Officiellement, la monarchie saoudienne appartient à la coalition réunie autour des États-Unis pour combattre Daech en Syrie et en Irak. En fait, Riyad est beaucoup plus actif dans la promotion du wahhabisme et, surtout, prend l’offensive pour imposer sa suprématie régionale face à l’Iran.
Pourquoi des terroristes surveillés parviennent-ils à passer à l’acte ? Pourquoi les agents semblent-ils condamnés à constater leur impuissance chronique ? Pourquoi la classe politique refuse-t-elle d’engager la grande remise à plat réclamée par de nombreux spécialistes ? Mediapart a interrogé des dizaines de personnes (magistrats, agents secrets, policiers, experts, politiques…), s’est plongé dans plusieurs procédures judiciaires en cours et a épluché divers rapports pour comprendre la crise sans précédent de la lutte antiterroriste en France.
En prenant le contrôle de 60 % des ressources pétrolières syriennes, Daech a mis la main sur une ressource stratégique pour financer sa guerre et contrôler des territoires. L’effondrement des prix et les attaques militaires répétées pour désorganiser la production et la contrebande commencent, cependant, à mettre à mal cette puissance financière.
La région de Bruxelles reste, pour sa quatrième journée consécutive mardi, en alerte maximale. Dans cette ville fantôme, sans écoles ni métros, nombre d’habitants sont sidérés par l’énormité des moyens débloqués. Mais ils reconnaissent qu’ils ignorent tout de la « menace » en cours. Quant à Salah Abdeslam, activement recherché pour sa participation aux attentats, il restait, lundi soir, introuvable.
François Hollande rencontre, jeudi 26 novembre à Moscou, Vladimir Poutine pour évoquer la création d'une « coalition internationale » contre l'État islamique. La Russie, qui a considérablement renforcé sa présence en Syrie, fait soudainement figure de partenaire indispensable. À Moscou, beaucoup y voient le triomphe de la ligne diplomatique prônée depuis des mois par le Kremlin.
Les services secrets savaient dès 2009 qu'Ismaël Mostefaï, l’un des kamikazes du Bataclan, s’était radicalisé à Chartres, dans un groupe dirigé par un vétéran du djihad, cerveau d'un attentat au Maroc en 1994. Au printemps 2014, la DGSI a perdu la trace de Mostefaï après l'avoir repéré à Chartres, quelques mois après son probable retour de Syrie. Il avait franchi la frontière turque le même jour qu'un autre kamikaze du Bataclan, Samy Amimour.
Il existe une indéniable convergence des attitudes, des discours et des décisions entre ce qui a été mis en œuvre aux États-Unis en 2001 et ce qui transpire depuis de longs mois déjà dans la gouvernance de François Hollande, et qui s'accentue depuis les attentats de Paris.
Failles des services de renseignements, laxisme politique face à l’islamisme, État impuissant à cause d’une gouvernance trop complexe… La Belgique essuie depuis une semaine une volée de critiques à l’international. Certains prédisent déjà une « nouvelle affaire Dutroux ». En réaction, le gouvernement de Charles Michel a encore durci l’arsenal de mesures antiterroristes.
Avant les attentats de 2015, Paris avait connu des poseurs de bombes en série en 1986 et 1995. Quelques mots identiques étaient employés. Des polémiques similaires étaient nées. Mais les réponses politiques avaient largement différé. Rappel historique.
Entretien avec Bastien François, spécialiste de la Constitution et des institutions: «Si on inscrit dans la Constitution qu’on peut déroger aux droits fondamentaux, on crée un état d’urgence permanent», dit-il.
Le gouvernement a présenté mercredi le projet de loi permettant la prolongation à trois mois de l’état d’urgence. La loi du 3 avril 1955 sera également fortement renforcée, en échange de quelques garanties supplémentaires pour les citoyens.
Nous avons reconstitué la liste des 130 victimes des attentats dont les identités ont été rendues publiques par des proches ou des amis sur des sites web, des médias ou des réseaux sociaux, ainsi que lors de la cérémonie d'hommage du 27 novembre aux Invalides, pendant laquelle 129 noms ont été prononcés.
Fréquentation en baisse des transports en commun, bouchons records en Île-de-France, et nouvelles menaces : le comportement des Franciliens change, imperceptiblement. Reportage à la Défense, où près de 200 000 personnes se rendent quotidiennement.
Les policiers en charge des investigations sur la tuerie du Bataclan ont découvert dans le portable de l’un des trois terroristes un plan détaillé de la salle de spectacle parisienne et un SMS envoyé avant l’attaque meurtrière, disant en substance : « On y va. »
Ce n’est plus l’après-Charlie et les appels à la cohésion du pays, mais la « guerre ». Dès dimanche, la France a bombardé la ville syrienne de Raqqa, fief de l'État islamique. Lors de son discours lundi au Congrès, François Hollande va de nouveau évoquer une « armée terroriste » et justifier des mesures sécuritaires supplémentaires et une intensification des frappes en Syrie.
Société ouverte, carrefour géographique, guerres étrangères, djihadisme global, combattants étrangers et français en Syrie… Un faisceau de raisons convergentes permet de comprendre pourquoi le territoire français est devenu la cible des campagnes terroristes de l'organisation de l'État islamique.