En 1956, Albert Camus propose une trêve en Algérie. Échec et tomates sur Guy Mollet, chef du gouvernement socialiste, qui intensifie la guerre. Camus se mure alors dans un silence valant leçon de choses françaises : penser la place des minorités. Malgré les surenchères xénophobes à droite, en dépit des intellectuels pavloviens de gauche...
« Science sans conscience n'est que ruine de l'âme », la formule de Rabelais est connue. Elle pourrait éclairer En cherchant Majorana d’Étienne Klein, Le Principe de Jérôme Ferrari et Évariste de François-Henri Désérable qui raniment trois génies des sciences et à travers eux interrogent le rapport de l'homme à sa volonté de puissance.
Mathieu Lindon est resté. Il écrit la chronique des mois qui virent partir tant de gens de Libé. Les signatures mais aussi ceux qui, depuis si longtemps, fabriquaient le journal. L’autre, Olivier Séguret, est parti. Il écrit, avec son Godard vif, une merveille de liberté, d’élégance, de plaisir intelligent.
Pourquoi faut-il impérieusement relire Odysseas Elytis (1911-1996), ce poète de la modernité grecque auquel s’attache une légende solaire en des temps si peu radieux ? Précisément, répond Angélique Ionatos qui vient de le traduire, parce que quand tout s’écroule, en Grèce peut-être plus qu’en tout autre endroit du monde, « reste la lumière ».
Catharsis de Luz est une mise à nu, une plongée dans la tête et le quotidien d’un dessinateur qui, le 7 janvier 2015, a tout perdu. Qui a failli voir la raison et le dessin le quitter. Entretien avec Luz, autour de ce récit d’une reconquête et d’une réappropriation de l’intime.
En s’inspirant d’une histoire réelle, l’écrivain Benjamin Stein a construit un extraordinaire double thriller métaphysique et philosophique, Canevas : usurpation de malheur, identité, foi… et vérités relatives. Le lecteur peut aussi bien aborder Canevas par la droite que par la gauche, et un sous-titre différent figure sur chaque couverture. Après vous avoir présenté ce roman côté Jan Wechsler, voici sa version côté Amnon Zichroni. Avec extraits en fin d'article.
En s’inspirant d’une histoire réelle, l’écrivain Benjamin Stein a construit un extraordinaire double thriller métaphysique et philosophique : usurpation de malheur, identité, foi… et vérités relatives. Extraits en fin d'article.
Son livre est sorti ce 7 mai, mais Emmanuel Todd a déjà été invité en « Une » de L’Obs, de Libération et sur France Inter. Maintenant que tout le monde peut lire Qui est Charlie ? Sociologie d’une crise religieuse, qu’y a-t-il à tirer de cette publication? Elle n’est pas seulement un brûlot contre le 11 janvier, mais contient en réalité deux livres.
Trois ans tout juste après l’élection de François Hollande à la présidence de la République, il est nécessaire, et parfois douloureux, de se replonger, comme le fait un collectif de chercheurs, dans une période où « les socialistes inventaient l’avenir ».
Est-ce le signe d’une époque qui interroge sa finitude ? Trois livres juste parus ont la mort pour centre, moins le passage de vie à trépas que l’après : Le Monde de la fin, roman d’Ofir Touché Gafla ; les Chroniques de mon crématorium de Caitlin Doughty ; et Juste Ciel d’Éric Chevillard.
Le peer-to-peer, ce modèle de partage de fichiers informatiques, peut-il constituer une alternative au capitalisme ? Pour le théoricien belge Michel Bauwens, la production entre pairs et produsers, contraction de « producteur » et de « user », ouvre des pistes pour une transition économique et sociale radicale. Entretien vidéo long format.
1952, année politique. 1952, année érotique (pour certains). Sur des modes très différents, les écrivains Gérard Guégan et Jean-Pierre Le Dantec revisitent cette période de purge dans les rangs du PC : Aragon énamouré et Georges Guingouin traqué. Quand les héros deviennent indésirables.
Et si Berlin était moins un lieu qu’un temps ? C’est en tout cas le paradoxe autour duquel s’articulent six livres récents qui gravitent autour de cette ville d’hier, d’aujourd’hui et de demain. « Berlin est une fiction », comme l’écrit Christian Prigent, comme le racontent aussi Cécile Wajsbrot, Gonçalo M. Tavares, Wilfried N’Sondé, Stefanie de Velasco ou Oscar Coop-Phane.
Avec son ouvrage stimulant, La Démocratie contre les experts. Les esclaves publics en Grèce ancienne, l’historien Paulin Ismard fait revivre un monde où le politique refusait de déléguer son pouvoir à des spécialistes de la gouvernance, et avait inventé pour cela une conception de l’État où des esclaves, soumis à l’autorité des citoyens, se chargeaient d’une partie de l’administration de la Cité.
Figure exposée de la lutte anti-apartheid, Breyten Breytenbach n’a jamais cessé d’interroger le concept de pouvoir. S’il n’en a négligé aucune facette, il s’est en particulier attaché au pouvoir des mots. Une récente anthologie de ses poèmes en fait une démonstration éclatante.
C’est sur une île italienne, haut lieu pénitentiaire, que Francesca Melandri revisite magnifiquement amour paternel et années de plomb, invente une humanité blessée, mais obstinée et vaccinée. C’est près du lac de Tibériade qu’Hubert Mingarelli revisite, lui, silence paternel, peur au quotidien et apprivoisement des humains par les chiens. Extraits en fin.