Avec une participation en hausse, le « oui » ne parvient pas à l’emporter au second référendum mais progresse presque partout, en brousse comme en ville. La perspective d’une indépendance de l’archipel lors d’un troisième scrutin demeure possible.
La campagne du deuxième référendum d’autodétermination a été marquée par la radicalisation des positions politiques. Alors que l’accord de Nouméa touche à sa fin, le dialogue entre loyalistes et indépendantistes est rompu. L’avenir de l’archipel est suspendu aux résultats du scrutin, dimanche.
Quelles sont les forces en présence et les enjeux profonds du deuxième référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, dimanche 4 octobre ? Entretien avec Isabelle Merle, historienne de la colonisation et spécialiste de l’histoire du Pacifique.
Le premier ministre a proposé de reporter au 4 octobre le deuxième référendum d’autodétermination, initialement prévu le 6 septembre. Dans l’archipel, globalement épargné par la pandémie de Covid-19, la crise sanitaire a laissé des « traces profondes » qui n’augurent rien de bon sur le plan politique.
Les membres du comité des signataires de l’accord de Nouméa se sont réunis jeudi à Matignon pour fixer la date du deuxième référendum d’autodétermination. Face aux désaccords des loyalistes et indépendantistes, le premier ministre a fini par trancher : ce sera le 30 août ou le 6 septembre 2020.
Avec leur ouvrage étudiant, en longue durée, les pratiques de l’indigénat en Nouvelle-Calédonie, les historiens Isabelle Merle et Adrian Muckle montrent comment l’archipel doit, encore aujourd’hui, faire face à l’héritage de pratiques et de lois qui ont remodelé l’ensemble du territoire et des relations sociales.
Une langue perdue, une mémoire occultée, des familles brisées, des silences tenaces… L’histoire des Japonais débarqués en Nouvelle-Calédonie pour travailler dans les mines de nickel s’apparente à un récit tragique, depuis les mines de Thio jusqu’aux camps d’internement en Australie.
Alors qu’un comité des signataires se tient jeudi à Matignon pour fixer la date du nouveau référendum sur l’indépendance, le leader indépendantiste Paul Néaoutyine, président de la province Nord, expose à Mediapart les enjeux du scrutin, après la courte victoire des loyalistes l’an dernier.
Faute d’accord entre les loyalistes, les membres du nouveau gouvernement de Nouvelle-Calédonie n’ont pas pu désigner de président. En attendant que la situation se décoince, les discussions sur l’avenir de l’archipel sont au point mort. Il reste 18 mois à l’État pour organiser un deuxième référendum.
Six mois après la victoire du « non » au référendum, les électeurs calédoniens se sont de nouveau rendus aux urnes pour élire leurs représentants au Congrès. Les loyalistes conservent de peu leur majorité, les indépendantistes gagnent du terrain, les modérés sont balayés… Et les fractures renforcées.
Quels enseignements tirer du référendum du 4 novembre en Nouvelle-Calédonie ? La participation, le vote communautaire, la géographie électorale et la dynamique politique dessinent les contours du possible prochain référendum, en 2020.
Au lendemain du référendum historique sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, les vaincus sont heureux et les vainqueurs mécontents. En visite dans l’archipel, le premier ministre a pris rendez-vous avec les forces politiques pour un comité des signataires de l’accord de Nouméa, en décembre, à Paris.
Lors du référendum sur l’indépendance, le non l’a emporté, avec 56,4 % des suffrages exprimés. Mais l’écart est moins fort que ce que les loyalistes escomptaient.
Il est rare qu’un scrutin concernant moins de 175 000 électeurs, dans un pays qui ne sort pas d’une guerre, se déroule sous le regard de l’ONU, de 250 observateurs et d’une foule de journalistes. Mais, 165 ans après l'annexion de la Nouvelle-Calédonie par la France, l’archipel se déplace ce dimanche aux urnes pour accéder, ou non, à l’indépendance.
À Hienghène, dans le fief des Tjibaou comme sur le reste de la côte orientale, les Kanak affichaient, à la veille du scrutin, leur sérénité. « Si on n’est pas indépendant dimanche, on n’est pas pressé. Moi, je n’ai peut-être pas de montre, comme les gens de Nouméa, mais j’ai le temps », dit Bernard Maépas, président du conseil des anciens de la tribu.
À trois jours du référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, retour sur les lieux et l’histoire de la photo la plus emblématique de la lutte kanak quand en 1984, l’indépendantiste Éloi Machoro brisa à coups de hache l’urne symbole de la tutelle française.