Un référendum à l’autre bout du monde avec un corps électoral de la taille d’une ville comme Le Havre ? Alors qu’il ne semble guère intéresser l’Hexagone, le vote du 4 novembre n’est pourtant pas seulement primordial pour l’île : il est aussi décisif pour la France, sa façon de regarder le passé comme d’envisager l’avenir.
Exploitation minière à ciel ouvert et à grande échelle, territoire sous-doté en infrastructures de base, exode rural, échec scolaire massif, suicides : la côte Est de la Nouvelle-Calédonie est un concentré des inégalités qui déchirent l’archipel. La région est peuplée presque exclusivement de Kanak.
«Kanaky-Nouvelle-Calédonie. La métamorphose du Caillou» a été tourné pendant la campagne du référendum d'autodétermination qui aura lieu le 4 novembre. Trente ans après la tuerie de la grotte d'Ouvéa et les accords de Matignon, dans un pays apaisé, Kanak et Calédoniens confient leurs doutes et certitudes. 53 minutes pour comprendre les enjeux du scrutin.
Avant le référendum d’autodétermination qui se tiendra en Nouvelle-Calédonie le 4 novembre, le haut-commissaire de la République Thierry Lataste, représentant de l’État dans l’archipel, revient sur les enjeux du processus de décolonisation engagé il y a trente ans. Et sur ce qu’il reste à faire pour apaiser une société encore fracturée.
La Nouvelle-Calédonie aborde sans enthousiasme la dernière ligne droite avant la consultation. Une fraction des partis et organisations indépendantistes appelle au boycott, mais l’immense majorité des structures politiques et des institutions veille surtout à ce que le scrutin ne vire pas à la confrontation, quitte à privilégier le statu quo au processus de décolonisation.
À Kouaoua, de jeunes Kanak protestent contre l’ouverture de trois nouveaux sites d’extraction de minerai. Face à la mobilisation, la société Le Nickel, premier employeur privé du pays, a fermé la mine pour une durée indéterminée.
Alors que la Nouvelle-Calédonie doit se prononcer sur sa souveraineté par référendum le 4 novembre 2018, Mediapart revient en quatre épisodes historiques, sur le projet colonial français dans cet archipel du Pacifique.
Trente ans après les accords qui ont ramené la paix civile en Nouvelle-Calédonie, les partis indépendantistes sont à nouveau réunis sous la bannière du FLNKS en vue du référendum pour accéder à la pleine souveraineté. Les projections donnent cependant une large avance au « non ».
Le groupe dit « du chemin de l’avenir », censé définir un socle commun entre loyalistes et indépendantistes avant le référendum d’autodétermination du 4 novembre, a de nouveau explosé. En jouant « le coup d’après », la droite locale fait peser un risque lourd sur la suite des événements.
Pour les uns, le sujet est « réglé » depuis longtemps. Pour les autres, en 2018, revendiquer des terres au nom du peuple kanak est légitime et indispensable. Quarante ans après les premières restitutions, et à cinq mois du référendum sur l’indépendance, le foncier accapare toujours la vie publique du Caillou.
Durant son voyage officiel de trois jours, le président de la République a donné des gages symboliques aux indépendantistes tout en envoyant des signaux aux partisans du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France. Il a maintenu sa visite sur l’île d’Ouvéa, mais il s’est tenu en retrait lors de la remise de gerbes sur la tombe des 19 Kanak morts à la suite de l’assaut donné par l’armée il y a trente ans.
Trentenaire de l’assaut de la grotte, hommage aux 19 morts du commando indépendantiste kanak, première visite d’un président de la République, le tout à six mois d’un référendum sur l’indépendance : cela fait beaucoup de dates et de symboles pour la petite île d’Ouvéa, 3 000 habitants, cinq églises, une seule route. Reportage.
Membre du groupe de Kanak réfugiés avec ses otages dans la grotte en 1988, président de l’Association des anciens prisonniers politiques d’Ouvéa, Jonas Adeda tient un discours d’apaisement et de non-violence. Il estime toutefois que les prisonniers politiques sont « les oubliés des accords de Matignon-Oudinot ».
Ouvéa. 5 mai 1988. 4 mai 1989. Ces deux dates tragiques dans l’histoire de la Nouvelle-Calédonie – l’assaut contre les indépendantistes ravisseurs de gendarmes, il y a trente ans, et le meurtre de Jean-Marie Tjibaou et de Yeiwéné Yeiwéné, un an après – continuent de nourrir la politique contemporaine de l’archipel.
Le trentième anniversaire de l’assaut sur la grotte d’Ouvéa est l’occasion d’ultimes tentatives pour nier, déformer ou s’approprier le passé. Les éléments à disposition permettent pourtant de nommer les choses : un massacre colonial amnistié sans être assumé, avec ses tortures, ses « corvées de bois » et ses blessés achevés à coups de feu ou de savate.