europe via la Croatie, sur sa frontière ouest.
Alors que Budapest a fermé hermétiquement sa frontière avec la Serbie, des milliers de réfugiés se trouvent bloqués là. Certains ont d’ores et déjà pris l’autre route qui mène à l’Europe, via la Croatie, mais d’autres attendent, incertains, une éventuelle brèche.
Les réfugiés voient les frontières de l’Europe se fermer une à une. En Autriche, point de passage vers l’Allemagne, ils se bousculent. Le petit pays est devenu une salle d'attente de l’exil. Ils sont 18 000 à s’y presser dans l’espoir de gagner les pays du nord de l’Europe.
Lundi soir, leur voyage vers l'Allemagne s'est interrompu temporairement. Depuis que l'Allemagne a rétabli ses contrôles aux frontières, les réfugiés sont arrêtés sur la route ou dans les trains, puis invités à déposer leurs demandes d'asile. Reportage à la gare de Freilassing (Bavière), important point de passage depuis l'Autriche.
Les musulmans d’Allemagne, majoritairement d’origine turque, sont eux aussi solidaires avec les réfugiés. Mais devant un tel nombre de migrants, la droite populiste allemande commence à ressortir les vieux fantasmes d’islamisation de l’Occident chrétien qui ont fait long feu cet hiver avec le mouvement Pegida.
La crise grecque menace l’avenir de l'euro, tandis que l’afflux de réfugiés met à mal un autre pilier de l’UE, Schengen. Les deux crises simultanées illustrent les ratés d’une intégration européenne bâclée.
La question de l’accueil des réfugiés, comme bien d'autres avant elle, divise à droite. Elle témoigne du fourre-tout idéologique qu’est devenu le parti dirigé par Nicolas Sarkozy.
Les ministres des États membres, réunis lundi 14 septembre à Bruxelles, se sont montrés incapables de parvenir à un mécanisme de solidarité pour se répartir les milliers de réfugiés affluant en Europe. Le repli l'emporte: après l'Allemagne, l'Autriche et la Slovaquie ferment leurs frontières, tandis que la Hongrie a terminé d'ériger son mur anti-migrants.
Trois familles syriennes se sont installées en février dernier dans la petite ville de Joigny, dans l’Yonne. Un exemple d’intégration simple et réussie, que Mediapart est allé constater sur place. Les maires volontaires réunis à Paris ce samedi par le ministre de l’intérieur pourront s’inspirer de cet exemple.
Comment loger les milliers de demandeurs d'asile qui vont arriver sur le territoire ? Près de 10 000 lits sont aujourd'hui inoccupés dans des centres de formation professionnelle. Le monde HLM a proposé 3 000 places sur 150 000 logements vacants. Sans compter les centres de vacances, les anciennes casernes ou encore les immeubles vides.
Contrairement au fantasme brandi par l'extrême droite, la France ne risque pas d'être « submergée » par des flots de réfugiés. Sur les routes européennes de l'exil, le pays des Lumières a disparu des écrans radars. Même les francophones lui préfèrent l'Allemagne, la Suède ou la Grande-Bretagne, signe de l'attractivité de ces destinations.
Commerces, pensions, passeurs et trafics en tous genres : alors que le tourisme est en crise, l'argent extorqué aux réfugiés a fait surgir toute une économie parallèle, qui n'est pas seulement celle des mafias.
Trente-quatre migrants, parmi lesquels 15 enfants, sont morts noyés dimanche 13 septembre au large de l'île grecque de Pharmakonisi, non loin des côtes turques, dans le naufrage de leur embarcation. Pharmakonisi est l'une des plus petites d'un chapelet d'îles situées à moins de 20 km de la Turquie. L'île grecque de Leros recueille habituellement les migrants échoués sur Pharmakonisi: Mediapart publie un reportage – paru avant le naufrage – du quotidien grec Efsyn, partenaire de notre projet Ouvrez l'Europe #OpenEurope.