Le gouvernement a confirmé mercredi les grandes lignes de sa politique économique en présentant la feuille de route de réduction des déficits pour les trois ans à venir. Une annonce faite en dépit des dernières prévisions des instituts de conjoncture.
Mis en cause, le ministre de l’économie et des finances, Pierre Moscovici, s'explique sur son rôle dans le scandale Cahuzac dans un long entretien avec Mediapart. Il révèle que le 14 décembre, l'administration des impôts avait demandé à Jérôme Cahuzac de signer un document attestant qu'il n'avait pas de compte en Suisse, demande à laquelle l'intéressé n'a jamais donné suite.
Lors de son discours du Bourget, en janvier 2012, François Hollande avait clamé que « présider la République, c’est être impitoyable à l’égard de la corruption. Et malheur aux élus qui y succomberont ! » Un an et l'affaire Cahuzac plus tard, Hollande se décide à mettre ses mots en pratique.
Pourfendeur depuis des années des paradis fiscaux, le ministre délégué au développement (EELV) salue les annonces faites par François Hollande et Jean-Marc Ayrault mercredi. « En quinze jours, on a remporté des batailles que nous menions depuis des années. » Pour lui, l'affaire Cahuzac « se transforme en opportunité ».
Dans un entretien à Mediapart, la ministre écologiste demande « davantage de transparence et de contrôle ». Sur la crise économique et sociale, Cécile Duflot insiste : « Le risque, c'est la spirale de la récession ».
La pression monte pour inciter l'Elysée à prendre des mesures de moralisation de la vie publique. L'exécutif y a travaillé tout le week-end. Certains plaident aussi pour un remaniement d’ampleur tandis que beaucoup jugent Moscovici « carbonisé ».
Il y a deux mois, Pierre Moscovici paraissait défendre mordicus l'innocence de Jérôme Cahuzac. Aujourd'hui, le ministre de l'économie est sous le feu des questions, en raison de son rôle dans l'utilisation des moyens de l'État pour la défense de l'ancien ministre du budget. Auprès de Mediapart, il assure avoir été instrumentalisé.
En une courte intervention enregistrée et diffusée à la mi-journée, le président a tenté de clore l'affaire, et a indiqué que, finalement, c'était à sa demande que Jérôme Cahuzac avait démissionné, tout en annonçant la mise en œuvre imminente de trois mesures contenues dans son programme.
En déplacement à Marseille, le ministre a plaidé pour la possibilité de votes de défiance envers des maires ou des présidents de collectivités locales. « La VIe République aurait dû conduire le président du conseil général des Bouches-du-Rhône à démissionner depuis bien longtemps », a-t-il affirmé.
Derrière le mensonge d'un homme, une crise politique qui s'entrouvre. Derrière l’écœurement de ses anciens amis floués, une interrogation qui demeure : que savait le président ? Dans un contexte de rigueur et de recentrage idéologique du pouvoir, les socialistes sont sonnés par l’aveu de Cahuzac.
Mediapart a retrouvé l’origine du « cap » élyséen exprimé jeudi soir sur France 2. Ce fameux « hollandisme » était déjà tout entier contenu dans un ouvrage de Max Gallo publié en 1984, « discuté et enrichi » par le jeune énarque François Hollande. Retour vers le futur, où l'on voit déjà érigé le « bricolage pragmatique » en référence de gouvernement.
Après avoir soutenu durant des semaines Jérôme Cahuzac, le ministre de l'économie Pierre Moscovici s'en démarque désormais plus ou moins subtilement. Au risque d'être mis face à ses précédents propos. Les journalistes ont aussi retrouvé des sources mettant en cause l'ex-ministre du budget.
Jamais depuis son élection, le président de la République ne s’était exprimé sur l’attitude qu’il prônerait en cas de mise en cause judiciaire d’un ministre. Il a fini par trancher.
FO et la CGT appellent à manifester ce mardi contre l’accord sur l’emploi, à la veille de sa présentation en conseil des ministres. François Hollande refuse d’amender le texte et confirme son objectif d’inverser la courbe du chômage cette année. Selon l’Élysée, il n’y a pas, en l’état, de rupture à gauche.
Jérôme Cahuzac tente de sauver son poste ministériel en multipliant les pressions sur la justice et en liant à son sort tout le pouvoir exécutif. C’est une stratégie risquée, qui pourrait exaspérer Matignon et l’Élysée tant ils se retrouvent ainsi placés en première ligne du scandale.
Déjà embarrassé par le compte en Suisse de Jérôme Cahuzac, le gouvernement est fragilisé par sa gestion du dossier social de Florange. Pour François Hollande, qui s’y était rendu pendant la campagne, il y va de sa crédibilité auprès des ouvriers qui l’accusent de trahison.