Dans son dernier livre, la philosophe Barbara Stiegler décrit son « basculement dans l’action » et propose des pistes pour se sortir des rets d’un néolibéralisme dont le grand récit, forgé à partir d’une lecture tronquée de la révolution darwinienne, continue de nous entraver.
Vous ignorez qui est Deborah Levy ? Plus pour longtemps. Ce que je ne veux pas savoir et Le Coût de la vie – les deux premiers volumes de son autobiographie pour lesquels elle a remporté lundi 2 novembre le prix Femina du roman étranger – viennent d’être traduits, et c’est splendide.
Pour le sociologue et philosophe allemand, la brèche ouverte par le coronavirus, après des siècles d’accélération de nos vies et des décennies de sentiment d’impuissance politique, peut laisser espérer une véritable bifurcation.
Par sa construction fragmentaire, sa circulation entre les langues – l’arabe, le français –, son humour porté autant sur la tendresse que sur l’autodérision, La Petite Dernière de Fatima Daas possède de vraies qualités littéraires. Relié aux transformations des luttes antiracistes, féministes, populaires, ce monologue en est aussi une juste expression.
Nul ne sait ce que sera la rentrée sociale. Mais à lire Alice Zeniter, Barbara Stiegler, Émilie Notéris, Sandra Lucbert ou Aude Lancelin, la rentrée littéraire engage au combat.
Fille est un roman de la maturité, maîtrisé, bouleversant d’un point de vue intime et politique. Camille Laurens y intente le procès du patriarcat, libère les femmes de leurs jougs et bâtit un Tombeau de la langue française enfin récurée, rédimée.Première chronique consacrée aux nouveaux romans à paraitre en cet automne 2020
D’où vient Laure, de son vrai nom Colette Peignot ? De Bataille, Leiris et compagnie ? Plutôt de sa bataille à elle, et contre elle : l’enfance, la religion, la société des établis. Une nouvelle édition de ses écrits met enfin l’écrivaine au centre de son écriture.
Bienvenue à Sturkeyville est un recueil de six nouvelles horrifiques qui prennent place dans une ville imaginaire de Nouvelle-Angleterre. Au programme, vers géants, vampires crados, larves cannibales… et une vision plutôt sombre de la société américaine.
Né en 1932 et mort en combattant pour le Biafra en 1967, le poète nigérian est un auteur essentiel pour maints écrivains africains. Son unique recueil Labyrinthes est enfin disponible en français.
Traduit pour la première fois en France, Le triple champion dévoile ses secrets narre l’histoire de Ramón Hoyos, première idole cycliste colombienne dans les années 1950. Mais il révèle aussi les talents d’écrivain d’un jeune journaliste bientôt lui aussi touché par la gloire.
Brassant reportage à ras de l’humain et décryptage économique ou social, Jean-Claude Raspiengeas porte un regard empathique et documenté sur les bagnards du volant. Virée avec des chauffeurs vassaliques anonymes, frappés d’invisibilité.
En explorant les techniques chamaniques du Grand Nord européen et asiatique, l’ethnologue Charles Stépanoff mène une réflexion vertigineuse sur la façon dont les modernes, en réduisant le réel au visible, se sont privés de pans entiers des fonctions imaginatives.
Écrivain d’une grande fantaisie et d’une profonde exigence, Giorgio Manganelli voyait dans la littérature « un artifice, un artefact de destination incertaine et ironiquement fatale ». Cet aspect à la fois dérisoire et nécessaire se retrouve dans La Crèche.
Comment se sont imposées les expressions « Belle Époque » ou « Trente Glorieuses » ? Dans Les Noms d’époque. De « Restauration » à « années de plomb », un collectif réuni sous la houlette de l’historien Dominique Kalifa explore les façons dont, en France comme à l'étranger, on nomme, renomme et déforme les temps.
Deux ouvrages récents éclairent les gens de la péninsule d’un jour nouveau : Histoire populaire de la Bretagne adopte le point de vue des humbles à travers les siècles ; Le Mystérieux Club des trente décrypte la véritable influence du lobby patronal qui manœuvre dans les coulisses du pouvoir.
Le Monde selon Barney, réédité dans une nouvelle traduction en français en 2018, nous plonge dans la tête d’un vieux grincheux, imaginé comme un double de son auteur, le Montréalais Mordecai Richler. C’est moche, méchant, rageur et magnifique.