Il est peu probable que les migrants profitent de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Les barrières installées à Calais, en grande partie financées par Londres, ne sont pas près de s’abaisser.
Malgré les tentatives de sabordage de la préfecture, le camp de réfugiés construit à Grande-Synthe par MSF a ouvert ses portes. Il repose sur une conception diamétralement différente de celle des containers installés par l'État à Calais pour vider la « jungle ». Alors que le garde des Sceaux se rend dans le Calaisis ce lundi, le maire de Grande-Synthe a prévu de dresser un premier bilan de son initiative.
Alors qu'une partie de la lande doit être détruite dans les jours qui viennent, les policiers en poste à Calais se disent « au bout du rouleau ». Accusés de violences par des migrants, ils affirment ne plus toujours comprendre le sens de leur mission. Mediapart a recueilli leurs témoignages. Le risque de dérapage existe, prévient un haut gradé, tandis qu'un collègue affirme être exaspéré de « faire le boulot des Anglais ».
Bruno Jochum, le directeur général de la section suisse de Médecins sans frontières (MSF), appelle les États européens à améliorer l'accueil des réfugiés. Alors que Bernard Cazeneuve reçoit ce mercredi la maire de Calais, il considère comme « inexcusable » la manière dont sont traités les migrants dans cette ville.
Pour réduire le nombre de réfugiés vivant dans le bidonville à Calais, le gouvernement a opté pour la stratégie de la dispersion : en quelques jours, environ 1 450 exilés (sur 6 000) ont été envoyés aux quatre coins du pays, certains dans des centres de rétention, d'autres dans des centres d'hébergement pour un mois. La viabilité de cette politique interroge.
Lors de sa visite à Calais, le ministre de l'intérieur a promis des « tentes chauffées » aux exilés vivant dans le bidonville. Depuis, les placements en rétention se multiplient. Des familles sont séparées car les migrants interpellés sont envoyés aux quatre coins du pays. Les associations dénoncent un « recours massif » à la privation de liberté.
En un an, le nombre de migrants a doublé dans la «New Jungle»: six mille personnes y vivent dans des conditions épouvantables. Dans cette région où Marine Le Pen est tête de liste, la maire LR de Calais, Natacha Bouchart, n'hésite pas à dire que les migrants sont une «richesse culturelle» tout en les reléguant dans une ancienne décharge. Entre gestes de solidarité quotidiens et manifestations bras tendus, la ville est pleine d'ambivalences.
En échange de la « sécurisation » du port de Calais et du tunnel sous la Manche, la France accepte de surveiller les frontières de la Grande-Bretagne à sa place. Entre Vintimille et Menton, les policiers multiplient les contrôles au faciès pour décourager les passages de réfugiés débarqués en Europe viala Méditerranée. Des Alpes-Maritimes au Calaisis, Bernard Cazeneuve assume ce nouveau rôle de garde-barrière, quitte à enfreindre quelques principes juridiques européens.
Les réactions politiques se multiplient après la mort de neuf migrants en moins de deux mois, lors de tentatives pour rejoindre l’Angleterre. Afin de rajouter des obstacles entre les migrants et les voies du tunnel sous la Manche, des barrières s'érigent.
Quatre ONG ont lancé mardi dernier une grande opération humanitaire à Calais afin que les campements de migrants soient au moins aux normes de « n'importe quel camp de réfugiés dans le monde ».
Des campements, des conditions de vie insalubres et indignes, de la répression policière, des expulsions, des morts... Entre 1999, année d'ouverture d'un centre d'accueil pour les immigrés sans papiers à Sangatte, et 2015, rien de nouveau en dépit du nom du lieu dans lequel s'entassent aujourd'hui quelque 2 000 migrants : la New Jungle. C'est ce que montre magistralement le travail photographique d'Olivier Jobard, qui, depuis 2001, se rend régulièrement à Calais et dans les environs.
Alors que plusieurs ONG lancent à Calais une impressionnante opération pour faire en sorte qu'y soient respectées « les normes internationales » des camps de réfugiés, une poignée de Syriens manifestent quotidiennement pour obtenir le droit de se rendre en Grande-Bretagne. Face à eux, des fourgons de CRS pour les disperser.
4 000 migrants s'entassent dans la région de Calais, soit 2 000 de plus qu'à l'époque de Sangatte. Pour Christian Salomé, président de l'Auberge des migrants à Calais, «cet été, si rien ne change, ça explosera».
Alors qu’un nouveau lieu, ouvert récemment, cogéré par des migrants et des militants qui leur viennent en aide, laissait espérer une solution un peu moins précaire pour les plus de 600 migrants dispersés autour de Calais, la justice vient d’ordonner son évacuation.
L'afflux de migrants à Calais est en train de déborder les associations alors que les actes et agressions racistes se multiplient en ville. Depuis dix ans et la fermeture de Sangatte par Sarkozy, la situation n'a cessé de se dégrader. 250 femmes et une quinzaine d'enfants sont aujourd'hui dans la zone. Du jamais vu.
Il n'est pas question d'immigration dans ce film, mais de personnes qui migrent et se heurtent à l'absurde violence qui leur est faite. Sorti en 2011, le documentaire très remarqué de Sylvain George est à voir en intégralité sur Mediapart.