Inconnu du grand public en RDC comme en Belgique, le Belge Philippe de Moerloose, fournisseur préféré de camions et de tracteurs du président Kabila, a pourtant bénéficié d’au moins 742,9 millions de dollars de contrats avec l’État congolais, en imposant des profits usuraires.
La « Cité du fleuve » devait être un « centre urbain de classe internationale » dans la capitale congolaise. Dix ans plus tard, ce sont quelques bâtisses vulnérables aux inondations. Entre-temps, son promoteur français a multiplié les virements suspects et caché à ses clients les sanctions dont il faisait l’objet.
Les documents de « Congo hold-up » ne mettent pas seulement en cause l’ancien président congolais Joseph Kabila. Ils démontrent également qu’au moins deux collaborateurs de l’actuel président, Félix Tshisekedi, ont continué de faire des affaires après leur prise de fonction à la présidence. Au risque du conflit d’intérêts.
Luxueux « cadeaux », contrats passés sans appels d’offres, montants extravagants… Le détail des comptes de l’organisation du Sommet de la Francophonie tenu en 2012 à Kinshasa est accablant pour l’État congolais. Au total, 90 millions de dollars ont été dépensés pour deux jours de sommet, dans un pays où 73 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Une partie de cette frénésie dépensière a été financée par des fonds de l’aide publique au développement française.
Ces dernières années, la mission « Eucap Sahel », basée à Agadez, est devenue le symbole de l’utilisation dispendieuse de l’argent européen et de l’absence de stratégie des 27 pour la région. Censée aider à la stabilisation du Niger, elle a été dévoyée pour lutter contre les flux migratoires.
La filiale française de la BGFI a fait transiter, en tant que banque correspondante, des dizaines de millions de dollars de transactions suspectes liées aux affaires de corruption et de détournements de fonds publics révélées par les enquêtes « Congo Hold-up ».
Plusieurs manifestants qui voulaient barrer la route à un convoi de l’opération Barkhane ont été tués, et d’autres blessés, au Burkina Faso et au Niger. L’armée française reconnaît avoir fait usage d’armes létales. Ces incidents interviennent dans un contexte tendu, alors que l’image de la force Barkhane est dégradée au Sahel, et que la politique de la France y est de plus en plus contestée.
À Jebiniana, une localité du centre de la Tunisie historiquement à gauche, de nombreux jeunes attendent beaucoup du président depuis son coup de force du 25 juillet. Mais rien de bien tangible ne se concrétise.
L’entreprise congolaise Egal, qui a détourné 43 millions de dollars de fonds publics en 2013, en a reversé 3,3 millions sur un compte de la présidence de la République de RDC afin de compenser un retrait d’espèces effectué par le directeur financier du président Joseph Kabila.
Une société-écran, alimentée par deux sociétés d’État chinoises détentrices du plus gros contrat minier de l’histoire de la RDC, a versé au moins 30 millions de dollars à la famille et au premier cercle de l’ancien président Joseph Kabila. Sa famille a aussi obtenu en secret des parts dans l’autoroute et le barrage liés à la mine.
En réinstallant le premier ministre dans ses fonctions, les militaires ont réussi à institutionnaliser leur putsch d’octobre. Mais un obstacle se dresse encore devant eux : la population, qui reste fortement mobilisée. Reportage à Khartoum, dans la manifestation du 25 novembre.
Les 3,5 millions de documents bancaires de « Congo hold-up » permettent d’identifier un réseau d’entreprises, opérant dans la communauté indienne de RDC, qui pourraient avoir blanchi des centaines de millions de dollars. Plusieurs entreprises françaises figurent parmi les bénéficiaires.
Bien qu’interdits d’accès au système bancaire international, des hommes d’affaires libanais ont pu continuer leur business grâce à la banque congolaise BGFI RDC. Notre enquête montre qu’ils ont versé 3 millions de dollars à une société-écran propriété de la famille Kabila, l’ancien président congolais.
En RDC, pas un budget public ne semble avoir échappé aux appétits de l’élite au pouvoir lors des mandats du président Kabila. « Congo hold-up » révèle comment même les fonds réservés aux élections, hautement symboliques, ont fait l’objet de détournements.
Mediapart a analysé les comptes bancaires à la BGFI de six membres de la famille Kabila et de leurs sociétés. On y découvre des millions de dollars de mouvements d’espèces, des versements de fonds publics et certaines transactions suspectes.
Reprise par la famille Kabila en 2015, la société textile Sotexki, ancien fleuron industriel de la RDC en grande difficultés financières, a été renflouée grâce à des commandes publiques et à un prêt de la BGFI, alors dirigée par le frère du président Kabila.