Jeux de regards et de reflets, couleurs morbides lumineuses, costumes sans fard, figuration et abstraction, traversée des genres et des apparences… Claire Tabouret peint des duels, des entre-deux où tout peut encore basculer. Des migrants dérivent sur une eau somnambule. Des maisons résistent à la catastrophe. Des gamins ont les yeux bandés, ambiance colin-maillard en isolement de HP. D'autres teintés zombies nous fixent, insolents. Des gamines fric et fluo prennent des poses photo de classe ou maison close. La masse d’individus, de peintures, d’eau, de cheveux et de tissus est toujours menaçante. Face-à-face vidéo avec Claire Tabouret, jeune peintre.
Ce village des Vosges de quelque 600 habitants a porté le FN en tête du scrutin du second tour des départementales 2015. Stéphane Doulé et Camille Millerand, du collectif Les Pieds dans la France, sont allés deux jours durant à la rencontre de plusieurs habitants de l’ancienne cité ouvrière afin de recueillir leur point de vue sur la situation politique actuelle. Des retrouvailles plus qu'une rencontre puisque les photographes avaient déjà séjourné à Laveline-devant-Bruyères il y a deux ans.
Il y a un an, le 16 mars 2014, un référendum rattachait la Crimée à la Russie. L'été suivant, Jana Romanova y séjournait avec l'intention de photographier Sébastopol. Son projet, « Immerse (Sevastopol) », « consistait à comprendre comment l'espace, l’architecture d'une ville prennent corps chez ses habitants qui à leur tour deviennent une partie de la ville ». « J’ai commencé par chercher des jeunes de moins de 30 ans, qui sont nés et ont grandi à Sébastopol », raconte-t-elle. « Ces jeunes, en fait des gens de ma génération, sont confrontés à une situation difficile : beaucoup sont nés en Union soviétique, ont grandi en Ukraine (en pensant parfois qu'ils vivaient en Russie ou en Union soviétique) et maintenant, après le référendum, ils vivent en Russie pour de vrai. Sans avoir eu à se déplacer. Tous n’ont pas le même point de vue sur la ville. Toutefois, il ne fut pas facile, après le référendum, de trouver des gens qui considéraient que Sébastopol était plus “ukrainienne” que “russe”. »
Ce 6 mars 2015, exactement 120 jours après la mort de Rémi Fraisse, les derniers occupants de la Zad de Sivens ont été évacués par les forces de l'ordre. Ils s'étaient installés là durant l'été 2014, pour protéger la zone humide du Testet menacée par le projet de construction d'un barrage. Ils avaient reçu, lors du week-end des 25 et 26 octobre, le soutien de plusieurs milliers de personnes – parmi lesquelles José Bové, Pascal Durand et Jean-Luc Mélenchon. Ce 6 mars, le conseil général du Tarn a voté, par 43 voix sur 46, la construction d'un barrage, de taille réduite (lire ici).
Du photographe hongrois André Steiner (1901-1978) on retient souvent les clichés qu'il fit de sa femme, Léa Sasson, dite Lily. Le musée Nicéphore-Niépce de Chalon-sur-Saône y a, en 2012, consacré toute une exposition. Mais ce musée recèle aussi tout un fonds Steiner dans lequel s'expriment les recherches plastiques et esthétiques qui font de ce photographe l’un des principaux représentants du mouvement des avant-gardes européennes des années 1930. Sportif de haut niveau, militant politique et résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, André Steiner mettait ainsi son appareil photo au service de son imagination et de sa réinterprétation du monde.
Hervé Baudat photographie depuis des années le quotidien de services d’hôpitaux qui accueillent des patients présentant une « maladie d’Alzheimer ou apparentée ». Malgré trois plans nationaux mis en place depuis 2001 pour les soigner, peu de choses changent.
Un peuple en soutien à son gouvernement : alors que le premier ministre Alexis Tsipras et le ministre des finances Yanis Varoufakis tentent d'arracher un accord à l'Eurogroupe pour alléger la dette de la Grèce, à Athènes, les électeurs de Syriza restent mobilisés. Des milliers de manifestants se sont rassemblés mercredi 11 et dimanche 15 février afin que l'Europe n'oublie pas les peuples.
La septième édition de Photo Phnom Penh se déroule jusqu'au 28 février 2015 dans la capitale cambodgienne. Parmi la vingtaine d'artistes présentés, un a particulièrement retenu notre attention : Remissa Mak, qui expose à l'Institut français du Cambodge. Il y a tout juste 40 ans, les troupes de Pol Pot entraient dans Phnom Penh. En trois jours, la ville fut vidée de ses habitants. Remissa Mak avait 7 ans et son témoignage aujourd'hui prend la forme de mises en scène de papiers découpés. Un travail en écho à celui du cinéaste Rithy Panh, dont les figurines de terre, dans l'Image manquante, redonnaient corps aux 2 millions de personnes disparues dans ce génocide.
Actif dans le milieu du graffiti, Boris est un artiste bulgare de 26 ans installé en France, et s'est fait connaître par son humour, ses photographies et ses films d'aventures qui révèlent une jeunesse marginale vivant notre monde à contre-courant. Fêtes clandestines et souterraines, peintures illégales, voyages précaires et sans frontière : pour avoir diffusé sur le site internet The Grifters ses photographies, ses vidéos, ses livres et ses habits autoproduits, Boris est aujourd'hui mis en examen pour association de malfaiteurs et dégradations volontaires. Arrêté en juin 2014, l'artiste vient de passer quatre mois en détention provisoire. Il a fêté sa sortie de prison avec une exposition de photographie en décembre à Paris. Mediapart est allé à sa rencontre au Saint-Sauveur, célèbre bar antifasciste du XXe arrondissement.