Le discours de Nicolas Sarkozy devant les parlementaires réunis en Congrès, lundi 22 juin, sera totalement inédit. C'est une «grande» première dans l'histoire de la République. Les autorités ont dû imaginer un protocole spécial pour l'occasion. Car la République est affaire de symboles. Et l'Elysée voit grand. Les parlementaires ne sont pas seuls convoqués: anciens présidents de la République et anciens premiers ministres sont aussi conviés à écouter l'hyperprésident. Comment la représentation nationale peut-elle accueillir honorablement le chef de l'Etat, tout en marquant son territoire et la séparation des pouvoirs? Exercice difficile avec, au passage, une victime collatérale: le premier ministre.
Le conseil national du parti écologiste a fêté samedi les résultats des listes d'Europe Ecologie et voté à l'unanimité la poursuite d'une ouverture à l'ensemble de la galaxie écolo, notamment dans la perspective des élections régionales. Un comité d'animation mêlant responsables des Verts et leaders associatifs continuera d'organiser la mobilisation. Gonflés à bloc, les Verts misent désormais sur une autonomie «quasi totale» vis-à-vis du PS. Avec l'espoir de s'imposer comme première force à gauche.
On évoquait une allocution imminente de Nicolas Sarkozy à la télévision, pour lancer sa seconde moitié de mandat. L'Elysée a annoncé, jeudi 11 mai au soir, que le chef de l'Etat prononcerait en réalité un discours devant les parlementaires réunis en Congrès le 22 juin. Une première historique, permise par la récente réforme des institutions. Jusqu'ici, le président de la République était interdit d'hémicycle. Alors que l'UMP salue l'initiative, les socialistes pointent un symptôme de l'hyperprésidence et une atteinte à la séparation des pouvoirs.
François Bayrou a tiré, mardi soir, quelques enseignements de sa défaite aux européennes. Aux critiques de Corinne Lepage, qui l'accusait de «jouer trop perso», le président du MoDem a répondu en annonçant une réorganisation du parti. «Ultra-minoritaire», Corinne Lepage estime «avoir été entendue» sur les méthodes de travail et la place de l'écologie. Elle souhaite désormais «un MoDem rénové à [sa] sauce, rassembleur, démocratique, ouvert». Elle revient sur la «responsabilité» de François Bayrou dans cette défaite. Entretien.
Le conseil national du PS a presque fait dans l'inutile. Embryons d'annonces, velléités de rassemblement, primaires «remises à plus tard». A entendre les cadres présents, l'essentiel serait sauvé et tout le monde est «derrière Martine». Les derniers à ne pas être encore membres de la pléthorique direction vont être intégrés. Ségolène Royal obtient son poste à l'Internationale socialiste et fait la paix. Une bonne grosse synthèse, en somme. Même si des dents grincent et que certains évoquent «un nouveau clivage transcourants, entre anciens et modernes».
Proche de Ségolène Royal, François Rebsamen a un temps envisagé, la semaine dernière, de faire le trait d'union avec les amis de François Hollande, pour renverser Martine Aubry. Rentré dans le rang, il n'en est pas moins critique envers la campagne européenne. Avant le conseil national de mardi 9 juin, le sénateur et maire de Dijon (Côte-d'Or) appelle, dans un entretien à Mediapart, à «une analyse partagée de la défaite» et à plus de «collectif» au sein de la direction du parti.
Pour le politologue, seuls les retraités et les classes moyennes supérieures et intellectuelles se sont mobilisés pour ce scrutin européen, ce qui explique en partie le succès des écologistes, qui ont réussi à mobiliser un électorat autour d'une campagne de projet. Selon lui, les socialistes sont restés paralysés par leur dernier congrès, dont ils ont sous-estimé l'impact, au lieu de prendre des risques.
Les têtes de liste d'Europe-Ecologie ont tenu leur meeting final, mercredi 3 juin, au Zénith de Paris, devant 2.500 personnes. C'était l'euphorie générale, les derniers sondages donnant Daniel Cohn-Bendit au coude-à-coude avec le MoDem – voire devant. Dans le public, quelques électeurs traditionnels du PS avaient fait le déplacement, séduits. Mediapart a tendu le micro à ces «primo-écolos», qui pourraient «faire» en partie l'élection – la déception du PS et le bonheur de Daniel Cohn-Bendit.
A une semaine des élections européennes, les sondages semblent avoir figé les positions. L'UMP et son allié Nouveau centre occupent la première place avec 26% d'intentions de vote mais le parti présidentiel se tasse légèrement. Meetings sans âme, militants sans passion, stratégie et thèmes de campagne critiqués par le patron des députés, Jean-François Copé: ça ne va pas fort dans les rangs sarkozystes.
Les députés mettent un point final à la réforme de l'Assemblée nationale. Mercredi 27 mai, ils devraient adopter leur nouveau règlement, concocté par leur président, Bernard Accoyer (UMP). Depuis son élection au «perchoir», en juin 2007, celui-ci a souvent paru transparent, à côté de Jean-François Copé. Mais, ces derniers jours, Bernard Accoyer a plutôt défié l'encombrant patron du groupe UMP pour tenter de jouer son rôle d'arbitre et garantir les droits de l'opposition. Un sursaut?
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Dans son ouvrage « L'Europe contre l'Europe », le président de la fondation progressiste Terra Nova, Olivier Ferrand, revient sur ses expériences de conseiller de Pierre Moscovici et Lionel Jospin aux affaires européennes. Confronté aux réalités de terrain, la campagne sur le référendum constitutionnel et les législatives dans une circonscription rurale des Pyrénées-Orientales, il dresse un bilan amer sur la dérive libérale de l'Europe. Mais épargne la social-démocratie. Entretien audio et critique avec l'auteur.
Oubliés l'UMP et l'Elysée. La campagne des élections européennes s'est concentrée ce week-end sur un personnage: François Bayrou. Le président du MoDem fait tourner en bourrique une bonne partie de la gauche qui cherche à enrayer sa progression (dans les sondages). Après les Verts ces derniers jours, voilà Martine Aubry contrainte de changer encore une fois de stratégie. «Proposante numéro1», elle appelle désormais au «vote efficace». Malchance: si Ségolène Royal annonce son renfort, François Hollande a choisi, dimanche, de se déclarer (presque) candidat à l’élection présidentielle de 2012.
Alors que les députés réécrivent leur règlement intérieur et redessinent les droits de l'opposition, Jean-François Copé, sourd jusqu'ici aux demandes de la gauche, a décidé, mercredi 13 mai, en pleine séance de nuit, de lâcher du lest sous la pression de Bernard Accoyer. Décidé, ces derniers jours, à jouer les entremetteurs, le président UMP de l'Assemblée nationale cherche un compromis transpartisan.
Nicolas Sarkozy, par sa pratique du pouvoir, sa gestion de la réforme, sa vision de la société, ajoutées à son goût pour l’ostentation et à son égocentrisme, aura fini par diviser son propre camp. La droite commence à comprendre que l’agitation présidentielle dissimule un dessein qui ne ressemble en rien au projet fondateur et que le sarkozysme n’est pas un humanisme. Hyper déçue par l’omniprésident, la voici, désormais, qui tend l’oreille et accepte l’idée d’écouter la différence. Ils sont cinq à pouvoir l'incarner: Dominique de Villepin, Alain Juppé, François Fillon, Jean-François Copé et, cas à part, François Bayrou. Peuvent-ils renverser la situation? Analyse.
6 mai 2007-6 mai 2009. Retour sur un soir de victoire électorale, entre la place de la Concorde et le Fouquet's: comment, en quelques heures, tout était dit du nouveau régime qui a pris ses quartiers à l'Elysée. Notre édito vidéo.
Le débat autour d'une éventuelle alliance entre le PS et le MoDem resurgit au parti socialiste, au point que la réunion du secrétariat national du mardi 5 mai a ébranlé la rue de Solférino. Contrairement au dernier congrès de Reims, Ségolène Royal n'est plus seule à revendiquer un rapprochement avec François Bayrou. Soucieuse de ne pas devenir «le PCF de Bayrou qui se prendrait pour Mitterrand», la direction du PS reste, elle, campée sur sa position: elle souhaite reporter le débat à l'après élections européennes. Quand viendra l'heure des régionales.