C’est un classique de la littérature yougoslave d’une glaçante actualité que les éditions Inculte donnent l’occasion de redécouvrir : publié en 1938, le Banquet en Blithuanie de l’écrivain croate Miroslav Krleža semble parler de l’Europe de 2019.
Dans les Balkans, il n’y a pas de pétrole, mais il y a de l’eau, faisant de la région le véritable château d’eau de l’Europe. Cet « or bleu » excite les convoitises des oligarques locaux, qui multiplient les projets de centrales hydrauliques, avec la bénédiction – et souvent des subventions – de l’Union européenne. Les citoyens tentent de résister à ce green washing des fortunes mal acquises, qui risque de détruire l’environnement et le mode de vie des communautés rurales.
Une vague de contestations inédite s’étend à tous les pays des Balkans. Partout, les citoyens dénoncent des régimes autoritaires, clientélistes et corrompus, mais se défient également des partis d’opposition. Un « printemps des Balkans » est-il en train de germer en cette fin d’hiver ?
Vendredi soir, de très violents affrontements ont éclaté dans le camp de réfugiés de Bira, à Bihać, au nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine. Entre les squats de Sarajevo et les camps surpeuplés, des milliers de réfugiés sont toujours bloqués dans ce pays. Sans grand espoir de pouvoir passer dans l’Union européenne.
Ils battent le pavé de Belgrade chaque samedi depuis le 8 décembre, dénonçant le régime autoritaire du président Vučić. Ce week-end, pour « l’acte VII » du mouvement, celui-ci s’est étendu à l’ensemble du territoire, malgré la démonstration de force du pouvoir en milieu de semaine.
La Bosnie-Herzégovine est devenue un cul-de-sac aux portes de l’Union européenne, où sont bloqués plusieurs milliers d’exilés. Malgré les violences de la police croate et une neige redoutable, ils cherchent à continuer leur route vers l’Ouest.
Jamais les universités albanaises n’avaient connu de telles mobilisations. La hausse annoncée des droits d’inscription a fait exploser une colère sociale protéiforme. La contestation étudiante remet en cause non seulement la démocratie bloquée par le clientélisme, mais aussi les politiques néolibérales appliquées par les principaux partis.
Une bonne part de la « communauté internationale » envisage sérieusement d’établir une paix « durable » dans les Balkans en changeant les frontières, afin de séparer les différents peuples qui y vivent. Un désaveu des politiques promues depuis deux décennies défendant le multiculturalisme de la région.
Dimanche, les Macédoniens voteront pour dire s’ils acceptent que leur pays devienne la « République de Macédoine du Nord ». Ce vote est censé résoudre leur conflit avec la Grèce et leur ouvrir les portes de l’OTAN et de l’Union européenne.
1918, les frontières de sang de la nouvelle Europe (5/5)
Le 17 juin dernier, les premiers ministres d’Athènes et de Skopje, Alexis Tsipras et Zoran Zaev, signaient un accord historique pour solder le différend qui oppose les deux pays sur la « question du nom » de la Macédoine. Depuis un siècle, cette région est au cœur de tous les déchirements des Balkans, et les souvenirs des violences du passé sont parfois difficiles à oublier. Dernier épisode de notre série sur « les frontières de sang de la nouvelle Europe ».
1918, les frontières de sang de la nouvelle Europe (4/5)
— Analyse
On les appelait souvent les « Yougos », avant que l’éclatement de l’ancienne Fédération et les guerres des années 1990 n’amènent à distinguer Albanais, Bosniaques, Croates, Macédoniens, Monténégrins, Serbes ou autres Slovènes. Mais que désignent ces termes de « Yougoslaves » et de « Yougoslavie » ? La question peut recevoir différentes réponses à Zagreb, Belgrade ou Sarajevo.
1918, les frontières de sang de la nouvelle Europe (1/5)
— Reportage
Le « Verdun » italien s’est joué à flanc de montagne, dans le décor grandiose de la vallée de l’Isonzo. 500 000 hommes y sont morts entre 1915 et 1917, mais la frontière se dérobe : elle a séparé l’Italie de l’empire d’Autriche-Hongrie, puis de la Yougoslavie et enfin de la Slovénie. Les revendications d’annexion se sont croisées tout au long du XXe siècle, laissant des minorités du « mauvais » côté de la frontière.
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La France serait « en guerre », subissant les attaques de l’État islamique, répètent à l’envi les autorités de Paris. Or, l’attentat de Munich, après celui de Nice, est venu tragiquement rappeler que ce n’est pas seulement la France qui serait « en guerre », mais toute l’Europe, et que si « guerre » il y a bien, celle-ci est un conflit intérieur, une guerre civile et pas le produit d’une agression