Jonathan Geffroy avait dénoncé les projets fomentés par l’État islamique d’attentats menés par des enfants tueurs et avait détaillé le rôle joué par les frères Clain au sein de l’organisation terroriste. La DGSI et les magistrats considèrent qu’il n’en a pas dit assez. Verdict attendu lundi.
Comment faut-il qualifier l’attaque qui a fait vendredi trois morts à Paris parmi la communauté kurde ? En 2020, nous nous interrogions déjà : existerait-il une différence de traitement pour qualifier des exactions dès lors qu’elles sont le produit de l’idéologie djihadiste ou de l’ultradroite ? Pour essayer de comprendre, nous avions consulté les textes de loi et recueilli les témoignages d’une demi-douzaine de magistrats et de policiers de la lutte antiterroriste.
Après un faux départ qui a entraîné un retard de deux mois, le procès des attentats du 22-Mars démarre. Les principaux acteurs du procès des attentats du 13-Novembre, dont Salah Abdeslam et Mohamed Abrini, sont encore une fois dans le box des accusés.
Mediapart retrace l’histoire de la première cellule djihadiste à avoir réussi à commettre plusieurs attaques en Europe. Des attentats du 13-Novembre à ceux du 22-Mars ou comment les assassins ont échappé aux polices françaises et belges à leurs trousses.
Quatre décennies après les faits, l’ancien ministre socialiste José Barrionuevo vient d’avouer son rôle dans des attentats des Groupes antiterroristes de libération (GAL), qui ont causé 27 morts et 30 blessés au Pays basque entre 1983 et 1987. Des archives militaires consultées par Mediapart montrent par ailleurs que la France a identifié tôt l’empreinte des services secrets espagnols.
« Douze des quatorze accusés sont passés par mon cabinet », aime à répéter Isabelle Panou. La magistrate a instruit le volet belge des attentats de Paris. Aujourd’hui présidente du tribunal correctionnel de Bruxelles, elle retrace les cinq ans de son instruction. Sans langue de bois.
La multinationale du ciment, accusée d’avoir financé en connaissance de cause le terrorisme islamiste en Syrie pour y maintenir ses activités, a plaidé coupable aux États-Unis, acceptant de payer une amende de 778 millions de dollars.
Entendu comme témoin, l’ex-patron du Renseignement parisien (DRPP), René Bailly, a admis que de fausses informations pouvaient se glisser dans les vraies notes de son ancien service. Les avocats de la défense suspectent, eux, la DRPP d’avoir fait des faux.
Françoise Bilancini, la directrice de la DRPP, a dénoncé devant ses ministres de tutelle puis devant la représentation nationale, les failles de son service quand il était dirigé par son prédécesseur. Mais elle a omis de leur communiquer les ratés commis depuis qu’elle est à sa tête.
Dans les deux années précédant la tuerie à la préfecture de police, les alertes se sont multipliées au sein de la « S21 », la section où travaillait Mickaël Harpon. Sans jamais que cela ne porte à conséquence pour le futur terroriste.
Durant un an, une officière de renseignement de la DRPP a alerté à plusieurs reprises ses collègues et sa hiérarchie des soupçons qu’elle avait à l’égard de Mickaël Harpon. En vain.
Mickaël Harpon se considérait comme frappé par une triple peine : handicapé, agent (administratif et non policier) et musulman. À l’issue d’une nuit folle où il s’imagine dialoguer avec Allah, l’informaticien de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris va tuer quatre collègues.
Il y a trois ans survenait la première attaque commise par un membre de la police contre des collègues. Le seul et unique attentat à avoir frappé un service de renseignement. Mediapart a reconstitué cette tuerie à partir des dépositions d’une cinquantaine d’agents.
Depuis quatre ans, Adrien Guihal, qui a revendiqué pour le compte de l’État islamique l’attentat de Nice, est aux mains des Kurdes. Pourtant, il n’a jamais été interrogé par la justice française, malgré les demandes répétées des avocats des victimes.
Au lendemain de la tuerie, le profil supposé atypique de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait fait naître l’idée d’un acte commis par un déséquilibré plutôt que par un terroriste. L’information judiciaire a permis d’écarter cette thèse.
Le procès de l’attentat de Nice risque de susciter beaucoup de frustration chez les victimes. La faiblesse des charges qui pèsent sur des accusés loin de constituer une cellule terroriste contraste avec l’horreur absolue du crime qui va être jugé.