Face à l’inaction des gouvernements contre le dérèglement climatique, des citoyens, des collectifs et des élus ont décidé d’en passer par la justice. MediapartLive leur donne la parole.
Emmanuel Macron a tenté, mardi 27 novembre, de calmer les colères en proposant une modulation des taxes sur les carburants en cas de forte hausse du prix du pétrole. Il annonce également « une grande concertation de terrain », avec élus, associations et « gilets jaunes ». Sans convaincre personne.
À l’inverse des « gilets jaunes », ils sont les invisibles victimes de logements inadaptés au changement climatique et les grands oubliés de la programmation énergétique dévoilée par Emmanuel Macron mardi 27 novembre. Prisonniers de domiciles qu’ils n’ont pas les moyens d’améliorer, ils paient le prix d’une politique fondée sur l’initiative individuelle. Des voix s’élèvent pour rendre obligatoire la rénovation des bâtiments.
En début de soirée samedi, un jeune manifestant venu en famille au rassemblement des « gilets jaunes » a eu la main arrachée par une grenade, alors qu’il se trouvait avenue Franklin-Roosevelt à Paris. Plus tard, un fonctionnaire membre d’une compagnie de sécurité a été grièvement touché à l’œil par un boulon. Le ministre de l’intérieur et le préfet de police sont mis en cause par les syndicats de police.
Si Macron veut sortir de la crise politique, il doit d’urgence décréter un moratoire sur la hausse des taxes sur les carburants. C’est le préalable pour renouer le dialogue et inventer une transition écologique non punitive.
Omniprésent dans les médias depuis l’apparition du mouvement des « gilets jaunes », Nicolas Dupont-Aignan espère tirer parti d’une fronde pour laquelle il se sent, lui qui a combattu les sociétés d’autoroutes et bataillé « pour les automobilistes », le leader le plus légitime. Reportage à Bordeaux, où ses troupes ont été aux avant-postes des blocages.
Les écologistes ont désigné leurs chefs de file pour la campagne des européennes. Il s'agit de deux eurodéputés originaires d’Allemagne et des Pays-Bas, où l’écologie cartonne dans les urnes. Dans le sud et l’est de l’Europe, la situation des Verts est bien plus difficile.
Sur l’île de La Réunion, le blocage et les émeutes constituent le symptôme éruptif d’un malaise profond : l’outre-mer français dans son ensemble fait face à des crises commerciales, écologiques et identitaires, auxquelles doit aussi se préparer l’Hexagone.
Les « gilets jaunes » ont de nouveau manifesté partout en France samedi. À Paris, des milliers de personnes ont passé la journée sur les Champs-Élysées ou dans les rues adjacentes, construisant des barricades et se heurtant aux forces de l’ordre. Un public très hétéroclite réuni sous un mot d’ordre commun : « Macron démission ».
La révolte antifiscale partie du Lot en 1953, sous sa gangue fascisante, comporte des signes émancipateurs. Petit retour. Sans éblouissement illusoire mais sans ce défaitisme intériorisé sur lequel tablent les dominants.
Dans l’Eure, péages d’autoroute et gros ronds-points demeurent bloqués tout ou partie de la journée. Le prix des carburants est oublié. Ouvriers, retraités, intérimaires, artisans, jeunes et vieux disent tous la même chose : une vie de galère avec des revenus de misère et des injustices qu’ils ne veulent plus supporter.
Si la plupart des centrales syndicales se bouchent le nez à l’évocation des « gilets jaunes », localement, des militants franchissent le pas au nom de l’urgence sociale. La fracture reste néanmoins vive, à cause principalement des incidents racistes et de certaines revendications anti-impôts.
Alors que le mouvement des « gilets jaunes » se poursuit, l’exécutif peine à trouver une réponse politique qui lui permette de calmer la mobilisation sans dévier du fameux « cap » fixé par Emmanuel Macron. Dans la majorité, des voix s’inquiètent du manque de souplesse du gouvernement.
Selon le rapport annuel de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), les concentrations de gaz à effet de serre ont atteint un niveau « jamais vu depuis 3 millions d’années ». L’activité humaine en est en très grande partie responsable.
En vidéo, récits et premières clés d’analyse du mouvement des «gilets jaunes», avec l’économiste Lucas Chancel, notre journaliste Mathilde Goanec, le photo-documentariste Vincent Jarousseau et l’habitante du Blanc (Indre) Judith Cartier, qui se bat pour sauvegarder la maternité.
Dans le centre-ville, les infirmières libérales et hospitalières manifestent contre le plan santé. Rive gauche, en périphérie d’agglomération, les gilets jaunes continuent d’occuper des ronds-points, dans la fumée des feux de palettes.