Les Américains sont pressés de se débarrasser de la décennie qui s'achève — the zeroes (les années zéro), the doubles O's (les double zéro), voire the naughties (les nulles, au sens mathématique) — durant laquelle ils ont vu s'accumuler catastrophes et faux-pas. Mais, au delà du simple constat, on peut aussi juger que ces dix dernières années, marquées par la présidence Bush, auront été celles de toutes les manipulations, politique, médiatiques et financières. Parti pris.
C'est un chiffre qui devrait faire sensation, et pourtant ilne provoquera presque aucun débat : le montant total des exonérations decotisations de Sécurité sociale a atteint le record de 30,7 milliardsd'euros en 2008, soit un niveau quasi identique au déficit prévu pour cettemême Sécurité sociale pour 2010. Cette statistique révèle les dérives de la politique sociale française et leseffets d'aubaine pour les entreprises. Parti pris.
Publiée jeudi 17 décembre dans la nuit, la “note de conjoncture” de l'Insee dessine pour la France le scénario d'une reprise «laborieuse» au premier semestre 2010, et une envolée du chômage (graphique). Ce sombre diagnostic vient contredire le chef de l'Etat qui s'était décerné un auto-satisfecit et invite à lui retourner la formule qu'il avait alors utilisée: «On doitquand même honnêtement se dire que la politique économique conduite y est pourquelque chose.» Parti pris.
Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, abandonne toute poursuite contre le député socialiste. Il réussit, par ce choix, un triple coup politique qui satisfera grandement l'Elysée: prendre à contrepied les socialistes; défendre la suppression du juge d'instruction; et autoriser l'ouverture d'un procès, celui de la presse. Parti pris.
7% de hausse au 1er janvier ! Les tarifs réglementés du gaz vont disparaître. Dans un communiqué publié vendredi soir, le ministère de l'énergie et le ministère des finances annoncent un nouveau contrat de service public avec GDF-Suez. L'Etat renonce à avoir le moindre droit de regard sur les tarifs. Ceux-ci seront déterminés par le groupe et soumis à l'approbation d'une commission de régulation de l'énergie sans véritables pouvoirs. Parti pris.
Lors du débat sur l'identité nationale organisé à l'Assemblée, Eric Besson a conclu son intervention sur cette interjection: «Vive la République, Vive la France»! Mais pour qui se prend-il précisément? Parti pris – après une plongée dans les archives parlementaires.
Ce qui était inenvisageable il y a deux mois devient souhaitable aujourd'hui. Le gouvernement français projette d'imiter le gouvernement britannique et de taxer à hauteur de 50% les bonus versés par les banques en 2009. La mesure a toutes les chances de plaire à l'opinion publique outrée de voir les banques renouer avec leurs anciennes pratiques après avoir été sauvées par l'argent public. Mais les problèmes de fond du dérèglement bancaire persistent, comme avant la crise financière. Parti pris.
Gaspard Kœnig, qui fut la «plume» de Christine Lagarde au ministère des finances, vient de publier Les Discrètes Vertus de lacorruption. Une promenade historico-philosophique un tantinet impertinente, à la recherche des penseurs de la prévarication. Mais page après page, ce sont les valeurs du berlusconisme qui transparaissent. Et aussi, celles du sarkozysme. Parti pris.
Le succès de l'appel de Mediapart, «Nous ne débattrons pas», n'est pas simplement le refus de cautionner une machine infernale, de division et d'exclusion. Ce sursaut a pour moteur la compréhension qu'avec ce « grand débat sur l'identité nationale », se donne à voir la nature profonde du régime. Il faut relire mot à mot les deux discours de Nicolas Sarkozy et de François Fillon. Pour la première fois s'énonce, au sommet de la République, l'idéologie de la droite extrême, celle qui fut au pouvoir avec Philippe Pétain sous Vichy, cette droite à la fois maurrassienne, orléaniste et élitiste qui n'a jamais admis la démocratie libérale.
La revue Vacarme n'a pas attendu le «grand débat» pour s'interroger sur l'entreprise identitaire engagée du pouvoir exécutif. L'anthropologue Michel Agier, directeur d'études à l'EHESS, y a mené, depuis deux ans, une réflexion visant à «faire face» au ministère de l'identité nationale, mettant à contribution des historiens, des sociologues etdes philosophes. Mediapart a rassemblé ces textes.