Depuis trois semaines, les « gilets jaunes », mouvement né sur Facebook et boosté par la force de quelques vidéos virales, oscillent entre deux postures : le peuple, rien que le peuple, ou se doter de représentants, quitte à fâcher une partie du mouvement.
Le mélange de libéralisme en économie et d’autoritarisme en politique qui avait assuré la victoire du macronisme le conduit aujourd’hui vers un échec. Car quel que soit le dénouement de la crise, Emmanuel Macron ne pourra pas achever son quinquennat comme il l’a commencé, dans une boulimie de réformes conduites au pas de charge et en piétinant la démocratie sociale.
Le groupe pétrolier Total va payer 80 % de la rénovation du grand foyer du théâtre du Châtelet, en échange de belles contreparties. Pour la mairie de Paris, il ne faut pas ostraciser le groupe pétrolier. Mais à l’heure de la catastrophe climatique, l’argent du pétrole est-il encore un financement comme un autre ?
La décision du gouvernement de mettre en suspens la hausse des taxes sur les carburants est un contresens. Une décision prise à la hâte, à défaut d’une politique d’ensemble.
Alors qu’il dénonçait jusqu’à présent les errements de ses prédécesseurs, Emmanuel Macron a fini par céder à son tour à la pression des « gilets jaunes », en suspendant la hausse des taxes sur les carburants. La majorité se félicite des mesures annoncées, mardi, par Édouard Philippe pour « ramener l’apaisement ». Mais certains craignent déjà qu’elles ne soient insuffisantes.
Sur Facebook, les consultations des « gilets jaunes » sont sans appel : ils ne sont pas convaincus par les nouvelles annonces du premier ministre et prévoient de continuer à se mobiliser. À l’Assemblée, les oppositions dénoncent des mesures insuffisantes.
Le ministre de l’intérieur Christophe Castaner et le secrétaire d’État Laurent Nuñez ont défendu à l’assemblée la justesse du dispositif du maintien de l’ordre, le 1er décembre à Paris. En tordant les faits. Ils annoncent un déploiement de forces mobiles, samedi prochain.
Après les affrontements de samedi, 70 personnes ont été jugées en comparution immédiate, lundi, au tribunal de Paris. On attendait des « casseurs », des vrais de vrais. Les juges ont découvert des ouvriers, des techniciens, des artisans, des jeunes venus à Paris, souvent pour leur première manifestation et emportés par les vagues de violence. Les peines de prison – ferme ou avec sursis – sont tombées comme à Gravelotte avec des procureurs décidés à en découdre.
L’historienne Sophie Wahnich confronte la période actuelle avec la Révolution française, de La Marseillaise au portrait de Macron en Louis XVI : parallèles possibles, comparaisons outrées et potentialités à l’œuvre.
Plus d’une centaine de lycées ont été perturbés lundi. L’organisation UNL, rejointe par la FIDL et le SGL, avait appelé les jeunes à se mobiliser contre les réformes du baccalauréat, du lycée et de Parcoursup. Pour le moment, la stratégie de convergence avec les « gilets jaunes » n’est pas définie.
Édouard Philippe a annoncé mardi un moratoire sur la hausse de la taxe sur les carburants. La veille, le premier ministre avait rencontré tous les chefs de parti. Il s’exprime mercredi à l’Assemblée. Dans la majorité, des voix discordantes s’étaient élevées pour réclamer une action rapide et globale.
Les principaux responsables de parti ont été reçus à Matignon lundi pour évoquer les sorties de crise possibles. Eux-mêmes sont dépassés par le mouvement inédit des « gilets jaunes ».
Philippe Aghion, économiste mentor du président de la République, propose le rétablissement de l’ISF et un creusement du déficit public pour assurer le consentement des Français aux « réformes structurelles ». Mais la manœuvre pourrait déjà arriver trop tard.
Décédée dimanche 2 décembre au bloc opératoire à Marseille, Zineb Redouane, 80 ans, avait été grièvement blessée au visage par une grenade lacrymogène lancée par des policiers dans son appartement samedi, en marge des manifestations. Selon l'une de ses voisines, Zineb a dit avoir été « visée » par « deux policiers » armés d'un fusil lance-grenades, alors qu'elle fermait ses fenêtres.
Cette conférence internationale pour le climat devrait être consacrée à assurer l’application de l’Accord de Paris de 2015. Les États sont censés augmenter leur ambition en 2020 mais les signaux envoyés sont inquiétants. La France figure parmi les mauvais élèves.
Le chef de l’État est confronté à la crise politique la plus grave depuis le début de son mandat. Alors que des leaders de l’opposition ont appelé à une dissolution de l’Assemblée nationale, la semaine qui s’ouvre s’annonce décisive pour l’exécutif. La piste d’un rétablissement de l’état d’urgence a été écartée, à ce stade, à l’issue d’une réunion de crise dimanche à l’Élysée.