Sur la place de la République à Paris samedi soir, ils étaient plusieurs centaines à braver la pluie et à se rassembler, pour la dixième « Nuit debout » consécutive. Venus en famille, avec des amis, ou entre militants, ils disent tous leur envie de se battre, bien au-delà de la loi El Khomri, leur joie de se retrouver autour d'un ras-le-bol commun et de voir la société se mobiliser, enfin, après des mois d'apathie. Paroles de « Deboutistes ».
« Il n'y a pas de taf. Tu tournes la tête à droite, à gauche et s'il n'y a rien, tu n'as plus que ça à faire », dit Ahmadou Saitouli, 35 ans, pour expliquer sa volonté de créer sa huitième entreprise. Entreprendre pour sortir du chômage et de la discrimination. Hervé Lequeux et Sébastien Deslandes enquêtent depuis longtemps sur la jeunesse des quartiers populaires et des grands ensembles. Leur travail a été projeté à Visa pour l'image, publié dans la revue 6 mois, édité dans un livre écrit en… anglais : A French Youth. Pour LA FRANCE VUE D'ICI, l'enquête documentaire et photographique initiée par Mediapart et le festival ImageSingulières (à soutenir ici), ils prolongent ce travail autour du thème « Banlieue, capitale économique ».
Quelques heures avant la visite du premier ministre turc Ahmet Davutoğlu à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, un attentat à la voiture piégée a tué sept policiers et blessé 27 personnes, jeudi 31 mars 2016. Il a été revendiqué le lendemain par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Depuis l'été 2015, le processus de paix en Turquie est en suspens, multipliant les affrontements entre les forces militaires turques et le YPS, branche urbaine du PKK. Des quartiers et des villes entières sont sous couvre-feu. Ces photos ont été prises dans les quartiers de Sur et de Bağlar de la ville de Diyarbakir (Amed en kurde), “capitale” du Kurdistan.
Le 16 janvier 2016, Ridha Yahyaoui, jeune chômeur de 28 ans qui venait d'être radié sans raison valable de la liste de recrutement de la fonction publique, est mort électrocuté après avoir escaladé un poteau pour crier sa colère. Depuis, l'intérieur de la Tunisie et plus particulièrement la région de Kasserine sont en ébullition. Aux affrontements avec les forces de police, a succédé un mouvement d'occupation de la préfecture de Kasserine, la « wilaya », par plus de deux cents chômeurs, diplômés ou non. Treize d'entre eux poursuivent une grève de la faim qu'ils n'arrêteront pas tant qu'ils n'auront pas obtenu un travail. Pour démontrer leur détermination autant que pour exprimer leur désespoir, ils se sont cousu la bouche.
De meetings en rassemblements spontanés, dans la neige et dans des gymnases surchauffés, nous avons suivi pendant douze jours les principaux candidats des deux premières primaires américaines qui bataillent pour l'investiture de leur parti, dans une Amérique en révolte contre l'establishment.
Dans quelque 70 villes de France (dont Lyon, Toulouse, Lille, Marseille, Strasbourg…), des manifestations étaient organisées ce samedi contre l'état d'urgence et la déchéance de nationalité, à l'appel d'une centaine d’associations rassemblées au sein de deux collectifs, « Nous ne céderons pas ! » et « Stop état d’urgence ». Un projet de loi pour la prolongation de cet état d'exception doit être présenté mercredi en conseil des ministres avant d'être examiné en séance publique par les sénateurs le 9 février, puis par les députés le 16 février. À Paris, plusieurs milliers de personnes (20 000 selon les organisateurs) se sont rassemblées place de la République.
Vincent Jarousseau, photographe, a entrepris, avec l’historienne Valérie Igounet, de « raconter » les villes FN au travers des électeurs, sympathisants ou élus du parti de Marine Le Pen. Des « Visages du Front » qui, de plus en plus, s’affichent au grand jour. Cette série a été réalisée entre septembre 2014 et décembre 2015 à Hénin-Beaumont (Nord), Beaucaire (Gard), Nîmes (Gard), Hayange (Moselle) et Ressons-sur-Matz (Oise). Vincent Jarousseau photographie en noir et blanc afin que son travail ne soit pas empreint des codes tricolores du Front national.
Compositeur, créateur, journaliste, actrice, blogueuse…, ces nouveaux visages de la culture urbaine du Sénégal photographiés par Omar Victor Diop ont en partage l'optimisme et l'ambition, « loin de l'image de l'artiste farfelu ou marginal du XXe siècle », raconte le photographe. Puisque paraître, « c’est déjà une façon d’être », chaque portrait se fait en commun : le sujet et le photographe choisissent ensemble « les indices vestimentaires et décoratifs porteurs d’affirmations identitaires, de translations sociales ». Ce Studio des vanités est exposé en regard des portraits noir et blanc du Malien Malick Sidibé à la Galerie du Jour agnès b. à Paris jusqu'au 19 mars.
Acteur français originaire du Mali, réalisateur, (anti ?)journaliste, artiste, banlieusard, musulman : Ladj Ly, 36 ans, collectionne les casquettes mais n'en porte pas. Figure incontournable de la cité des Bosquets à Montfermeil, il combat les clichés par l'image. Dès 2004, il cosignait avec l'artiste JR, encore peu connu, un projet monumental sur la banlieue, poursuivi pendant les émeutes de 2005. Dix ans après, à l'occasion de l'anniversaire de la révolte des banlieues, Mediapart est retourné sur leurs traces pour photographier les lieux où ils s'étaient exposés illégalement dans l'espace public, aujourd'hui méconnaissables, rénovation urbaine oblige.Cette rencontre devait être publiée le 14 novembre 2015 sur Mediapart. Mais les attentats ont bousculé cette diffusion.