Un million et demi d’élèves, sur un total 6,7 millions, retrouvent l’école primaire après huit semaines d’interruption. Le retour est progressif et les petits effectifs permettent le respect des gestes barrières. Une enseignante, une directrice d’école et une Atsem racontent cette rentrée.
Après deux mois de confinement et d’enseignement à distance, une partie des enfants va retourner en classe. Les règles de sécurité sanitaire établies sont strictes mais cela ne suffit pas à rassurer certains parents. D’autres ont envie de tenter un retour.
Le retour à l’école est prévu pour une partie des élèves le 11 mai. Interrogées par Mediapart, deux directrices d’école racontent les conditions drastiques qu’elles doivent mettre en place et font part de leur inquiétude concernant les plus en difficulté scolaire.
Alors que leur utilisation a explosé avec le confinement, les outils numériques auxquels ont recours les établissements scolaires ne sont pas gérés directement par l’éducation nationale. Une dépendance problématique qui risque de faire le jeu des Gafam.
La France travaille encore sur la rentrée progressive des élèves dans ses classes. Parmi ses voisins européens, les stratégies divergent. Illustration avec l’Italie, où les écoles restent fermées, la Belgique, où cela dépend des communautés linguistiques, et l’Autriche qui déconfine prudemment.
Le ministère de l'éducation a conçu un projet de protocole sanitaire en vue de la reprise de la classe. Les enseignants notamment devront faire cours avec un masque.
Même après le discours d’Édouard Philippe, les modalités de réouverture des écoles à compter du 11 mai présentent de nombreuses inconnues. Les organisations syndicales réclament des garanties sanitaires strictes.
Les étudiants infirmiers, en stage en pleine épidémie, sont affectés dans différents services, parfois en unité Covid. Ils sont indemnisés au maximun 50 euros par semaine. Une prime leur a été promise. Ils travaillent dans des conditions stressantes, parfois dangereuses, et les dénoncent.
Emmanuel Macron a annoncé la réouverture des établissements scolaires « à partir du 11 mai ». Officiellement pour ne pas creuser les inégalités. Mais nombre d’enseignants et d’organisations syndicales restent sceptiques et attendent des garanties. Certains menacent déjà d’user de leur droit de retrait.
En raison des incertitudes dues à l’épidémie de Covid-19, le baccalauréat, le brevet, les BEP, CAP, BTS seront validés cette année à partir des notes du livret scolaire. Seul l’oral de français des premières est maintenu.
Le sociologue Bernard Lahire, professeur de sociologie et auteur du très remarqué Enfances de classe – De l’inégalité parmi les enfants, décrypte pour Mediapart les risques de l’école à la maison pour les plus fragiles.
La « continuité pédagogique » voulue par le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer suscite de plus en plus de critiques. De nombreux parents, notamment dans les familles modestes, se sentent dépassés. Témoignages de parents qui galèrent.
De nombreux étudiants ont choisi de rentrer chez leurs parents, d’autres n’en ont pas eu la possibilité ou ont choisi de ne pas le faire. Dans les résidences universitaires, seuls 25 à 40 % des étudiants sont restés. Et pour ceux-là, le confinement est difficile dans quelques mètres carrés exigus et oppressants.
Près de 20 000 enseignants se relaient pour accueillir quelque 30 000 enfants d’infirmiers, de médecins ou autres personnels de santé mobilisés dans les hôpitaux pour lutter contre le Covid-19. Inquiets, sans protection, ils ont quand même choisi d’aller dans les écoles.
Au premier jour de fermeture des établissements scolaires, lundi, il a été difficile de se connecter à plusieurs serveurs, sur toutes les plateformes disponibles. Certains s’inquiètent aussi de la fracture numérique.
Le ministre de l’éducation nationale assurait qu’une fermeture des établissements scolaires n’était pas d’actualité. Dès lundi « et jusqu’à nouvel ordre », écoliers, collégiens, lycéens et étudiants resteront chez eux, a annoncé le président de la République.