L’an dernier, l’Académie suédoise, jouant l’audace, a couronné l’auteur-compositeur-interprète Bob Dylan, qui fit bien des façons avant de venir tardivement recevoir son prix. Cette année, elle a distingué Kazuo Ishiguro, romancier britannique à la réputation de parfaite courtoisie.
Plusieurs ouvrages parus en cette rentrée reprennent le chantier de la réflexion sur l’Europe, en s’intéressant aux impasses et impensés qui peuvent expliquer la défiance qu’elle suscite.
À partir de lectures de journaux d’époque, de romans et de témoignages, d’un travail d’archives minutieux, Michèle Audin retrace l’histoire de la Commune à Paris dans une langue poétique et romanesque. Empruntant pour le titre une expression de Jules Vallès, « Comme une rivière bleue », Michèle Audin signe un magnifique roman solidaire.
Il y a 40 ans, Yann Dedet fut le régisseur d’extérieur et le monteur de « Passe Montagne », premier long métrage devenu culte de Jean-François Stévenin. Il en raconte l’aventure dans un très beau livre, « Le Point de vue du lapin », qui en est à la fois le « roman » et la reprise.
Jonathan Safran Foer était apparu en 2002 comme un nouveau prodige de la scène littéraire américaine – et donc mondiale. Après 11 années sans roman, il revient avec un récit opportunément intitulé Me voici. Ou comment prétendre parler du monde pour mieux parler de soi.
L’historienne américaine Joan Scott enrichit la traduction de son ouvrage consacré à la « politique du voile », pour analyser les ressorts et les conséquences de la « nouvelle laïcité » française à l’aune de son savoir sur l’histoire des femmes et du genre.
Une partie de la presse française empoisonne l'esprit public avec des sornettes islamophobes. Un antidote s'impose : L'Urgence et l'essentiel (Don Quichotte), dialogue fructueusement turbulent entre Edgar Morin et Tariq Ramadan.
Dave Zirin, journaliste sportif à l’hebdomadaire américain de gauche The Nation, s’intéresse au sport en tant que « fan » et en tant qu’observateur de ses liens avec le politique. S'il fait toujours preuve d’un enthousiasme communicatif, sa vision critique tranche avec la prudente complaisance de la plupart de ses collègues vis-à-vis du système sportif et de ceux qui le contrôlent. Son dernier ouvrage vient d'être traduit en français.
Gérald Bronner prétend, dans son dernier livre, Le Danger sociologique, vouloir sauver la sociologie, au nom de la (neuro)science et de la neutralité idéologique. Son refus d’en faire un « sport de combat » cache plutôt une volonté de la transformer en exercice de soumission à l’ordre existant.
Né en Haïti en 1978, James Noël s’est d’abord fait connaître par ses poèmes. Il continue d’écrire en poète dans son premier roman, Belle Merveille, variation autour des discours liés au séisme qui a meurtri l’île le 12 janvier 2010.
Alors que le prix Nobel de médecine vient de récompenser des chercheurs qui ont mis en évidence l’importance de notre horloge biologique, paraît une anthologie de textes, Éloge du sommeil à l’usage de ceux qui l’ont perdu : il faut défendre notre droit à dormir !
Rencontre avec celle qui signe l’un des romans les plus prometteurs de cette rentrée : L’Art de perdre (Flammarion). Dézingage fin et puissant des préjugés sur la guerre d’Algérie, l’immigration, l’islam, le racisme…
« Parce que la société ne fonctionne plus comme à l’époque de Balzac ou de Thomas Mann, Brandebourg est une œuvre d’art totale, littéraire et virtuelle », explique Juli Zeh, auteure d'un roman stupéfiant dont l'intrigue sur papier se prolonge dans le monde virtuel.
Au lendemain des élections allemandes, entretien avec Carolin Emcke, reporter de guerre, essayiste et militante LGBT, qui publie un livre de combat, Contre la haine. Plaidoyer pour l’impur.
Refuser de n’être que l’objet de la politique ou de l’économie, en imposant de redevenir des sujets : voilà le programme de deux textes de cette rentrée littéraire, Des châteaux qui brûlent d’Arno Bertina, Se défendre. Une philosophie de la violence d’Elsa Dorlin.
Le titre, Le Petit Garçon sur la plage, est un trompe-l’œil. Pour le lecteur, il évoque la photographie bouleversante de cet enfant retrouvé mort sur une plage turque il y a deux ans. Sous la plume de Pierre Demarty, il n’annonce ni un roman fondé sur l’actualité, ni une réflexion d’ordre politique ou moral. Il devient le prélude à la description d’un sentiment, d’une sensation physique de fêlure et de néant.