Déplacement des perspectives habituelles, voix singulière, et même plusieurs, dans le remarquable second roman d’Édouard Louis, Histoire de la violence. Elles saisissent immédiatement, sans effet, sur le fil du rasoir. Extrait en fin.
Vincent Monadé, président du Centre national du livre, occupe l'un des postes les plus importants du domaine culturel, à la tête d’une institution qui distribue 30 millions d’euros par an à un secteur fragilisé et bouleversé, mais dont le chiffre d’affaires dépasse celui du cinéma. Comment freiner la désaffection pour la lecture ? Quels textes choisit-on d’encourager ? L’écrivain doit-il tenir un rôle social ? Entretien.
« Il faut mille fois plus de paperasse pour entretenir une économie de marché libre que la monarchie absolue de Louis XIV. » À partir de ce constat, l’anthropologue anarchiste David Graeber esquisse une critique renouvelée du « capitalisme bureaucratique ». Entretien.
L’historien Dominique Pestre dirige une impressionnante Histoire des sciences et des savoirs dont il explique les enjeux en vidéo, à l’aide de nombreuses illustrations et images, et avec un talent oratoire certain.
Comment comprendre l’outrage fait à certains musulmans par les caricatures du prophète sans paraître justifier l’action des terroristes ? L’universitaire américaine d’origine pakistanaise Saba Mahmood invite à repenser la conception même de la laïcité et de la religion, pour éviter un choc frontal entre liberté d’expression et de croyance.
« Il faut que tout change pour que rien ne change. » La célèbre phrase du Guépard s’applique aux métamorphoses récentes de l’élite américaine. Entretien avec Shamus Khan, professeur à Columbia, sur les stratégies mises en œuvre pour relégitimer les privilèges et produire un contexte culturel évitant la contestation des inégalités croissantes.
Dans « Cordelia la guerre », Marie Cosnay s’empare de Shakespeare, fracasse la tragédie, la sublime et la détourne, la transpose en zone frontalière avec affairistes se déchirant, et le peuple des nu-pieds en guest star. Chahutant et chavirant. Extrait en fin d'article.
L’histoire qui a été cruelle avec Marina Tsvetaeva semble bien décidée à la servir comme peu de ses grands contemporains russes de la première moitié du XXe siècle. La parution aux éditions des Syrtes de la somme de sa Poésie lyrique marque un véritable aboutissement dans la réception de sa poésie en France.
Roman d’apprentissage explosé en Russie poutinienne pour Sergueï Chargounov, féroce chronique de l’élan démocratique pour Édouard Limonov. Le premier est venu à la politique par le second. Usage et mésusage de la colère.
Mitchell Zukor, personnage de Paris sur l’avenir, premier roman traduit en français de l’écrivain Nathaniel Rich, est spécialiste des mathématiques et statistiques appliquées aux catastrophes écologiques. Appelé « le prophète », il savait qu’un ouragan pourrait rayer New York de la carte des États-Unis. Et le pire finit toujours par se produire. Critique du roman et rencontre avec son auteur.
L’ancienne directrice d’Eau de Paris, Anne Le Strat, qui a conduit la remunicipalisation de l’eau parisienne face à Veolia et à Suez-Lyonnaise des eaux, livre le récit de cette bataille remportée avec succès, mais non sans mal. À travers ce cas concret, on mesure à quel point la puissance publique peut facilement plier sous la complexité technique, le lobbying plus ou moins discret, les intérêts économiques ou les compromissions politiques.
Dans une biographie « totale » de l'icône du football hollandais, le journaliste Chérif Ghemmour dresse un portrait tout en complexité d'un « génie pop et despote ». Idole des jeunes dans les années 1970, il est pourtant loin d'être une conscience révolutionnaire. Entretien sur le Cruyff politique.
Basé sur des archives soviétiques inédites, le documentaire Shoah, les oubliés de l’histoire diffusé ce mardi 10 novembre sur Arte retrace à la fois la guerre de 1941-45, la Shoah par balles, son effacement et la manipulation de l’information, mal servi hélas par son commentaire. Raison de plus pour lire La Charrue de feu, fresque russe et hallucinée d’Eli Chekhtman, enfin traduite.
« La Cache », c’est l’histoire d’une famille, c’est aussi la France telle que nous l’aimons ou la rêvons (nous, venus d’horizons si divers), telle que nous la cauchemardons ou la vivons (nous, venus d’horizons si particuliers). « La Cache », c’est une Fiat 500 qui brûle les feux, une visite immobilière qui déménage. Extrait en fin d'article.
Qu’est-ce qu’un bon film, se demande l’un des personnages des Prépondérants, sinon « deux heures d’illusions pour ne laisser d’illusions à personne ? ». Ce pourrait être aussi la définition de l’ample et décapante fresque historique que publie Hédi Kaddour, où une bande de colons vit suspendue aux années 1920.
Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit et sans armes. Le titre du livre publié par Srdja Popovic, le fondateur d’Otpor !, mouvement à l’origine de la chute de l’autocrate Milosevic en Serbie, est à l’image du texte : à la fois agaçant par sa recherche de « formules » et sa conviction que tout peut être « fun », et intéressant par les expériences qu’il raconte.