Plusieurs syndicats d’enseignants appellent à la grève ce 10 novembre, pour améliorer les mesures sanitaires. Les enseignants de collèges sont déterminés à obtenir la mise en place de demi-groupes comme dans les lycées. Pour ce faire, les professeurs ont rédigé eux-mêmes des protocoles.
Mediapart donne la parole à ces agents de l’Éducation nationale chargés depuis 2014 de répondre aux « atteintes à la laïcité ». Eux estiment parvenir à démêler les tensions. Parfois sous pression. « D’un côté, ils ont conservé l’idée que les litiges doivent se gérer avec pédagogie ; de l’autre, ils sont incités à remplir des fiches de signalement », analyse Françoise Lorcerie (CNRS).
Le protocole sanitaire « renforcé » dévoilé cette semaine prévoit des demi-groupes uniquement au lycée. Le ministre refuse pour l’heure d’étendre cette solution. Alors qu’une « grève sanitaire » est annoncée le 10 novembre, des professeurs exercent déjà leur droit de retrait.
Éducation et enseignement supérieur — Note de veille
Ce fut, lundi 2 novembre, une rentrée particulière. Dans toutes les écoles de France, un hommage a été rendu à Samuel Paty, le professeur d’histoire-géographie assassiné à Conflans-Sainte-Honorine le 16 octobre. Les revirements autour du déroulement de cette célébration ont été mal compris par une communauté éducative qui doit également faire face à la pandémie de Covid.
Des enseignants se souviennent pour Mediapart de leurs cours les plus délicats, sur la liberté d’expression, les guerres de religion ou la sexualité. Depuis la Seine-Saint-Denis ou le Tarn-et-Garonne, ils racontent dans le détail comment, face à des contestations, ils font classe. Plongée dans le cambouis pédagogique.
Quatre chercheuses, spécialistes de l’école et de l’enseignement de la laïcité, décrivent ce qu’elles constatent sur le terrain : des tensions parfois, mais qui prennent rarement de l’ampleur, et des profs peu formés face à des élèves qui se vivent stigmatisés.
Sociologue, Alice Simon a mené un projet sur la citoyenneté au collège du Bois d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine, où enseignait Samuel Paty. Elle évoque « un établissement assez ordinaire » où régnait un « climat plutôt apaisé ».
La décapitation de Samuel Paty crée l’émoi dans la communauté éducative. Si des difficultés existent avec certains élèves, « c’est très rare qu’on ne puisse pas enseigner », racontent toutefois les professeurs interrogés par Mediapart.
Christophe Prochasson, président de l’EHESS, était conseiller éducation à l’Élysée au moment des attentats de novembre 2015. Il estime aujourd’hui que les professeurs sont souvent « abandonnés » par l’institution.
Parmi les mesures concernant l’éducation dans son discours contre le séparatisme, Macron a annoncé que l’instruction serait désormais obligatoire au sein de l’école dès l’âge de 3 ans et que les contrôles seraient renforcés dans les écoles privées hors contrat. Inutile, jugent les acteurs du secteur.
Il y a un an, la directrice de l’école Méhul, à Pantin, mettait fin à ses jours, épuisée par le poids de ses tâches administratives. Une marche revendicative à sa mémoire a été organisée ce samedi et a réuni 500 personnes.
Depuis une semaine, des adolescentes revendiquent de s’habiller comme elles le souhaitent en classe. Interrogé, le ministre de l’éducation nationale a expliqué qu’il fallait venir « à l'école habillé d'une façon républicaine ».
Éducation et enseignement supérieur — Note de veille
Depuis la rentrée, des incohérences sont pointées çà et là par les enseignants et les syndicats. Les procédures en cas de suspicion ou de contamination avérée au Covid ne sont pas toujours limpides. Les personnels ne se sentent pas assez protégés ni en sécurité.
Le chef de l’État veut renouer avec l’égalité des chances. Dans son discours de Clermont-Ferrand, il a dit vouloir « retrouver la sève du mérite ». Or cette notion a été déconstruite par les chercheurs, qui la jugent peu pertinente et trop individualisante.
Une semaine après la rentrée scolaire, les enseignants doivent aider leurs élèves à reprendre pied après six mois chamboulés mais regrettent qu'il n'y ait pas eu de moyens supplémentaires mobilisés pour empêcher le décrochage des plus fragiles.
En ce jour de rentrée scolaire, 5,7 millions de collégiens et de lycéens ont dû porter le masque toute la journée. Plusieurs acteurs des mondes éducatif et politique se prononcent pour la gratuité de cette protection au nom de l’intérêt public. Hors de question, dit l’exécutif.