Le patron de LR a assuré qu’une alternative à la dissolution est possible, en reprenant les obsessions de l’extrême droite. Le RN continue quant à lui de réclamer la démission du président de la République. Et assure qu’il censurera tout nouveau gouvernement.
Quelques heures après la démission du gouvernement, le président de la République a accordé à Sébastien Lecornu deux jours supplémentaires pour mener d’« ultimes négociations » avec la droite et offrir un nouveau sursis à l’exécutif. Déjà, la dissolution de l’Assemblée nationale est dans tous les esprits.
Quatorze heures après l’annonce de la composition de son gouvernement, immédiatement critiqué et menacé d’implosion, le premier ministre Sébastien Lecornu a présenté lundi matin sa démission à Emmanuel Macron, qui l’a acceptée.
Pendant que Raphaël Glucksmann faisait sa rentrée à La Réole en réitérant son rejet de toute alliance avec La France insoumise, un collectif citoyen manifestait dans une commune voisine contre le Rassemblement national. Face à l’extrême droite qui convoite cette circonscription rurale gagnée par LFI en 2024, la demande d’unité à gauche n’a pas disparu.
Sourd à la censure de son gouvernement précédent, Emmanuel Macron a renommé une équipe quasi identique et rappelé Bruno Le Maire. Au-delà même d’une chute qui semble inéluctable, la crise politique prend une dimension nouvelle. Déjà, Bruno Retailleau et LR menacent de claquer la porte.
À La Réole, pour la rentrée de Place publique, Raphaël Glucksmann a reconnu « une rupture sur la forme » de la part de Sébastien Lecornu après son renoncement à l’usage du 49-3. Sur le fond, contre l’évidence du mur, il attend encore « des précisions » : «On ne peut pas aller à la censure en chantant », justifie-t-il.
Candidat aux municipales dans la commune des Alpes-Maritimes, le fils de Nicolas Sarkozy bénéficie du soutien et des conseils de plusieurs figures du parti Les Républicains sur la Côte d’Azur. Sur une ligne sécuritaire et identitaire, il chasse sur les terres du Rassemblement national, déjà très implanté à Menton.
Pour éviter une chute inéluctable, le premier ministre a annoncé qu’il renonçait à l’usage de l’article 49-3. Une première pour un gouvernement minoritaire et une manière habile de gagner quelques semaines. Les réactions perplexes des oppositions l’ont toutefois confirmé : la censure guette toujours.
Aux dernières législatives, plusieurs candidats RN se sont fait épingler pour des factures abusives de frais kilométriques. En consultant les comptes de campagne, Mediapart a découvert des situations étonnantes, comme des tournées de collage sans affiches ou des prestations facturées plusieurs fois.
Le renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale a permis à l’extrême droite de retrouver deux postes de vice-président, grâce aux voix des macronistes et de la droite. Une nouvelle illustration de la déliquescence du front républicain de l’été 2024.
Sébastien Lecornu devrait annoncer d’ici à mardi la composition de son gouvernement. En attendant, l’équipe de François Bayrou est encore en place, ne se contentant pas toujours d’expédier les affaires courantes. Une pente glissante du point de vue démocratique.
L’Insoumis Aymeric Caron, seul candidat au poste de président de cette commission controversée, dénonce un « détournement des institutions » après le report du vote – pour la seconde fois – sur demande du groupe Les Républicains.
Le maire de Fréjus et vice-président du RN était jugé mardi dans une affaire concernant les conditions de son élection à la présidence de deux sociétés d’économie mixte en 2017. Il est également visé, dans un autre dossier, par une enquête pour favoritisme sur l’attribution de marchés publics.
À la veille du renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale, l’élu du Bas-Rhin est l’un des rares membres du camp présidentiel à refuser de glisser un bulletin Rassemblement national dans l’urne. Le parti d’extrême droite pourrait décrocher deux vice-présidences grâce aux voix des macronistes.
Dans un livre édifiant, le sociologue Hugo Touzet pointe l’imbrication des instituts de sondage avec des médias dont les propriétaires revendiquent l’idéologie de l’extrême droite, et la part que prennent les « politologues » au cadrage droitier du débat public. Une résistible dérive, à condition d’enrayer cette mécanique.
L’ancien président de la République a été largement soutenu par son ancienne famille politique après sa condamnation. La droite traditionnelle, qu’il a méthodiquement détruite ces dernières années, ferait mieux de se souvenir de sa responsabilité dans la délégitimation de l’État de droit et la banalisation de l’extrême droite.