Face à l’ordre religieux strict que veulent imposer les talibans, la résistance se niche dans les interstices de vie que les mollahs ne contrôlent pas encore : une fête improvisée, un portrait du commandant Massoud accroché au rétroviseur, une cigarette à l’abri des regards.
La célèbre vallée afghane retrouve son rôle de bastion de la résistance. Cette fois, celle-ci est dirigée à la fois par le fils du commandant Massoud et par Amrullah Saleh, l’un des proches. Ils apparaissent bien isolés face à la puissance des talibans, qui ont cependant accepté de discuter avec eux.
Entamées il y a deux semaines avec la prise de Kaboul, les opérations d’évacuation des Afghans fuyant le régime taliban touchent à leur fin à l’aéroport, à mesure qu’approche la date butoir du 31 août prévue pour le retrait des soldats américains. Paris et Londres proposent la création d’une « zone protégée » dans la capitale afghane.
Présent à l’aéroport de Kaboul jeudi au moment de l'attaque terroriste, alors qu’il était en chemin pour monter dans l’un des derniers avions de rapatriement français, Nasratullah Azimi a dû rebrousser chemin. Nous avons recueilli son témoignage vendredi matin.
Un attentat suicide, revendiqué par l’État islamique, s’est produit jeudi près de l’aéroport de Kaboul, à l’Abbey Gate, où des Afghans se pressaient pour tenter de fuir le pays et où des soldats américains effectuaient des contrôles de sécurité. Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées, parmi lesquelles treize militaires américains. Après avoir parlé d’un double attentat, le Pentagone a affirmé vendredi qu’il n’y en avait eu qu’un.
Alors que les évacuations se poursuivent à Kaboul, avec des avions décollant toutes les 45 minutes avant le retrait programmé des troupes américaines le 31 août, les ex-combattants américains ont pris la parole ces derniers jours pour mettre la pression sur la Maison-Blanche. Mediapart a interrogé trois d’entre eux.
Si les talibans qui avaient pris Kaboul en 1996 n’obéissaient qu’au seul mollah Omar, ceux d’aujourd’hui ont plusieurs chefs. Mais le mouvement n’a pas perdu pour autant son opacité, au point que l’on ignore qui le dirige véritablement.
Les franges les plus nationalistes chinoises ont salué la chute de Kaboul, y voyant un nouveau signe du déclin américain. Mais Pékin, peu présent économiquement, attend surtout des talibans qu’ils respectent leurs promesses de lutter contre le terrorisme.
Le président turc semble très désireux de s’entendre avec les nouveaux maîtres de Kaboul, mais craint de voir arriver une vague de réfugiés fuyant le nouveau régime taliban.
En Afghanistan, la plupart des organisations humanitaires souhaitent poursuivre leurs activités. Mais elles ne savent pas encore comment le faire concrètement, entre consignes fluctuantes des talibans, situation sécuritaire toujours volatile et système bancaire en déroute.
Alors que les États-Unis se retirent d’Afghanistan après une guerre de 20 ans, Mediapart revient sur les années 1980-2020 et l’émergence du djihad global dans les montagnes de l’Hindou Kouch. Là se cache la famille Haqqani, grande alliée des États-Unis pendant la guerre contre les Soviétiques, qui a fait ensuite le pari d’Al-Qaïda.
À 3 500 kilomètres de Kaboul, une ville regarde avec inquiétude ce qui se passe dans la capitale afghane : Raqqa, au nord-est de la Syrie. En janvier 2014, les hommes de Daech ont pris la ville et y ont imposé plus de trois années de terreur. En octobre 2017, l’État islamique y a été vaincu par la coalition internationale, mais Raqqa est encore à terre et instable.
En misant sur les théories extrémistes hindoues, le présentateur vedette Arnab Goswami a construit un empire en lançant Republic TV. À coups de slogans chocs, de banderoles agressives et de « scoops », la chaîne a révolutionné le style télévisuel du pays. Mais Arnab Goswami est devenu un prêcheur de haine antimusulmane au service des nationalistes hindous au pouvoir.
Pas mécontente d’assister à la débâcle américaine, Moscou s’affiche prête à travailler avec les talibans, pourtant classés comme organisation terroriste en Russie. Les risques existent néanmoins.
Alors que les États-Unis se retirent d’Afghanistan après une guerre de vingt ans qu’ils ont finalement perdue, Mediapart revient sur les années 1980-2020 qui ont vu l’émergence du djihad global dans les montagnes de l’Hindou Kouch. Revenu en 1996 dans la région, Oussama Ben Laden sait qu’il peut compter sur la protection promise par le code d’honneur pachtoun.
Plusieurs mois avant la chute de Kaboul, les journalistes Sonia Ghezali et Jean-Baptiste Renaud ont réussi à obtenir un entretien avec Mohammed Nabi Omari, ancien détenu de Guantanamo libéré en 2014 et un des négociateurs talibans au Qatar à partir de 2019. Leur documentaire est diffusé dimanche soir sur M6.