« On fait campagne en poésie, mais on gouverne en prose » : François Hollande préside en chiffres. L’impasse narrative et politique du pouvoir socialiste n’est pas réductible à un défaut de communication. Elle est le fruit d’une déconnexion historique entre la souveraineté de l’État et la représentation du pouvoir.
Malgré ses promesses de campagne, c’est le président de la République qui décide de tout, ou presque. Provoquant parfois le désarroi de sa majorité et même de ses collaborateurs.
À Paris, la ministre démissionnée Delphine Batho a violemment critiqué l'action gouvernementale. À Tunis, en marge du déplacement présidentiel, la délégation française digère mal.
Le président de la République affirme dans un livre à paraître le 4 juillet (Jérôme Cahuzac, les yeux dans les yeux) qu’il a lui-même demandé la procédure d’entraide administrative entre la France et la Suisse, qui a abouti à l’opération de blanchiment de l’ancien ministre du budget.
Il faut taper sur le président de la Commission européenne : François Hollande a tout intérêt à laisser ses ministres s’en prendre à Barroso. Il incarne tout à la fois, aux yeux de son électorat, l’arrogance de Bruxelles et le dogmatisme libéral. Ce qui tombe bien au moment où la situation économique française est à nouveau scrutée par le Conseil européen.
Mercredi, François Hollande a officiellement reçu le « prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix » de l’Unesco en hommage à la guerre au Mali. Neuf chefs d'État et de gouvernement africains, dont des figures de la “Françafrique” comme Ali Bongo, Idriss Déby ou Blaise Compaoré, ont fait le déplacement.
Le président français a redit jeudi devant Angela Merkel que la Commission européenne n'avait pas à dicter aux États-membres le détail des mesures qu'ils devaient adopter. Mais sur le fond, il n'y a pas de rupture entre Paris et Bruxelles.
À l’occasion du 150e anniversaire du parti social-démocrate allemand, le SPD, jeudi à Leipzig, le président de la République a loué les « réformes courageuses » de l’ancien chancelier allemand. Un exemple de plus de l’ancrage social-démocrate du chef de l'État.
Le chef de l'Etat a refusé mercredi de se prononcer sur la volonté de plusieurs pays européens de classer le Hezbollah parmi les organisations terroristes. Mais son ministre des affaires étrangères s'y est dit favorable.
Parmi les principales annonces, sa volonté de lancer « l'offensive » sur une « initiative européenne », et la confirmation de la piste envisagée par le gouvernement pour la réforme des retraites, l'allongement de la durée de cotisation.
Souvent le président est accusé par ses propres camarades socialistes de gérer le pays comme il a géré le parti. L’anniversaire de son élection est aussi celui des dix ans du congrès de Dijon. Un congrès où il devint le vrai patron du PS, mais qui est aussi le péché originel du hollandisme en responsabilité. Décryptage.
Le projet de loi traduisant les annonces de François Hollande en matière de lutte contre la fraude a été présenté en Conseil des ministres. Il maintient le monopole de Bercy dans le déclenchement des procédures pénales. Et la création du poste de “super procureur” en pointe sur ces dossiers a été renvoyée au 7 mai.
Le gouvernement a confirmé mercredi les grandes lignes de sa politique économique en présentant la feuille de route de réduction des déficits pour les trois ans à venir. Une annonce faite en dépit des dernières prévisions des instituts de conjoncture.
Mis en cause, le ministre de l’économie et des finances, Pierre Moscovici, s'explique sur son rôle dans le scandale Cahuzac dans un long entretien avec Mediapart. Il révèle que le 14 décembre, l'administration des impôts avait demandé à Jérôme Cahuzac de signer un document attestant qu'il n'avait pas de compte en Suisse, demande à laquelle l'intéressé n'a jamais donné suite.
Lors de son discours du Bourget, en janvier 2012, François Hollande avait clamé que « présider la République, c’est être impitoyable à l’égard de la corruption. Et malheur aux élus qui y succomberont ! » Un an et l'affaire Cahuzac plus tard, Hollande se décide à mettre ses mots en pratique.
Pourfendeur depuis des années des paradis fiscaux, le ministre délégué au développement (EELV) salue les annonces faites par François Hollande et Jean-Marc Ayrault mercredi. « En quinze jours, on a remporté des batailles que nous menions depuis des années. » Pour lui, l'affaire Cahuzac « se transforme en opportunité ».