Il a 29 ans, on sait très peu de choses de lui, sauf qu’il décide de quitter le domicile qu’il partage avec sa mère, de marcher tout droit jusqu’à s’effacer du monde. Dans La Longue Marche, le romancier turc Ayhan Geçgin s’attache à montrer que « résister au monde n’est peut-être pas si facile que ça ».
Dans son dernier livre, l’historien Johann Chapoutot montre comment la réflexion sur la conduite des hommes a été au cœur de la machine nazie, avant de trouver une reconversion après guerre. « Paradoxalement », note-t-il, des idéologues du IIIe Reich ont développé « une conception du travail non autoritaire, où l’employé et l’ouvrier consentent à leur sort et approuvent leur activité ».
L’inversion du stigmate est une technique de lutte bien connue des minorités ; c’est le principe de la Gay Pride. Le livre de Rebecca Makkai, qui raconte le sida dans le Chicago du milieu des années 1980, choisit une autre voie : prendre une population stigmatisée dans les filets d’un roman grand public pour en faire une histoire commune.
Depuis une trentaine d’années, le cinéaste Rithy Panh construit une œuvre-témoignage, une « proposition artistique », aime-t-il à dire : une vingtaine de films, des dizaines de milliers de photos, des livres. Rescapé du génocide perpétré au Cambodge par les Khmers rouges (1975-1979), il publie ces jours-ci son troisième texte, cosigné avec le romancier Christophe Bataille.
En se concentrant sur des éléments qu’on néglige d’ordinaire, Trois Jours dans la vie de Paul Cézanne, de Mika Biermann, et Trois Réputations, de Jérémie Gindre, illustrent l’art de la forme brève pour dire une vie.
Mal connue en France, Ursula K. Le Guin est une star mondiale de la science-fiction. Mais c’est aussi une merveilleuse théoricienne pour penser ici et maintenant. Danser au bord du monde, ou quand une écrivaine féministe de fantasy nous apprend à construire des histoires inédites.
Constamment réédité depuis sa publication anglaise en 1892, The Diary of a Nobody vient d’être traduit en français par Gérard Joulié, auteur d’une préface toute personnelle. Signé des frères Grossmith, il est un classique de l’humour anglais.
Après être restée deux ans en Égypte, durant la révolution de 2011, la doctorante en littérature comparée Zoé Carle a écrit Poétique du slogan révolutionnaire. Elle y analyse cette forme brève qui peut prendre la forme d’un chant, d’un graffiti, d’une banderole, d’une performance, etc., et qui fait advenir une autre pensée de la chose politique.
Pour un Noël en période de grève, il nous faut du rire et du discernement : il est temps de ressortir les manuels de savoir survivre de la flamboyante écrivaine punk Cookie Mueller.
Avec son roman On ne peut pas tenir la mer entre ses mains (Grasset), Laure Limongi, à 43 ans, livre un livre qui se livre : l’enfance, la Corse, l’écriture, la souffrance, la résistance et la beauté des choses en Méditerranée. Entretien.
Si le prix Femina qui lui a été attribué en 2017 a enfin mis l’œuvre de John Edgar Wideman en lumière en France, Mémoires d’Amérique, le premier recueil de nouvelles à paraître dans notre pays, nous assure qu’il est l’un des grands écrivains de notre époque.
En partant d’une étude savante des avant-gardes du début du XXe siècle, un ouvrage explore les ressorts d’une critique radicale, à la fois esthétique et politique, des écueils de la modernité industrielle, qui résonne fortement aujourd’hui.
En ce moment, sur les murs de Beyrouth, on peut voir une très belle affiche avec un visage de femme en colère, en rouge sur fond blanc. Sous l’image, un mot en arabe : « Révolution ! » Le dessin est de Lamia Ziadé dont le livre, Bye Bye Babylone – Beyrouth 1975/1979, est sorti en France au moment où démarrait le mouvement de protestation au Liban.
Pour lire le nouveau livre de la philosophe Vinciane Despret, il n’est pas besoin d’être versé en ornithologie. Il suffit d’être un habitant du monde. Ce bref et passionnant essai offre de quoi repenser notre rapport à l’environnement et les manières de le dire : car les oiseaux ne sont pas les petits propriétaires qu’on a voulu faire d’eux, ils ont bien mieux à nous raconter.
Pouvons-nous trouver dans les œuvres d’art et dans certaines productions esthétiques un relais à nos désirs politiques ? C’est à cette question à la fois ancienne et actuelle que tente de répondre la galeriste Isabelle Alfonsi, dans son ouvrage « Pour une esthétique de l’émancipation ».
Le nouvel ouvrage de Nathalie Quintane, au titre doucement ironique – Les enfants vont bien –, est une suite de phrases qui fusent. Ce texte poétique s’élabore à partir de paroles recueillies dans les discours médiatiques, politiques et militants sur la situation des exilés et des réfugiés en France. Bouleversant.