L’écrivaine Joy Sorman a suivi durant un an la vie d’un service de psychiatrie. En racontant les malades, les soignants, À la folie plonge au cœur de nos contradictions. Un très beau livre pour nos vies intérieures.
Un bref instant de splendeur, paru en 2019 avec grand succès, est le premier roman du poète américain Ocean Vuong, né en 1988 à Hô Chi Minh-Ville, un des auteurs fétiches d’Édouard Louis. Il s’y adresse à sa mère, qui émigra avec lui aux États-Unis.
Un livre alerte et documenté, de Roy Pinker, Fake News & viralité avant Internet, en quinze chapitres qui fonctionnent telles des piqûres de rappel, relie la question de la communication virale au fonctionnement de l’espace public à l’ère marchande.
Le sociologue Stéphane Beaud et l’historien Gérard Noiriel, figures de la recherche sur les mondes populaires et immigrés, proposent une « socio-histoire de la raison identitaire » qui prétend tracer une voie sereine à travers des questions brûlantes mais multiplie les embardées.
En braquant son regard sur les braqueurs, les voleurs, les gendarmes, mais aussi et surtout les volés, Arnaud-Dominique Houte fait effraction dans l’histoire de la France contemporaine pour saisir les évolutions de son rapport à la propriété.
Un recueil de nouvelles peut donner le sentiment d’être un roman éclaté en une constellation. On lit d’un seul tenant, ou bien par instants, et on retrouve des trajectoires, des silhouettes, des motifs. C’est ce que l’on éprouvera en lisant Les Orages, de Sylvain Prudhomme. Treize récits qui disent ce moment où la tension rassemblée dans les nuages éclate avant l’éclaircie ou la lumière neuve du jour.
Alors qu’un nouveau confinement pointe à l’horizon, le philosophe Bruno Latour propose dans son dernier ouvrage de tirer quelques enseignements de ce moment de suspension et de le considérer comme une épreuve pour notre nouveau régime climatique.
Dans Théologie du capital, essai percutant qui systématise les intuitions de Proudhon, Marx, ou encore Walter Benjamin, Édouard Jourdain démontre que l’économie, c’est la continuation de la doctrine de la foi par d’autres moyens.
Face à la tragédie qui se joue en Haïti, dont des habitants sont chaque jour assassinés par un gang ou tués par des policiers, et spoliés par un pouvoir corrompu, l’écrivain se tourne vers la poésie, comme un flot de lumière face à la noirceur de l’existence.
Un siècle et demi après le début du soulèvement parisien, un livre-somme retrace minutieusement la réalité de l’événement et les controverses politiques et historiographiques qu’il continue d’irriguer jusqu’à nos jours.
Près de mille pages pour cent personnages : avec O, Miki Liukkonen, jeune auteur finlandais, a écrit un roman somme, un chef-d’œuvre où l’angoisse du vide est saturée par beaucoup de plein.
La répression qui s’est abattue sur l’Égypte depuis l’accession au pouvoir du maréchal Sissi n’est pas synonyme de société atone ou immobile. Trois chercheurs explorent ce qu’il reste de vivant sous la chape de plomb et de silence du régime.
C’est une œuvre majeure qui vient d’être arrachée à l’oubli. Dans La Septième Porte, œuvre d’érudition autant que conte, le poète, romancier et cinéaste Ahmed Bouanani (1938-2011) retrace quatre-vingts ans d’histoire du cinéma marocain.
À l’heure où la surveillance globale dispose de moyens technologiques inédits, l’anthropologue James C. Scott propose une généalogie de la volonté de savoir, et de voir, mise en place par les États modernes.
Bernard Lahire continue d’étendre le domaine des sciences humaines avec un second ouvrage destiné à comprendre sociologiquement nos pratiques oniriques. Et ébauche une analyse de nos rêves de confinement.
Nœuds de vie, recueil de fragments inédits de Julien Gracq, paraît aux éditions José Corti, treize ans après la mort d’un auteur incomparable qui assurait : « Ce qui n’a pas été dit ainsi n’a jamais été dit. » Retour sur un écrivain transcendant.