Si des terres de gauche basculent vers l’extrême droite, ce ne sont pas les ouvriers qui votaient hier pour la gauche qui votent désormais pour le FN. C'est ce qui ressort des travaux des chercheurs Nonna Mayer et Florent Gougou. Ils démontrent qu'il s'agit plutôt d'un « droito-lepénisme » que d'un « gaucho-lepénisme », thèse pourtant dominante dans les médias.
Dans Bienvenue à Hénin-Beaumont, la correspondante de Libération à Lille, Haydée Sabéran, livre un reportage fouillé sur le « laboratoire » du FN et ses ressorts dans cette ancienne cité minière du Pas-de-Calais. Mediapart en publie de larges extraits.
Trésorier de Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen, jusqu’en mars 2012, Olivier Duguet a été condamné en juin 2012 à six mois de prison avec sursis dans une affaire d'escroquerie au préjudice de Pôle emploi dont le montant s'élève à plus de 100 000 euros.
Marine Le Pen ne se contente pas de dire tout le bien qu'elle pense de Vladimir Poutine. Son parti et son entourage cultivent de solides réseaux russes, à Paris comme à Moscou. Ces liens sont bien plus que géopolitiques.
À deux mois des municipales, l'historien des extrêmes droites Nicolas Lebourg estime que le FN n'est pas en capacité de faire exploser les droites et décrypte l'équilibre interne difficile du parti.
Dans un livre, le journaliste Frédéric Haziza assimilait Frédéric Chatillon aux « néonazis » et au « négationnisme ». Le conseiller officieux et vieil ami de Marine Le Pen a été débouté mercredi de sa demande de supprimer plusieurs extraits de l'ouvrage.
Dans une attestation détaillée, un ex-militant du GUD raconte la « haine maladive des juifs » de Frédéric Chatillon, ancien leader de cette organisation, devenu conseiller officieux de Marine Le Pen et prestataire du FN : liens avec Robert Faurisson et Dieudonné, dîners « hommages » à Hitler, « soirées "pyjamas rayés" », connexions avec le régime syrien.
Dimanche, la «Manif pour tous» défile à nouveau dans Paris. Très en avant dans cette mobilisation, candidate aux municipales et seule députée à porter le label FN, Marion Maréchal-Le Pen joue un rôle de premier plan dans l'entreprise familiale. Si elle compose avec une partie de la droite dans le Vaucluse, c'est une galaxie radicale ancrée à l'extrême droite, du GRECE au GUD, qui l'entoure et la conseille.
Dimanche, une cinquantaine d'associations défilent à Paris à l'appel d'un mouvement baptisé « Jour de colère ». Ce collectif se veut «apolitique» et «citoyen». Derrière, on trouve pourtant toute la nébuleuse de l'ultra-droite. Le mouvement est aussi soutenu par Dieudonné et les catholiques intégristes.
Marine Le Pen les avait présentés comme des prises de guerre. Aujourd'hui, des transfuges de gauche et de droite claquent la porte du parti. Certains dénoncent la radicalité de sa base. D’autres, sans renier les idées frontistes, critiquent un parti « pas démocratique » et « sexiste ». Témoignages.
Un faux panel de témoins présentés comme « non encartés », des dialogues écrits à l'avance : le 21 octobre, Marine Le Pen était dans l'Oise pour une table ronde avec des retraités montée de toutes pièces par le FN, comme l'a révélé le « Petit Journal ». « Cette opération n'a pas été montée, elle a été cadrée », répond le FN.
Marine Le Pen a déclaré 130 000 euros de dépenses en “études d'opinion” pour la présidentielle. Une première dans un parti officiellement allergique aux sondages. D'après nos informations, elle n'a pas complètement cédé à la tentation, mais franchi un premier pas en se payant des enquêtes de notoriété sur internet.
Deux débats : le premier, avec des chercheurs, pour une radiographie du FN ; le second, avec des élus et responsables associatifs, aux réponses à donner sur le terrain.
À cinq mois des municipales, Marine Le Pen tente de contrôler l'expression de ses candidats et se félicite du « ménage » effectué dans son parti. En réalité, elle se contente d'un toilettage en contrôlant non pas les idées mais simplement leur diffusion. Des chercheurs expliquent pourquoi le grand ménage au FN est impossible.
Marine Le Pen a confié à la galaxie des anciens du GUD, groupuscule étudiant d'extrême droite radicale, de nombreux postes financiers, leur conférant la haute main sur la trésorerie du parti. Au centre de cette nébuleuse : Frédéric Chatillon, dont la société a perçu 1,6 million d'euros pendant la campagne présidentielle, d'après des documents consultés par Mediapart.
C’est sans doute la pire des mystifications frontistes : Marine Le Pen n’incarne en rien une alternative au « système », mais elle en est le révélateur au sens heuristique. Le Front national est depuis 30 ans « la chambre noire » de l’idéologie dominante, le laboratoire d’un modèle de gestion « autoritaire » de la crise.