Avant le référendum d’autodétermination qui se tiendra en Nouvelle-Calédonie le 4 novembre, le haut-commissaire de la République Thierry Lataste, représentant de l’État dans l’archipel, revient sur les enjeux du processus de décolonisation engagé il y a trente ans. Et sur ce qu’il reste à faire pour apaiser une société encore fracturée.
La Nouvelle-Calédonie aborde sans enthousiasme la dernière ligne droite avant la consultation. Une fraction des partis et organisations indépendantistes appelle au boycott, mais l’immense majorité des structures politiques et des institutions veille surtout à ce que le scrutin ne vire pas à la confrontation, quitte à privilégier le statu quo au processus de décolonisation.
Le soulèvement citoyen progressiste de 2017 en Guyane vire en mouvement violent. Sous l’élan des Grands frères, bras musclé de la mobilisation, une quinzaine d’occupants « illégaux » d’une maison du centre-ville de Cayenne ont été sommés de partir en quelques heures.
À Kouaoua, de jeunes Kanak protestent contre l’ouverture de trois nouveaux sites d’extraction de minerai. Face à la mobilisation, la société Le Nickel, premier employeur privé du pays, a fermé la mine pour une durée indéterminée.
Face à la grande révolte kanak de 1878, les déportés politiques communards et algériens se sont rangés presque comme un seul homme du côté de l’armée française pour défendre la « colonie » et mater la rébellion.
Cet été, Mediapart part à la rencontre des Calédoniens, au-delà de l’opposition éculée Kanak-Caldoches. Quatrième et dernier volet chez ceux qu’on appelle les Arabes de Bourail et de Nessadiou, des descendants de déportés algériens.
À quelques mois du référendum sur l’indépendance, Mediapart part à la rencontre des Calédoniens, au-delà de l’opposition éculée Kanak-Caldoches. Troisième volet avec les Zoreil, les métropolitains du Pacifique, une communauté si critiquée que le mot qui les désigne est presque une insulte. Exclus du corps électoral référendaire, certains réclament pourtant une représentation politique.
À quelques mois du référendum sur l'indépendance, Mediapart part à la rencontre des Calédoniens, au-delà de l'opposition éculée Kanak-Caldoches. Deuxième volet avec les Wallisiens et Futuniens, peuple du Pacifique qui a migré en nombre en Nouvelle-Calédonie. La colonisation et les arrière-pensées politiques ont jeté une ombre sur leurs relations avec les Kanak, pourtant anciennes.
À trois mois du référendum sur l’indépendance, Mediapart part à la rencontre des peuples calédoniens, au-delà de l’opposition éculée Kanak-Caldoches. Premier volet chez les Kanak de Saint-Louis, une tribu à la mauvaise réputation, à l’histoire tourmentée, que des décennies de souffrances et d’histoire coloniale ont poussée à la création d’une langue, le tayo.
Trente ans après les accords qui ont ramené la paix civile en Nouvelle-Calédonie, les partis indépendantistes sont à nouveau réunis sous la bannière du FLNKS en vue du référendum pour accéder à la pleine souveraineté. Les projections donnent cependant une large avance au « non ».
Les Assises des Outre-mer ont été clôturées jeudi 28 juin, à Paris, par Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat a pris position sur des sujets comme le droit du sol à Mayotte, à restreindre, la suppression de France Ô ou encore la « surrémunération » des fonctionnaires et rendu publiques quelques nouvelles mesures.
Le groupe dit « du chemin de l’avenir », censé définir un socle commun entre loyalistes et indépendantistes avant le référendum d’autodétermination du 4 novembre, a de nouveau explosé. En jouant « le coup d’après », la droite locale fait peser un risque lourd sur la suite des événements.
Pour les uns, le sujet est « réglé » depuis longtemps. Pour les autres, en 2018, revendiquer des terres au nom du peuple kanak est légitime et indispensable. Quarante ans après les premières restitutions, et à cinq mois du référendum sur l’indépendance, le foncier accapare toujours la vie publique du Caillou.
Durant son voyage officiel de trois jours, le président de la République a donné des gages symboliques aux indépendantistes tout en envoyant des signaux aux partisans du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France. Il a maintenu sa visite sur l’île d’Ouvéa, mais il s’est tenu en retrait lors de la remise de gerbes sur la tombe des 19 Kanak morts à la suite de l’assaut donné par l’armée il y a trente ans.
Membre du groupe de Kanak réfugiés avec ses otages dans la grotte en 1988, président de l’Association des anciens prisonniers politiques d’Ouvéa, Jonas Adeda tient un discours d’apaisement et de non-violence. Il estime toutefois que les prisonniers politiques sont « les oubliés des accords de Matignon-Oudinot ».
Trentenaire de l’assaut de la grotte, hommage aux 19 morts du commando indépendantiste kanak, première visite d’un président de la République, le tout à six mois d’un référendum sur l’indépendance : cela fait beaucoup de dates et de symboles pour la petite île d’Ouvéa, 3 000 habitants, cinq églises, une seule route. Reportage.