L’historienne Laure Murat, auteure d’un essai sur l’après-Weinstein, appelle à « un débat sérieux et informé », auquel les intellectuels et la jeune génération doivent prendre part.
Il y a un an tout juste, l’affaire Weinstein a suscité le plus grand mouvement mondial de l’histoire contre les violences faites aux femmes. En France, il reste bien en deçà de l’immense espoir suscité. Souvent caricaturé, il peut être aussi radical que joyeux.
C’est en s’excusant auprès de milliers de victimes d’abus sexuels que la Conférence épiscopale de l’Église catholique allemande a présenté ce mercredi une étude révélant qu’en près de 70 ans, au moins 1 670 prêtres ont abusé sexuellement de 3 700 enfants. Restent de nombreuses zones grises.
Selon nos informations, une ancienne directrice de casting, qui avait fait un signalement au procureur de la République en juillet, a été auditionnée jeudi dans le cadre de l’enquête pour viol ouverte contre le cinéaste français. Elle dénonce plusieurs « agressions sexuelles » dont elle aurait été victime.
Après avoir déposé plainte pour viol contre Luc Besson le 18 mai, l’actrice Sand Van Roy a été qualifiée de « call-girl » et accusée à tort d’avoir affirmé avoir été droguée par le cinéaste. Autant d’imprécisions et d’erreurs qui ont discrédité d’emblée sa parole et qui reflètent les difficultés souvent rencontrées par les femmes témoignant de violences sexuelles.
Propos ambigus sur l'homosexualité, refus de répondre à un archevêque qui l'accuse d'avoir couvert les agissements d'un cardinal américain, absence persistante de mesures concrètes pour faire appliquer la « tolérance zéro » : alors qu'il était très attendu sur ces questions, la semaine écoulée vient de donner raison à ceux qui pensent que le pape François ne change pas fondamentalement la position de l’Église sur ces questions.
Les révélations sur les abus sexuels commis par des prêtres en Pennsylvanie remettent au pied du mur un pape qui a multiplié les déclarations d’empathie envers les victimes sans jamais pouvoir – ou vouloir – réformer sérieusement son Église sur cette question.
Une jeune analyste financière de BNP Paribas attaque son employeur devant les prud’hommes de Paris. Elle estime ne pas avoir été protégée, après une situation de harcèlement sexuel dans la branche hongkongaise du groupe, et même en avoir pâti professionnellement. La banque moque un dossier bancal, fondé sur des « rumeurs ».
Les historiennes Anne-Emmanuelle Demartini et Françoise Thébaud analysent ce que mobilise et induit la haine des femmes : du discours venimeux au crime crapuleux, du préjugé au passage à l'acte. Radiographie de la violence de genre…
Depuis plusieurs années, Mediapart travaille sur les violences faites aux femmes. Nos enquêtes ont concerné de nombreux secteurs professionnels, mais aussi des personnalités, le dernier exemple étant celui de Luc Besson.
Une ancienne directrice de casting a écrit au procureur de la République pour dénoncer des faits qu’elle qualifie d’« agressions sexuelles » visant Luc Besson. Un témoignage qui s’ajoute à deux plaintes, déposées le 18 mai et le 6 juillet, dans lesquelles l’actrice Sand Van Roy accuse le célèbre réalisateur et producteur français de viols. Après une enquête de plusieurs mois, Mediapart a recueilli les récits de femmes décrivant chez le cinéaste des comportements sexuels inappropriés.
Plusieurs salariés de Pôle emploi ont porté plainte contre des agissements de l’ancien président de la CFTC Emploi, qui a démissionné de ses mandats à la mi-juin. Les syndicats et la direction de Pôle emploi se déchirent sur le sort de ce responsable, accusé de harcèlement moral et sexuel, ainsi que d’agression sexuelle.
L’un des membres de la plus puissante fédération de la CGT, figure des éboueurs parisiens, est mis en cause dans des faits de violences et pour le climat sexiste qui perdure dans son syndicat. L’affaire aurait pu devenir un exemple pour le syndicat, de plus en plus revendicatif sur les questions d’égalité femmes-hommes et conscient des violences faites aux femmes. Pourtant, en 18 mois, l’organisation n’est pas parvenue à régler la situation, qui vire au bourbier.
Quel a été l’impact du mouvement #BalanceTonPorc en France ? Mediapart a recensé les affaires de violences sexuelles révélées depuis cinq mois, ainsi que leurs conséquences judiciaires et professionnelles pour les hommes mis en cause.
Après l'affaire Weinstein, les plaintes pour agression sexuelle ont augmenté en France de 31,5 % au dernier trimestre 2017. Emmanuel Macron parle d'un « combat culturel » à mener « dès la crèche ». Mais au-delà des discours volontaristes, la politique française de lutte contre les violences faites aux femmes reste sous-traitée à un réseau associatif submergé par les demandes.
Lors de notre émission du 28 février, Marine Turchi et Antton Rouget ont expliqué ce qui pouvait être reproché au ministre des comptes publics à partir du deuxième témoignage de plaignante qu'ils ont recueilli.