Le président de la République a redit mercredi sa volonté d’aller au bout de sa réforme, quitte à « endosser l’impopularité ». Ni la crise politique ni la colère de la rue ne semblent ébranler un Emmanuel Macron plus sûr de lui que jamais. À moins qu’il ne s’agisse de masquer l’impuissance d’un pouvoir décidément solitaire.
En employant le mot « foule », pour lui dénier toute légitimité, Macron transpire un imaginaire forgé dans l’entre-soi bourgeois et inégalitaire du XIXe siècle, qui pourrait encore se manifester dans son entretien télévisé de ce jour.
Pour l’heure, la première ministre devrait rester à son poste, même ébranlée par la crise politique et sociale. À l’Élysée, Emmanuel Macron semble pressé de ne rien changer, malgré les appels à une coalition avec la droite LR et à une promotion de Gérald Darmanin à la tête du gouvernement.
Retraites : le coup de force de Macron
— Parti pris
Depuis sa réélection, le président de la République est plus isolé que jamais. Cristallisant les colères contre lui et ignorant toutes les alertes qui lui sont adressées, il reste persuadé qu’il peut encore maîtriser le tempo du pays. Même ses plus fidèles soutiens commencent à déchanter.
L’échec, à 9 voix près, de la motion de censure transpartisane ne parviendra pas à rendre la réforme des retraites légitime. À l’Assemblée nationale, tous s’interrogent sur le coup d’après pour Emmanuel Macron, toujours plus isolé. La gauche, elle, mise beaucoup sur la rue.
La motion de censure transpartisane présentée lundi contre le gouvernement a été rejetée de justesse par l’Assemblée nationale. Celle du RN a été balayée. La réforme des retraites est considérée comme adoptée.
À l’étranger, de nombreux médias jugent dangereux l’entêtement du président français à mettre en œuvre une réforme des retraites impopulaire, quitte à passer en force. « Ce serait mauvais pour la démocratie française et un cadeau pour Mme Le Pen », avait mis en garde dès le 8 mars « The Guardian ».
L’Assemblée nationale examine lundi deux motions de censure contre le gouvernement d’Élisabeth Borne qui ont néanmoins peu de chances d’être votées, ouvrant la voie à l’adoption définitive de la réforme des retraites.
La censure contre le gouvernement Borne est l’option la plus souhaitable à portée de main des députés. Elle serait le moyen d’en finir avec une réforme massivement rejetée par la population, mais aussi de sanctionner un pouvoir inconséquent, qui plonge le pays dans une crise politique inutile.
Depuis qu’Emmanuel Macron a décidé d’utiliser le 49-3 pour faire passer sa réforme des retraites en force, les élus de sa majorité se cachent, en attendant le vote des motions de censure contre le gouvernement. La colère des manifestants, elle, s’exprime de plus en plus librement.
Retraites : le coup de force de Macron
— Reportage
Des étudiants ulcérés par le passage en force du gouvernement et par la répression policière veulent déborder l’intersyndicale avec des méthodes plus spontanées. La Coordination nationale étudiante appelle à « une journée de blocage des universités et de manifestations de la jeunesse » le 21 mars.
Retraites : le coup de force de Macron
— Reportage
Après le passage en force de la réforme des retraites par le 49-3, le mouvement de contestation durcit le ton. Beaucoup de manifestants estiment que le gouvernement s’est mis lui-même dans une situation qui pousse à la violence. À Paris notamment, des policiers ont violemment réprimé la mobilisation.
Retraites : le coup de force de Macron
— Chronique
Dans un texte pour Mediapart, l’écrivain Nicolas Mathieu s’adresse à Emmanuel Macron et à son gouvernement : « L’exécutif est certes légitime mécaniquement, en vertu des textes et de la solidité de nos institutions, mais il a perdu ce qui donne vie à la vraie légitimité politique en démocratie : un certain degré d’adhésion populaire. »
Alors que la mobilisation sociale continue dans la rue, les oppositions disposent de trois leviers constitutionnels pour empêcher l’application de la réforme des retraites : la motion de censure, un recours au Conseil constitutionnel et un référendum d’initiative partagée.
Les armées se sont vu promettre 413 milliards d’euros, dans le cadre de la loi de programmation militaire pour les années 2024-2030. Invité de « Retex », l’universitaire et haut fonctionnaire Louis Gautier revient sur l’ampleur de cette somme et les transformations du modèle d’armée français.
Retraites : le coup de force de Macron
— Reportage
Au onzième jour de l’occupation du bâtiment E, l’ambiance est festive et joyeuse, et les étudiants refont le monde en attendant une évacuation promise mais qui ne vient pas. Reportage parmi les quatre amphis mobilisés, transformés en « commune libre et autogérée ».