Alors que plusieurs ONG lancent à Calais une impressionnante opération pour faire en sorte qu'y soient respectées « les normes internationales » des camps de réfugiés, une poignée de Syriens manifestent quotidiennement pour obtenir le droit de se rendre en Grande-Bretagne. Face à eux, des fourgons de CRS pour les disperser.
Dans un rapport, cinq associations présentes dans les centres de rétention administrative dressent le bilan d’une augmentation du nombre d’étrangers enfermés par la France. Elles dénoncent une rétention « souvent inutile, parfois même absurde, et entachée de nombreuses violations des droits ».
Bloqué à la frontière franco-européenne à Vintimille depuis un mois, Mustapha, 20 ans, a fui les milices janjawids au Soudan. Il ne comprend pas pourquoi les forces de l'ordre françaises l'empêchent de rejoindre la Suède : « Notre cas n’est pas important pour l’Europe. Ils nous ont oubliés. » Arrivé à Nice, Joseph, un Érythréen de 20 ans, veut lui aussi filer au plus vite vers le nord de l'Europe. « La France est riche, pourquoi nous traite-t-elle ainsi ? », demande-t-il.
Ils sont tous deux tchadiens. Ils ont 17 ans. Leurs prénoms ont été modifiés pour préserver leur anonymat. Refoulés deux fois par les forces de l'ordre françaises à la frontière italienne au niveau de Vintimille, ils décident de franchir à pied les Alpes pour rejoindre la France. Une marche qui va durer environ vingt heures dans la neige et le froid. Jean Sébastien Mora les a suivis jusqu'à Lyon.
Des milliers de personnes se massent autour de la frontière entre la Macédoine et la Serbie, passage obligé sur le long chemin menant vers l’Union européenne. Sans aide humanitaire ni sanitaire. La situation pourrait encore s’aggraver si la fermeture de la frontière hongroise se confirme : des dizaines de milliers de migrants se retrouveraient pris au piège dans les Balkans.
Pendant que les dirigeants européens, réunis à Bruxelles, mégotent sur la dose d’aide à apporter aux réfugiés syriens et érythréens, les leçons d’entraide naissent des Européens eux-mêmes qui croisent ces exilés en route vers le Nord, à Paris comme à Rome. Cet article est publié en français dans Mediapart et en italien dans le journal Internazionale.
Lors du sommet qui a eu lieu à Bruxelles dans la nuit de mercredi 25 à jeudi 26 juin, les États membres de l'UE ont abandonné le projet de se répartir de manière contraignante 40 000 demandeurs d'asile arrivés en Italie et en Grèce. En revanche, ils sont prêts à financer des centres visant à expulser les migrants dits économiques.
Sous l’impulsion des nouvelles arrivées de migrants et des mobilisations citoyennes qu'elles suscitent, la Ville de Paris et l'État modifient par à-coups leur stratégie de mise à l'abri. Désormais orientés vers des centres d'urgence, les exilés ont le choix entre demander l'asile (sans garantie de l'obtenir) et… repartir dans leur pays d'origine.
Contrôles au faciès, 24 h/24, hors « événement ponctuel »... : malgré les dénégations de Bernard Cazeneuve, la France bloque bel et bien la frontière franco-italienne avec des méthodes contraires au droit européen ou national.
Mediapart a pu monter à bord d'un navire patrouillant en Méditerranée dans le cadre de l'opération Triton, coordonnée par l'Agence européenne de surveillance des frontières extérieures. En moins de trois mois, l'équipage du Týr a sauvé 2 000 exilés cherchant à rejoindre l'Italie. Cette fois-ci, un cargo suspect – une vieille bétaillère – a été repéré en haute mer. Mais, en l'absence d'appel au secours, les gardes-côtes ne sont pas intervenus.
La marine marchande est en émoi. Alors que les traversées s'accélèrent en Méditerranée (près de 6 000 migrants ont été secourus ce week-end), les cargos sont de plus en plus mis souvent à contribution pour les opérations de sauvetage. Les risques encourus par les rescapés comme par les marins sont importants. Des capitaines pourraient être tentés de « regarder ailleurs », prévient le commandant Hubert Ardillon.
À vélo, à pied, en train, plus de cinquante mille migrants ont traversé la Macédoine depuis le début de l'année pour tenter d'atteindre l'Union européenne. Venus de Syrie, d'Afghanistan, d'Irak, ils traversent les Balkans, souvent aidés par la population mais aussi rackettés par les bandes criminelles.
4 000 migrants s'entassent dans la région de Calais, soit 2 000 de plus qu'à l'époque de Sangatte. Pour Christian Salomé, président de l'Auberge des migrants à Calais, «cet été, si rien ne change, ça explosera».
Le campement installé sous le métro aérien à La Chapelle à Paris est sous la menace d'une expulsion. Tahir, Éthiopien arrivé en France il y a une semaine, y a trouvé refuge, comme 350 exilés venus principalement de la Corne de l'Afrique. Désert, Libye, Méditerranée, il a survécu à tous les périls, et reste convaincu que son avenir est en Europe.
Mediapart a rencontré la maire de l'île italienne. Giusi Nicolini critique les politiques migratoires « inhumaines » de l'Union européenne. Elle appelle de ses vœux des changements radicaux pour mieux traiter les demandeurs d'asile.
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