Pour la première journée de discussion au sein de la commission spéciale sur la réforme des retraites, le 3 février, les gauches, parfois aidées par la droite, ont fait union pour déconstruire le projet de loi. LREM et ses alliés se sont tus, comme tout le gouvernement.
Camille Peugny, enseignant-chercheur à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, explore le lien entre inégalités et nouveau régime de retraites.
Plein de certitudes, le gouvernement a pensé gagner facilement la bataille de l’opinion avec ses arguments. En réalité, la défaite sur le terrain des idées a été complète. Et pose le problème de l’avenir politique de la réforme.
Partout en France, la mobilisation pour cette neuvième journée nationale de manifestation contre la réforme des retraites est en baisse. Selon le ministère de l’intérieur, seulement 108 000 personnes ont défilé. Une question revient, lancinante : faut-il monter d’un cran dans la radicalité ?
Avant la conférence de financement, les députés ont commencé leurs auditions sur la réforme des retraites, au sein d’une commission spéciale. Dopées par l'avis critique du conseil d'Etat, les oppositions tentent de freiner, voire bloquer le projet de loi, et pointent tous ses écueils. La majorité, elle aussi, réclame des précisions au gouvernement.
Dévoilée le 24 janvier, l’étude d’impact du projet de loi de réforme des retraites ne présente pas la vérité des faits. Elle « oublie » notamment les effets de l’âge pivot, la mesure qui est pourtant au cœur de la réforme.
Des projections financières « lacunaires », des « différences de traitement » injustifiées, un recours exagéré aux ordonnances, des promesses contraires à la Constitution… Dans son avis rendu le 24 janvier, le Conseil d’État attaque sévèrement la réforme des retraites. Et dénonce l’empressement de l’exécutif à vouloir faire passer un texte dont la « sécurité juridique » n’est pas garantie.
Malgré la volonté du pouvoir de passer en force, la mobilisation contre le projet de réformes des retraites ne faiblit pas et a même connu un regain de mobilisation ce vendredi 24 janvier. À Paris, ils étaient au moins 40 000 manifestants à défiler. Avec un point commun, leur détermination.
Le nouveau système des retraites prévoit un ajustement permanent des paramètres en fonction de la situation financière. En cas de crise, ce mécanisme d’austérité permanente pourrait être particulièrement violent.
Absence de remontées chiffrées, faiblesse de la présence syndicale, peur des représailles, les motifs qui entravent et invisibilisent la grève dans le secteur privé sont nombreux. La mobilisation contre la réforme des retraites, qui se poursuit ce 24 janvier, ne déroge pas à la règle. Témoignages.
Si le gel du point d’indice de la fonction publique, en vigueur depuis 2010, est maintenu jusqu’en 2022, ce qui est l’hypothèse du gouvernement, le pouvoir d’achat des fonctionnaires en sera affecté. Mais c’est surtout celui des pensions publiques qui accusera un recul sans précédent, de près de 16 % sur cette période.
Depuis deux ans, l’exécutif entretient une stratégie du flou sur une réforme qui va toucher plus de 45 millions de personnes. Comment le nouveau régime se mettra-t-il en place ? Il est demandé aux Français d’accepter la réforme sans connaître précisément ses mécanismes les plus cruciaux.
À l’exception de La France insoumise, l’ensemble des partis de gauche et les écologistes ont signé une « plateforme commune » pour proposer une « réforme progressiste » du système des retraites. Des divergences demeurent néanmoins, y compris sur des points clefs.
Alors que la mobilisation contre la réforme des retraites entame sa septième semaine, les initiatives se multiplient pour malmener le pouvoir. Lancer sa robe d’avocat, sa blouse, son bleu de travail, aux pieds des directions et des ministres, chanter, danser... Dans une guerre d’usure, marquer les esprits devient vital pour la survie du mouvement.
Contestée en interne, violemment critiquée par les opposants au projet de loi toujours mobilisés, la stratégie de la CFDT sur la réforme des retraites est risquée. Frédéric Sève, chargé du dossier pour le syndicat, défend la négociation mordicus, « même quand le contexte n’est pas favorable ». Entretien.
La philosophie du projet de loi retraites, prévu le 24 janvier en conseil des ministres, reste inchangée : un alignement général sur un même régime, quitte à multiplier les perdants. Les femmes sont visées à plus d’un titre. Décryptage point par point.