La répression qui s’est abattue sur l’Égypte depuis l’accession au pouvoir du maréchal Sissi n’est pas synonyme de société atone ou immobile. Trois chercheurs explorent ce qu’il reste de vivant sous la chape de plomb et de silence du régime.
C’est une œuvre majeure qui vient d’être arrachée à l’oubli. Dans La Septième Porte, œuvre d’érudition autant que conte, le poète, romancier et cinéaste Ahmed Bouanani (1938-2011) retrace quatre-vingts ans d’histoire du cinéma marocain.
À l’heure où la surveillance globale dispose de moyens technologiques inédits, l’anthropologue James C. Scott propose une généalogie de la volonté de savoir, et de voir, mise en place par les États modernes.
Bernard Lahire continue d’étendre le domaine des sciences humaines avec un second ouvrage destiné à comprendre sociologiquement nos pratiques oniriques. Et ébauche une analyse de nos rêves de confinement.
Nœuds de vie, recueil de fragments inédits de Julien Gracq, paraît aux éditions José Corti, treize ans après la mort d’un auteur incomparable qui assurait : « Ce qui n’a pas été dit ainsi n’a jamais été dit. » Retour sur un écrivain transcendant.
Premier roman de Dimitri Rouchon-Borie, Le Démon de la colline aux loups se lit dans un souffle retenu tant la voix du narrateur, Duke, nous plonge dans une vie tout entière de désastre et saccage. La lumière surgit pourtant. Et on assiste à la naissance d’une conscience par l’écriture. Merveilleux.
« Aucun homme n’est illégal », scandait un vieux slogan, il y a quelques décennies : il n’a jamais semblé moins vrai. Avec La Vie légale, Dominique Dupart écrit le roman de notre monde sauvage, celui du début du XXIe siècle.
La politiste Vanessa Codaccioni, qui publie un ouvrage sur la « société de vigilance », revient sur la décision du Conseil d’État d’autoriser le fichage des opinions politiques et syndicales.
Publié en arabe en 2016, Un détail mineur, de la romancière palestinienne Adania Shibli, est une œuvre fascinante. Tout commence le 9 août 1949 : un an après la première guerre israélo-arabe (événement fondateur de l’État israélien, mais aussi de l’identité palestinienne), une jeune Bédouine est violée et tuée dans le désert.
Régine Poloniecka, médecin engagée dans les causes humanitaires, écrivaine à ses heures, publie, à 84 ans, un recueil de récits insolites, poétiques. Et parcourus d’effrois du passé, convertis en ouvertures généreuses vers autrui. Rencontre.
Dans son dernier livre, l’écrivaine Léonora Miano poursuit son sillon à la fois politique et littéraire pour dessiner un monde « post-occidental » et « post-raciste ». Une réflexion autour de la notion peu usitée d'« Afropea ».
À 19 ans, dans son île natale d’Haïti, René Depestre voulait être à la fois homme d’action, militant politique et poète. Mais il fuit la répression pour Cuba. Ce séjour est raconté dans le Cahier d’un art de vivre - Cuba 1964-1978 dont chaque page est un régal.
L’auteur de L’espion qui venait du froid est mort le 12 décembre. En mars 2004, alors qu’il venait de prendre publiquement position contre l’engagement de Londres aux côtés de Washington dans la guerre d’Irak, René Backmann s’était rendu chez lui pour comprendre les raisons de cette intrusion inhabituelle dans le débat géopolitique.
Alors que de nouvelles polémiques sur le « postcolonial » ont émaillé la rentrée et que l’accord de divorce entre l’UE et la Grande Bretagne a abouti, l’ouvrage de référence du Britannique Paul Gilroy est enfin traduit en français.
En 2018, le meurtre du journaliste Ján Kuciak et de sa compagne provoque une crise sans précédent en Slovaquie. Manifestations, démissions, purges dans la police et la justice… jusqu’à l’élection à la présidence de la République, en mars 2019, d’une militante anticorruption. Dans Le Bal des porcs, l’écrivain et journaliste Arpd Soltész reprend cette affaire en une fresque magistrale.
Dans son dernier livre, le sociologue américain repense à nouveaux frais les moyens de subvertir l’ordre social existant. Ne croyant ni à la rupture, ni à la fuite, ni à l’accommodement avec le capitalisme, il propose de procéder à son érosion.