Trente ans après l’unification, citoyennes et citoyens est-allemands se sentent encore souvent délégitimés par le modèle dominant. Pourtant, tout n’est pas à jeter dans l’héritage de la RDA. Entretien avec la chercheuse Élisa Goudin-Steinmann.
Ils ont été les bâtisseurs du Parti communiste. Quand tant d’autres ont été éliminés ou ont claqué la porte, Marcel Cachin, Eugen Fried et Maurice Thorez sont restés au sommet jusqu’à leur mort. Le prix ? Tout accepter : les ignominies staliniennes et les volte-face de Moscou.
Un mois après leurs camarades français, les socialistes italiens se retrouvent à Livourne. Leur congrès débouche également sur une scission. Mais les débats sont assez éloignés de ceux de Tours.
De 1915 à 1925, les partis communistes étaient porteurs de visions différentes du nouvel internationalisme à bâtir. Ce pluralisme, peu à peu anéanti par la mise au pas soviétique, a ainsi abrité une série de possibles non advenus, ou tués dans l’œuf.
Les harkis, ces Algériens qui ont risqué leur vie pour la France pendant la guerre d’indépendance algérienne, continuent de faire l’objet d’instrumentalisations et de polémiques enfiévrées de part et d’autre de la Méditerranée. Plongée dans une mémoire à vif avec les historiens Fatima Besnaci-Lancou et Gilles Manceron.
Face à l’obscurantisme qui, de la Maison Blanche au film Hold-Up, se contrefiche des faits, se dresse un autre type de mépris de la vérité, qui se fait pourtant au nom de la science, et sur lequel un livre, Les Gardiens de la raison, a minutieusement enquêté.
Le marathon commémoratif de la Première Guerre mondiale se conclut ce 11 novembre avec la panthéonisation de Maurice Genevoix. Retour sur la fièvre mémorielle dont fait montre ce pouvoir, qui vampirise le passé faute de futur.
Le 17 octobre 1961, sept ans après le début de la guerre d’Algérie, la police française réprime violemment des manifestants algériens pacifiques. Retour, 59 ans plus tard, sur une des pages les plus sombres de l’histoire française, un crime d’État longtemps nié, avec l’historienne Linda Amiri.
Entretien avec l’historien Quentin Deluermoz, auteur de Commune(s) 1870-1871. Il y restitue les échos hors normes de cette insurrection parisienne, en saisissant l’événement dans ses multiples dimensions, dans le temps comme dans l’espace. Un travail ambitieux sur un « spectre » encore agissant.
Deuxième volet de notre cycle d’entretiens sur l’histoire franco-algérienne. Nous recevons Raphaëlle Branche, autrice de « Papa, qu’as-tu fait en Algérie ? », une recherche menée auprès de dizaines de familles pour comprendre les « structures de silence » ayant entouré la guerre d’Algérie.
Les présidents français et algérien promettent de « réconcilier » les mémoires meurtries par la colonisation et la guerre. Mais Emmanuel Macron peut-il être crédible dans sa démarche, à l’heure même où il légitime les traditionnelles obsessions identitaires françaises ? On en parle avec l’historien Benjamin Stora, missionné par l’Élysée pour relever le défi mémoriel.
Rencontre avec Bernard Friot, qui s’efforce de revenir à l’usage marxien du terme « communisme » en intégrant un dépassement du capitalisme à partir de ce qui n’en est déjà plus, ici et maintenant.
Tour de France, 18e étape, km 0. Des villages de l’errance de la fin du XIXe aux combats de la classe paysanne-ouvrière espagnole, russe, italienne jusqu’au « prolétariat sans droit » des saisonniers d'aujourd’hui, l’historien Michel Étiévent raconte cette vallée qui voit désormais fondre l’or blanc.
Dans un livre récent, Nicolas Poirier restitue les apports du philosophe en ce qui concerne le caractère politique des droits de l’homme, l’originalité de la démocratie comme forme de société et le fantasme d’unité qui nourrit les dérives totalitaires.
La fin d’une revue d’idées n’est jamais une bonne nouvelle. Mais les motifs invoqués par Pierre Nora pour annoncer la fin de la parution du Débat, revue publiée depuis quarante ans chez Gallimard, révèlent surtout la fossilisation de toute une génération d’intellectuels.
Une blessure, l’épreuve du vieillissement, la maladie ou la crainte de la mort : la vulnérabilité, part essentielle de nos existences, est pour Emmanuel Levinas ce qui nous ouvre à autrui, à l’éthique et à la responsabilité. La philosophe Corine Pelluchon, dans un passionnant cours dispensé à des soignants quelques mois avant le début de la pandémie, place l’expérience du soin au cœur de sa réflexion et nous invite à relire Levinas.